Auparavant connu sous le nom de
Samhain entre 1984 et 1986,
Deathrow est un groupe provenant de Düsseldorf officiant dans un Thrash teuton plus ou moins technique au fur et à mesure de leur carrière, pourtant écourtée au début des années 90. Le combo allemand nous livre ainsi une première galette sous le label Noise International (
Kreator,
Celtic Frost,
Coroner) en 1986, année particulièrement féconde pour le Thrash. A noter également que l'on peut trouver des versions de l'album où le titre et l'artwork ont été changé (pour celui de
Riders Of Doom, avec l'illustration des cavaliers), notamment pour l'édition vinyle américaine et différentes autres rééditions.
Après une intro riche en suspense, le groupe passe à l'attaque avec un Thrash rapide et fulgurant ponctué d'hammer-on et de pull-off permettant ainsi aux riffs de claquer dans les cages à miel de l'auditeur. Les envolées sont rapides et nous sommes littéralement invités à suivre le galop endiablé des
Riders Of Doom. Rares sont les moments où l'on calme le jeu. Les riffs s'enchaînent et les avalanches de notes lors des solos appuyés par une batterie au son massif s'alternent sans répit. Les différents refrains des titres proposés sont également accrocheurs et empreints d'un léger côté épique donnant force aux "
Satan's
Gift", "
Riders Of Doom", et autres "
Spider Attack".
Pour autant, le premier CD de
Deathrow souffre d'un jeu qui reste malgré tout très conventionnel, bien qu'exécuté avec brio. Les solos restent assez voire trop calibrés dans l'ensemble (nombreux passages de tapping sur trois notes, soli parfois inconsistants et sans véritable âme), certains morceaux peinent à se démarquer des autres ("
Violent Omen", "
Dark Tales") et le combo souffre immanquablement de points de comparaisons avec d'autres formations ayant déjà proposé un travail similaire mieux exécuté (
Kreator,
Slayer).
Satan's
Gift reste enfin marqué par un petit côté NWOBHM qui ne permet pas au groupe de se défaire d'un Thrash typé début des années 80, alors qu'à l'inverse d'autres formations de l'époque franchissaient complètement cette étape en cette année 1986 en sortant des sentiers battus. Cela se ressent notamment sur la structure de certains riffs, et sur la voix du chanteur qui manque au passage d'un brin de charisme.
Le premier effort de
Deathrow se révèle donc solide et particulièrement efficace dès la première écoute. Nous sommes confrontés à un Thrash de qualité qui remplit dûment son contrat, et cette formation a le mérite de proposer un LP convaincant. C'est pourtant cet aspect à la fois conventionnel et générique que l'on reprochera lors de lectures plus attentives : il s'agit d'un disque de bonne facture, mais nous sommes clairement en terrain connu (ce qui est assez dommage encore une fois, comparé à certaines sorties de l'époque). Le paradoxe résidant pourtant dans l'idée que l'on reprochera parfois au groupe deux ans plus tard, lors de la sortie de
Deception Ignored, d'être justement trop hors de contrôle...
14/20.
Perso, j'ai toujours eu un peu de mal avec cet album, coincé entre le style que pratiquait Slayer à l'époque et le Thrash bourrin de Death Angel qui ne m'a jamais tellement emballé – sans parler de certains plans piqués tels quels à droite et à gauche ("For Whom The Bell Tolls" de qui-vous-savez en intro, mais pas que…) et qui n'ont pas aidé à la crédibilité de Deathrow à mes zoreilles. Il faudra quand même que je me penche un jour ou l'autre sur son successeur, qui patiente à l'heure qu'il est sur mes étagères en attente d'un futur déballage.
Sinon, pour clore le débat sur l'illustration et le titre originaux de cet album, il n'y a en réalité aucun doute : comme en attestent de nombreuses interviews du groupe, le titre original est bien "Riders of Doom" et l'illustration celle représentant les quatre cavaliers morts-vivants, réalisée par le peintre Philip Lawvere (à qui l'on doit également les couvertures des premiers Kreator ou du EP "Emperor's Return" de Celtic Frost, et qui s'est dernièrement brouillé avec tout ce petit monde pour des raisons de droits d'auteur non payés ; mais je m'égare…).
Je vous livre d'ailleurs ci-dessous les propos du guitariste Sven Flugge, parus à l'époque dans Metal Forces, à propos des changements opérés sur le titre et la pochette par Noise pour le marché américain :
"For a start we hate this new cover they're using - it's fucking shit! We are *not* a black metal band. We sent the cover back to Noise but Karl (Walterbach, owner of Noise) told us it was already pressed and we could not change it. We're really not pleased because it gives the wrong impression of us."
“Que ce soit clair, nous détestons la nouvelle pochette qu'ils utilisent - c'est de la merde ! Nous ne sommes PAS un groupe de Black Metal. Nous avons renvoyé la couverture à Noise, mais Karl (Walterbach, propriétaire de Noise) nous a répondu qu'elle était déjà imprimée et qu'on ne pouvait plus la changer. Nous ne sommes vraiment pas satisfaits car ça donne une fausse image de ce que nous sommes."
Il n'y a donc pas eu de "censure" de l'espèce de démon moche pour le marché américain, bien au contraire : ce changement est une initiative du label, qui a pensé qu'un thème "satanique" aurait plus d'impact que le visuel européen, sans doute jugé trop sobre et trop classique pour les kids US.
Et je vais donc de ce pas (essayer d') éditer la fiche de l'album ! ;)
Merci pour la kro ! :)
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