Qui se proclame fan inconditionnel de hard rock, s’avère avoir bon goût et prend quasi quotidiennement des nouvelles de ses groupes favoris aura relevé en cette période estivale deux informations majeures à propos du mythique combo
Skid Row. La première en date du 15 août dernier concerne la sortie houleuse sur le réseau social Facebook de l’ancien batteur (2000-2004) désormais magnat du reality porn Phil Varone via laquelle il insulta violemment ses ex-bandmates en retour des jugements portés par ces derniers sur son lifestyle durant ses années
Skid Row fait de sexe extrême et de drogues dures comme exposé dans son documentaire autobiographique « Waking Up
Dead » de 2007. Entre autres, l’ex-
Saigon Kick se moque de la microscopicité de l’appareil génital du pour le coup mal surnommé Dave « The
Snake » Sabo, de la petite taille sans talonnettes (1m72) de Rachel Bolan surnommé pour l’occasion ‘
Napoleon’ sans omettre de qualifier l’ex-chartbuster du New Jersey de vulgaire tribute band jouant devant 6 personnes par soir et gratifiant ponctuellement l’industrie du disque de superbes dessous-de-tasse. La seconde information concerne la récente sortie du nouvel EP de
Skid Row « Rise of the
Damnation Army –
United Word
Rebellion : Chapter 2 » attendu de pied ferme par une horde de fans ayant découvert ou redécouvert le groupe avec le 1er volet d’un diptyque à la gloire d’une rébellion mondiale et unifiée.
Combo de légende du hard rock américain formé en 1986 à Toms River NJ et ayant trusté le haut du panier entre 1989 et 1992 avec un line up mythique emmené par le flamboyant
Sebastian Bach et deux disques d’anthologie que sont l’éponyme «
Skid Row » et «
Slave to the Grind »,
Skid Row ressuscite en 1999 autour du noyau dur Rachel Bolan (basse) et Scotti Hill/Dave « The
Snake » Sabo (guitares) auquel se greffe le chanteur de country texan Johnny Solinger et le batteur Charlie Mills. Mills finalement remplacé par le fameux Phil Varone car jugé incompétent par le cerveau Bolan,
Skid Row embarque outre-atlantique sur le
Kiss Farewell Tour en 2000 en compagnie de
Ted Nugent ; occasion de choix lui permettant notamment d’essayer de légitimer la présence de Solinger derrière le microphone. Finalement relégué au rang de gloire has been du hard rock américain car peinant à faire oublier le charismatique
Sebastian Bach auprès du public malgré tout le talent et l’enthousiasme de Johnny Solinger,
Skid Row sort en 2003 l’album du retour «
Thickskin » suivi trois ans plus tard de «
Revolutions per Minute » ; full lengths relativement inégaux objets d’un succès confidentiel. Nouvel essai en avril 2013 avec l’EP «
United World
Rebellion – Chapter One » sorti en Europe chez UDR Music et couronné d’une critique globalement positive lui permettant de gagner en visibilité notamment sur le Vieux
Continent, format court suivi début août 2014 d’un second volet enregistré au Cock of the Walk Studio de Kennesaw GA dénommé « Rise of the
Damnation Army –
United World
Rebellion : Chapter 2 ».
Franchement, qui s’attendait à un retour de
Skid Row de la trempe du percutant et fédérateur «
United World
Rebellion – Chapter One » au printemps 2013 ? Certes
Skid Row est et restera un groupe mythique et donc inoubliable dans le cœur des fanatiques de rock dur de la bonne époque, mais avouez que peu auraient parié sur une viabilité actuelle et constructive du quintette hard rock de la côte est qui continue de tracer contre vents et marées son difficile bonhomme de chemin, à des années-lumière de la surexposition MTV, des trips hotels/venues ; venues/hotels en limousine et des arenas et stadiums bondés de jadis quand les héros working class du
Garden State partageaient l’affiche et explosaient tout sur scène avec les mastodontes
Bon Jovi, Mötley Crüe,
Aerosmith et autres Guns N’ Roses. Aujourd’hui fatidiquement cantonné aux clubs de banlieue ainsi qu’aux paires d’esgourdes des seuls passionnés lui vouant encore un culte sans bornes, l’authentique
Skid Row vit au présent en envoyant poliment déféquer les nombreuses sollicitations d’une ultime réunion avec le fils prodigue
Sebastian Bach ; projet bancal ne pouvant logiquement s’inscrire dans une quelconque réalité pour toute âme honnête ayant récemment vu à l’œuvre les deux entités en live. A l’instar de son prédécesseur, « Rise of the
Damnation Army –
United World
Rebellion : Chapter 2 » entame son sujet avec puissance et détermination via l’accrocheur et particulièrement vitaminé « We Are the Damned » révélant un gros son relativement granuleux à mille lieux des prods lisses et léchées faisant loi de nos jours. Marqué d’un refrain efficace sans parler de deux soli jouissifs et brillamment consécutifs dans le plus pur style Hill/Sabo, le titre constitue une profession de foi pleine de rage légitimant le désir de renverser l’ordre établi et de combattre les aberrations du monde moderne propre à tout individu doté d’un minimum d’état d’âme et d’esprit de justice, si cela existe encore.
Dans une veine punkisante assumée trahissant l’éternel intérêt pour le genre du bassiste/leader Rachel Bolan, l’énergique mais peut être trop basique « Give It the Gun » confirme une fois de plus la vision musicale pluridimensionnelle historique de
Skid Row, oscillant au gré des envies et inspirations de ses compositeurs entre le hard rock, le punk et le heavy metal ; ingrédients magiques et complémentaires ayant enfanté hier et même plus récemment les plus grosses bombes du combo.
Plus proche du style que l’on aime le plus chez les motherfuckers de Toms River, le brûlot hard rock/métallisant efficace et non moins énervé «
Damnation Army » reprend le propos rebelle et souverainiste du morceau introductif de l’EP, rappelant même la fureur du terrible « Let’s Go » sur le très bon premier volet du dyptique «
United World
Rebellion ». Cependant, là où «
United World
Rebellion – Chapter One » soufflait l’auditeur de par son caractère qualitatif inattendu, brut et sauvagement efficace, « Rise of the
Damnation Army – UWR : Chapter 2 » tend à pêcher dans son unité et sa cohérence au travers la présence dans son tracklisting de deux titres assez en deçà des autres pièces formant le core de l’EP : la ballade « Catch You
Fall » globalement prévisible et peu convaincante à mille lieux de la touchante et magnifiquement subtile « This is Killing Me » du premier volet tout d’abord et «
Zero Day » ensuite ; épilogue mid tempo plutôt dispensable du support parvenant difficilement à attirer l’attention de l’auditeur via une construction générale trop banale pour
Skid Row et un chant de Solinger incompréhensiblement maniéré. Un comble pour un format court censé capitaliser sur l’efficacité ! A noter enfin la présence aussi anecdotique que dispensable des reprises de « Sheer
Heart Attack » de Queen et de «
Rats in the Cellar » d’
Aerosmith en bonus tracks sur toutes les versions de ce « Rise of the
Damnation Army » en demi-teinte avouons-le par rapport à son vertueux prédécesseur.
Alors qu’un «
United World
Rebellion – Chapter One » sorti de nulle part prenait l’année dernière le monde à la gorge dans ses griffes d’acier avec de puissants hymnes fédérateurs pratiquement dignes de la grande époque et ayant ramené dans son giron nombre de fans de
Skid Row qui n’y croyaient plus, « Rise of the
Damnation Army –
United World
Rebellion : Chapter 2 » offre un concept identique en proposant à l’auditeur cinq titres dont une ballade articulés autour du thème de la rébellion mondiale et unifiée. Cependant, là où le premier volet effectuait un quasi sans-faute inattendu, son successeur s’avère souffrir d’un manque de cohérence relatif notamment à cause de l’entremêlement de morceaux plus ou moins intéressants dans son tracklisting ; constat ne devant cependant faire aucun outrage aux quelques titres efficaces et officiant dans la plus pure tradition de ce groupe mythique qu’est
Skid Row. Doté d’un gros son fait maison signé Bolan et Sabo, « Rise of the
Damnation Army » mérite néanmoins le coup d’oreille de la part de tout fan de
Skid Row qui se respecte.
Skid Row n’est pas mort, n’en déplaise à Phil Varone !
Cependant, c'est un des principes sur SoM car cela permet de voir si le disque est bon ou pas en un coup d'oeil.
Ce principe est également adopté par RockHard et la quasi totalité des magazines internationaux (avec différent types de notation).
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