Si le concept album est déjà un bien audacieux projet, le présenter sous forme d'un diptyque demande une bonne réserve d'idées permettant de justifier ce choix.
Solefald, qui il y a peu de temps encore n'était connu que par une toute petite élite (dont je ne faisais pas partie), a décidé de tenter l'expérience. Instrumentations surprenantes, voix variées, riffs bien entendu, histoire typiquement nordique : sur le papier, on peut dire que tout y est. Mais voyons comment tous ces éléments résistent à l'épreuve de l'étalement sur deux albums.
Le destin cruel du héros, un barde (comme l'explique leclavierlugubre dans sa chronique) peut donc se mettre en marche. Sun I Call débarque avec sa démarche progressive (le même thème repris à la chaîne, auquel s'ajoutent chaque fois des voix ou des instruments différents) ponctuée de nappes de violons et de touches de saxophone, un instrument si rare et qui pourtant apporte tant à une chanson (il y a ici un bon lot d'émotions et le saxophone y est pour beaucoup, les musiciens ont en plus la bonne idée de nous en offrir un solo juste avant la montée en puissance finale du morceau).
Red For
Fire, première partie de la saga, est bien lancé.
Les deux chansons suivantes ne laisseront pas la tension retomber.
Survival Of The Outlaw enchaîne de suite sur un rythme death-black, toujours accompagné de violons et finissant sur un fantastique passage mélodique et épique, suivi de Where Birds Have
Never Been, titre le plus black de l'album, classique mais les orchestrations sont bien placées, donnent un aspect inquiétant. Il faudrait que tout cela dure, malheureusement la suite fait place à quelques égarements...
Il y a encore du bon (Bragi, White
Frost* Queen - à laquelle s'additionne la voix cristalline d'Aggie
Frost* Petersen - , deux chansons calmes mais envoûtantes) voire du très bon (Crater Of The Valkyries qui, du haut de ses huit minutes passées, demande plusieurs écoutes pour être apprécié à sa juste valeur). Mais on s'ennuie vite aussi avec There Is
Need dont le riff répété à tue-tête finit par énerver, Prayer Of A Son, poème peu utile sur fond instrumental (cet aspect du concept est mieux géré par la suite, sur l'album Black For
Death), et Sea I Called qui reprend exactement le même thème que Sun I Call (thème qu'ils avaient déjà suggéré une seconde fois à la fin de There Is
Need!), ce qui enlève un peu du sublime qu'il peut avoir à la première écoute.
Il y a donc certaines longueurs, des répétitions et autres reprises de thèmes qui, sans tout gâcher, n'apportent strictement rien. La première moitié du cd est tout de même bien ficelée (quel euphémisme), et on est en droit d'attendre de Black For
Death un album qui conclura la saga avec la même classe.
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