Ils avaient rendez-vous avec l’histoire. Pendant des dizaines d’années le lien semblait rompu, probablement à jamais, entre les différentes parties. Chacun faisant sa vie de son côté, souvent avec succès, non sans écorner gentiment les autres aux détours de questions journalistiques ayant souvent pour but de mettre en exergue les vieilles rancœurs.
Helloween avait un passé.
Gamma Ray existait selon les envies de Kai Hansen.
Michael Kiske voguait entre des albums solo sympathiques mais sans envergure tout en jouant les invités de luxe avec son ancien compère ou régulièrement avec Tobias Sammet que beaucoup ont évoqué comme son fils spirituel. Bref, chacun vivait sa vie.
Unisonic fut pour les fans un moyen de retrouver un projet complet entre Kai et « Michi » mais il fut évident rapidement que le maitre à bord était Denis Ward et qu’il s’agirait d’un hard FM mâtiné de
Power plutôt qu’une suite aux "Keeper", rendant le soufflé beaucoup plus plat et surtout la sensation d’une légère tromperie sur la marchandise.
Puis arriva ce Hellfest 2013 où
Avantasia et
Helloween jouent sur la même scène, l’un après l’autre. Kiske revoie après toutes ces années (non sans appréhension, comme il le décrit dans le livre dédié au Hellfest) Michael Weikath et Tobi voit, sous ses yeux, les prémices d’une reformation voir le jour. "
Pumpkins United" fut le premier pas en ce sens, suivi d’une tournée légendaire à 7, avec tous les membres d’origines ainsi que Dani Löble et Sascha Gerstner (lui qui compose beaucoup depuis son arrivée sur "
Rabbit Don’t Come Easy" en 2003). L’idée d’un album complet était séduisante, casse-gueule et en même temps incertaine … difficile de tenir autant d’égos, de compositeurs et d’envies dans la même pièce. Et pourtant le voici. Un album éponyme, comme un rappel du premier ep de 1985, avec un artwork absolument magnifique et une pléthore d’éditions limitées en tous genres pour fêter dignement ce retour venu de nulle part.
Musicalement, est-ce une réussite ?
J’entends les âmes chagrines qui n’attendaient que deux choses : la suite des "Keeper of the
Seven Keys" et de voir un album composé uniquement par Hansen (un
Gamma Ray donc avec Kiske au chant). Et bien non, rien de tout ça. Chacun a composé, on se retrouve avec un opus dans la lignée du
Helloween de ces 25 dernières années (quand même), avec différents formats de morceaux et une esthétique bien différente quand le compositeur est Deris, Hansen, Weikath ou Gerstner.
Côté sonore, le groupe a utilisé plusieurs studios et l'album a été produit par Charlie Bauerfeind (l’habitué) et Denis Ward (qui a produit
Unisonic et de nombreux autres) avec une participation de Eike Freese (
Dark Age, guitariste et producteur de l’album solo de Hansen), le tout majoritairement en analogique et avec du vieux matériel (l’intégralité de la batterie a été enregistré avec un ancien kit de Ingo Schwichtenberg). Un rendu assez rond et dynamique, beaucoup moins moderne que ce que
Helloween propose depuis le début des années 2000. Moins impactant mais plus humain en somme, voici le pari de ce disque.
Un disque qui débute sur un long titre avec "
Out for the
Glory" qui fait la part belle à un
Michael Kiske toujours aussi impérial au chant. Façonné par Weikath, le titre a ce qu’il faut d’épique pour instaurer une ambiance tout en conservant un caractère assimilable et taillé pour le live. Speed et efficace, il place des instants plus agressifs où Kai Hansen se fait le plaisir de hurler comme il sait si bien le faire (surtout sur sa seconde intervention), avant une déferlante de soli comme nous étions en droit de nous y attendre avec trois guitaristes de ce niveau. Parfaite entrée en matière, plutôt mélodique et empreinte d’un caractère très 80s, qui n’aurait pas totalement incohérent dans le second volet de notre gardien préféré. "
Fear of the Fallen" en revanche, nous replace directement dans les années 2000. L’aura de Deris (le compositeur du titre) est évidente, les trois chanteurs sont là mais c’est bien le blond qui tire les ficelles avec un riff sec dans sa grande tradition, avec un format plus court et surtout une mise en avant du chant au profit des guitares. On ressent une plus grande agressivité et modernité dans ce type de riffs un peu syncopés et tous les arrangements qui en découle. Surtout, on s’aperçoit que, sans réinventer la poudre, l’alliance de Kiske et Deris se fait à merveille même sur des titres qui ne sont probablement pas pensé pour lui initialement (ce titre aurait pu exister sur les albums précédents), preuve que chacun a vraiment travailler ensemble et que, une fois les squelettes créés, tous les membres ont apporté leur eau au moulin pour personnifier toutes les compositions.
Ainsi, si on peut avec un peu de connaissance de chaque album retrouver facilement qui a écrit quoi ("
Mass Pollution" sent bon le Deris époque "
7 Sinners" avec son break bien agressif, tandis que "Cyanide" aurait pu apparaître sur "The
Legacy"),
Helloween ne sonne pas comme un patchwork imparfait de toutes les époques mais bien comme l’album d’un groupe qui travaille ensemble pour la première fois ensemble. On sent une certaine légèreté, une positivité alors que nous pouvions craindre une compétition entre ces fortes têtes. Comment ne pas tomber amoureux d’un "
Best Time", écrit par Sascha, qui en plus de balancer un refrain imparable digne d’un classique, chante simplement le bonheur de l’instant présent comme une évidence avec l’histoire du groupe (Kai qui chante « Yesterday is History, Tomorrow is a
Mystery »).
On pense aussi à l’efficace "Rise without Chains" (Deris / Hansen) au solo nous ramenant 30 ans en arrière ou encore au très happy "Indestructible" de l’indéfectible Markus Grosskopf. Dans tout cela, probablement que "Angels" où Michi se la joue un peu crooner sent le remplissage, tout comme un "
Down in the Dumps" dispensable qui aurait facilement pu être remplacé par un "Golden Times" (bonus de l’édition limitée) beaucoup plus speed et façon rouleau compresseur comme Sascha sait si bien les composer.
Néanmoins, l’intérêt de la fin de l’album provient forcément de ce morceau de bravoure qu’est "
Skyfall". Déjà présenté au printemps dans plusieurs formats (edit ou longue), elle se pare cette fois-ci de certaines différences vocales que les fans aimeront creuser (notamment un passage cette fois chanté par Andy qui allait pourtant parfaitement au timbre très agressif de Kai, tandis que le premier couplet est intégralement chanté par Kiske alors qu’il était partagé entre les trois sur la version alternative du vinyle). Mais quel titre ! On reconnaît forcément la patte de Hansen, sa faculté à balancer des riffs destructeurs tout en racontant une histoire sur presque 15 minutes (si on ajoute l’intro "Orbit"). Tout y est parfait, trace des ponts entre le vieux
Helloween et
Gamma Ray (ces derniers mots « Somewhere
Out in Space » chanté en fade out par Kai à la fin du titre …) et puis il y a ce magnifique final de deux minutes, montant en puissance et permettant aux trois vocalistes de se donner la réplique avec une théâtralité à couper le souffle (j’imagine déjà la magie en live). Dani apporte une énorme dynamique à ce passage, les soli pleuvent derrière et les trois chanteurs s’en donnent à cœur joie pour un moment déjà marquant de la carrière de
Helloween.
Helloween a, avec ce disque, le poids d’une énorme attente sur les épaules. L’album se révèle réussi, probablement moins ambitieux que ce que certains pouvaient attendre mais plus proche de la réalité du groupe actuel. Les deux hommes de retour n’ont pas cherché à vampiriser l’attention sur leur retour mais bien de s’intégrer dans un collectif huilé et n’ayant plus bougé depuis plus de quinze ans. Il en résulte un disque homogène, varié, avec ses morceaux de bravoure et ses quelques faiblesses. Il est aussi la première expérience studio du groupe sous cette forme et le temps nous amènera probablement un second opus plus fort et ambitieux si les citrouilles continuent ainsi. En attendant, ne boudons pas notre plaisir de les voir revenir en tournée et d’avoir proposer un disque que tant de groupes aimeraient sortir après 35 ans de carrière. Comme dit le si bien Kiske ; « I
Will Have the
Best Time of my
Life ».
Hyper bof pour moi... la réunification n'aura pas été à la hauteur! Peu de frissons, souvent cul-cul, rien de nouveau, bref, assez fade comme c'est le cas depuis un moment avec Helloween qui est en roue libre depuis bien trop longtemps à mon sens. Seul 7 Sinners m'avait fait espérer un avenir plus radieux, que j'attends toujours. Heureusement que les lives sont là pour nous rappeler les bonnes années, Walls of Jericho en tête.
A la deuxième écoute , verdict sans appel : Encore une tuerie .
Acheté le jour de sa sortie, j'attendais beaucoup de cet album comme un phare dans la nuit en ces temps perfides.
Après moult écoutes et un peu de recul, j'en viens à la conclusion suivante : un disque oscillant entre le bon (Out For the Glory, Fear of the Fallen, Skyfall) et le médiocre (le reste), le résultat n'étant pas la hauteur de l'événement mais constituant un moment d'écoute passable. La force de l'album est de commencer sur les chapeaux de roue et de terminer en relative apothéose. Mais dans l'entre deux, c'est la bouteille de blended whisky de Lidl à 10 balles, le boudin dans le plumard, la traversée des États-Unis en Kymco Zing 125.
Pour ma part un début d'album encourageant et très percutant, un milieu des plus convenus (voire presque sans intérêt) heureusement sauvé par un final épique presque aussi bon que le Keeper of the Seven Key II. Bref une grande déception, reste à voir ce que cela va donner en concert.
Merci pour la chro, Jo !
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