Quatuor américain de Cleveland (Ohio),
Destructor a connu son heure de gloire en 1985 avec son premier album, le judicieusement nommé
Maximum Destruction (réédité deux fois en CD par Listenable en 1998 et 2014 pour ceux qui ne souhaitent pas se ruiner, ou qui ne disposeraient pas de platine vinyle). A mi-chemin entre
Exciter (pour le côté immédiat) et
Dark Angel (pour ses compositions effrénées),
Destructor sortit un album bien speed, à l'image de son année de sortie, fort apprécié en son temps. Le groupe n'ayant toutefois pas percé à l'âge d'or du speed/thrash malgré la qualité de son premier disque, il sortit deux sorties passées plutôt inaperçues en 2003 et 2007 (chez un petit label, Auburn records), puis refit parler de lui l'an dernier avec
Back in Bondage, sorti chez
Pure Steel Records.
Peu de thrashers ayant eu l'occasion de jeter une oreille sur ces réalisations (avis bienvenus, bien sûr), c'est donc avec une oreille assez curieuse que l'auditeur découvrira les bien nommés "Restore Chaos" et "Keep The
Faith" qui entament les hostilités. Les fans de Marty Mc Fly auront la bave aux lèvres : rien n'a changé véritablement chez
Destructor. Riffs tout droit sortis d'un vortex mid-eighties (et encore, on ne dépasse guère 1985), voix légèrement rocailleuse de Dave
Overkill, refrains enjoués, soli courts du petit nouveau Nick
Annihilator (allez vous y retrouver là-dedans, avec ces noms), et refrains faciles à retenir. Les mises en place acérées ("
Metal Spike Deep", "
Metal Till Death") jouent ainsi avec les rythmes du toujours véloce batteur Matt Flammable, donnant à ce
Decibel Casualties un côté désuet tout bonnement délicieux, sans abandonner le côté heavy dû à ses origines. Tout ceci pourra rappeler le retour gagnant d'
Hirax (flagrant sur "We Are Ready" ou sur le final "
In Hell"), et son
Immortal Legacy sorti en 2014, groupe avec qui
Destructor partage l'affiche cet été, les vocalises recherchées de De LaPena et un peu de classe en moins.
Ainsi, et si la persévérance du duo d'origine est à louer, on n'atteint pas un niveau de composition susceptible à
Decibel Casualties de s'extraire réellement de la masse, sauf pour les aficionados de ces années-là (
Agent Steel rôde parfois) et les nostalgiques de
Maximum Destruction. Les rythmiques se répètent un peu, également, enlevant de l'impact aux compositions. Jouant sur la corde sensible,
Destructor se permet de nommer cet album comme sa démo de 1987 (disponible en bonus de la réédition de
Maximum Destruction de 2014), bouclant ainsi la boucle, peut-être pour conjurer le mauvais sort d'il y a trente ans. Que ce soit l'instrumental de bon aloi ("Firey
Winds") ou les titres et refrains des morceaux (la palme du kitsch à "
Metal Till Death"), l'aspect nostalgique jouera indéniablement sur l'acquéreur de l'album.
En un peu plus de 35 minutes, et avec une pochette d'un goût toujours aussi discutable,
Decibel Casualties est droit dans ses bottes. Aficionados des riffs plombés des années 1983-1985, cet album renouvellera avec efficacité vos vieux
Raven ou Hallow's Eve et toute la clique speedmetal citée ci-dessus, charme désuet inclus et expérience en plus, avec un son naturel et adapté à la musique des Américains. Loin d'être médiocre,
Decibel Casualties se savoure comme un bon potage d'antan, agréable, rempli de souvenirs et de saveurs oubliées, mais nullement indispensable.
J'y jetterai mon oreille dès que j'aurai récupéré l'autre. Merci pour cette chro Moustrueuse!
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