Votum + Kingcrow @Paris La Boule Noire 04-03-2016

le Vendredi 04 Mars 2016, La Boule Noire

Ce n'est pas tous les soirs que les salles de concert parisiennes accueillent des groupes de progressif. On peut même dire que c'est un style qui se fait rare dans la capitale, qu'il soit joué par des gros ou des petits groupes. Aussi j'ai été surpris à l'annonce de cette date, étape d'une petite tournée européenne, réunissant deux groupes de metal prog peu connus par chez nous. En effet, si Votum et Kingcrow disposent d'une petite notoriété dans leurs contrées respectives (la Pologne et l'Italie), il leur reste encore à se faire connaître en dehors de leurs frontières. On notera qu'il s'agit du tout premier show français de Votum, et du second pour les Italiens, qui avaient déjà foulé les planches de cette même salle en 2013 avec l'excellent combo français Spheric Universe Experience.

La Boule Noire fait partie des nombreuses salles parisiennes du Nord de Paris, sur le boulevard de Pigalle, juste à côté de la célèbre Cigale et du superbe Divan du Monde. Je suis en revanche assez déconcerté en arrivant juste avant l'ouverture, et ne voyant qu'une file d'attente éparse devant l'entrée. D'autres groupes de prog sont capables de faire salle comble, alors peut-être qu'eux attirent moins, ou qu'il y a eu des faiblesses dans la communication. En tout cas, aucun risque de se marcher sur les pieds, nous ne devons pas être plus de vingt-cinq dans le public …

Kingcrow

Les Italiens se présentent alors à nous, au nombre de cinq puisque le claviériste Cristian n'a pas pu accompagner la tournée. C'est peut-être une bonne chose vu que la scène n'est tout de même pas très large ni profonde. Cette petite scène, Kingcrow en fait son atout, en se rapprochant du public et en l'utilisant à bon escient. Le vocaliste Diego Marchesi n'hésite pas à bouger de partout, accompagnant la musique de grand gestes magistraux, comme s'il vivait les mélodies de l'intérieur. Avec un son parfaitement limpide et de superbes éclairages bleutés, l'effet est saisissant. Cette gestuelle ressemble d'ailleurs curieusement à celle de Yann, chanteur de Klone, autre excellent groupe de scène.

Ses collègues ne sont pas en reste, même si moins démonstratifs : Ivan notamment, qui, en plus d'avoir la même coupe de cheveux que Joe Satriani est aussi impressionnant à la six-corde. Six-corde électrique qu'il n'hésite pas à laisser de côté au profit d'une version acoustique. Les frères Cafolla réalisent de même un excellent job, Diego à la guitare qui enchaînent aussi bien les ryhtmiques sèches que les leads mélodiques et Thundra à la batterie au groove presque jazzy.

On remarquera que pour un groupe ayant sorti déjà six albums, la setlist de ce soir se concentre uniquement sur les trois derniers efforts en date. Mais il y a plusieurs raisons valables à cela : ce sont les albums composés et enregistrés avec l'actuel vocaliste, de plus le groupe a opéré avec ces opus une rupture stylistique et artistique notable avec des thèmes forts et cohérents, et enfin (et c'est le plus important) c'est là qu'on trouve les meilleurs morceaux. Le dernier effort en date, Eidos, est bien représenté, notamment par le génial The Moth et le très bon titre de clôture Fading Out Part IV, sans oublier non plus l'excellent Morning Rain issu de l'opus précédent.

1. Intro
2. The Drowning Line
3. Right Before
4. The Moth
5. At the Same Pace
6. The Deeper Divide
7. If Only
8. This Ain't Another Love Song
9. Fading Out Pt III

Rappels
10. Morning Rain
11. Fading Out Pt IV

Votum (PL)

Les Polonais de Votum prennent alors la relève, après un changement de plateau relativement rapide. De toute manière, l'attente n'est pas désagréable dans cette salle, puisqu'elle dispose de bancs sur les côtés et le stand de merch n'est pas bien loin.

Des silhouettes au nombre de six se distinguent dans la fumée bleutée, les visages cachés, avant d'entamer doucement une mélodie instrumentale, lourde et sombre. Comme Kingcrow précédemment, Votum cherche à faire le lien entre la musique et l'atmosphère. Et y parvient très bien. Le metal prog sombre et torturé des Polonais est parfaitement mis en valeur avec leurs vêtements noirs et déchirés (le guitariste Piotr gardant tout le set une capuche), les faibles lumières et la dynamique froide des musiciens. Logiquement, le groupe est moins communicatif, mais le chanteur Bartosz prend néanmoins de temps en temps la parole pour nous dire leur plaisir d'être ici, en faisant abstraction de notre très faible nombre.

Votum est là ce soir pour nous présenter leur dernier album, sorti à peine une semaine auparavant, et nommé Ktonik. Le groupe a pris le parti de le jouer dans son intégralité, à l'exception d'un titre ; le pari est osé – on devine que peu d'entre nous l'ont écouté – mais permet aussi de créer la surprise et la découverte. Et ça marche plutôt bien. Les morceaux s'enchaînent sans accroc, souvent dans cette même veine très progressive et lorgnant vers un post-rock assez lourd. D'autres titres se font plus heavy, peut-être plus accessibles : ils sont issus des opus précédents, à l'instar du très bon Harvest Moon de 2013. Deux titres qui en sont tirés servent d'ailleurs pour les rappels, et conclure ainsi une bonne heure vingt de set.

On ne peut que saluer les performances des deux formations, qui ont su mener parfaitement le show sans être décontenancées par le faible public. Leur professionnalisme est remarquable, de même que les conditions dans lesquelles ils ont pu s'exercer ce soir. On espère que tout cela leur permettra d'amener plus de monde la prochaine fois.

1. Greed
2. Dead Ringer
3. Blackened Tree
4. Simulacra
5. Stranger than Fiction
6. Horizontal
7. Satellite
8. Last Word
9. Spiral
10. Vertical

Rappels
11. Bruises
12. Coda