Skull Fist + Evil Invaders + Thrashback + Existance @Éragny Covent Garden 15-05-2015

le Vendredi 15 Mai 2015, Covent Garden Studios



Existance

 Même si Paris est certainement de loin la ville qui accueille le plus de concerts metal en France, les fans de Heavy Metal à l'ancienne ont plutôt tendance à rester sur leur faim. Il y a bien quelques soirées heavy de temps en temps au Klub dans le premier arrondissement, mais peu de groupes de plus grande envergure, ou dans des plus grandes salles. C'est pourquoi lorsque j'ai entendu parler de la venue de Skull Fist et de trois autres groupes de Heavy/Thrash dans leurs bagages, en lointaine banlieue parisienne, j'ai de suite réservé ma soirée. Le lieu en question est le Covent Garden studio, à Éragny, qui fait à la fois studio de répétition, d'enregistrement, et salle de concert. Y sont d'ailleurs régulièrement programmés des groupes de tous styles de metal.

Le souci, c'est que Éragny, c'est pas tout près, je n'ai pas de moyens de transport direct, et de toute façon, à l'heure à laquelle le concert est supposé finir, il n'y a plus de transport du tout. Ni une, ni deux, j'enfourche mon vélo, d'abord pour rendre visite à une amie, puis pour me rendre au concert : j'arrive donc sur place après 3h de vélo pour une bonne cinquantaine de kilomètres, et un pneu crevé. Heureusement, il y a de quoi manger et boire sur place pour trois fois rien (et un bon choix de bières). Je salue au passage le guitariste d'Hevius, et je prépare l'appareil photo pour le premier groupe de la soirée.

Existance

Existance fait partie de ces quelques groupes de heavy metal français en pleine ascension, fortement influencés par leurs ainés – francophones ou pas – et aux côtés notamment de SentinHell ou Heavylution. Une nouvelle vague de jeunesse en quelque sorte. En ce qui concerne nos amis picards, ils ont débuté par une démo, puis un full-lenght plutôt correct, et enfin surtout un très bon deuxième album du nom de Steel Alive, qui commence à bien les faire connaître dans le circuit des petites salles. Autre caractéristique : le chanteur s'appelle Julian Izard. Izard … Izard … ça ne vous dit rien ? Y a-t-il des nostalgiques d'H-Bomb parmi nous ? Dans ce cas-là il ne vous aura pas échappé que Julian est le fils de Didier Izard, ancien chanteur des légendaires H-Bomb, qui avaient fait frémir le petit monde du heavy metal avec leur Coup de Metal puis Attaque au beau milieu des 80s. Existance serait donc une sorte de Heavy revival qui porte tout de même un certain héritage, et qui manifestement lui fait hommage.

Car sur scène, les picards s'évertuent aussi à reprendre les codes inhérents au Heavy tel qu'il se pratiquait il y a trente ans, et non sans réussite ! Dans la gestuelle, tout y passe : on joue de la guitare dans tous les sens, on colle la gratte contre l'ampli pour créer du feedback, on s'approche du public en faisant des grimaces, ou du photographe en faisant son ''plus beau'' sourire, on bouge de manière synchro … Dynamique, c'est le maître mot. Question costume, là aussi on est resté quelques dizaines d'années en arrière, avec les jeans serrés, la cartouchière et la veste en cuir. Si ça se trouve c'est les vêtements de papa !

Les compos, quasiment toutes sorties de Steel Alive sorti l'an dernier, sont taillées pour la scène, et vigoureusement défendues. Les musiciens sont tous bons dans leur domaine, et mention spéciale pour le guitariste chanteur Julian qui sait user de ses capacités vocales à tendances aiguës sans en abuser.

1. Legends Never Die
2. Black Viper
3. Steel Alive
4. Waverly Hills
5. Dead or Alive
6. From Hell

Thrashback

 On a commencé la soirée avec de l'old-school, alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pour ceux qui se demandent encore de quel style joue Thrashback, c'est comme le Port-Salut, c'est écrit dessus. ''Thrash'' et ''Back'' : difficile de faire plus explicite. Peut-être pour mieux situer le bousin, notez que Thrashback a été formé par trois anciens membres d'Evil One, groupe de Speed/Thrash cergyssois disposant d'une solide réputation dans la région, et séparé il y a quelques années. Speed (chant/batterie), Freddy (guitare/chœurs) et Le Gorg (basse/chœurs) ont depuis repris l'affaire sous un nouveau nom, avec de nouvelles compositions et déjà deux albums à leur actif, sortis chez Emanes Metal Records, le grand défenseur du Heavy/Thrash français.

Pour ce qui est de l'aspect live du groupe, là encore rien de nouveau sous le soleil. Ça joue vite, ça joue fort ; ''on ne fait pas dans la dentelle, mais on le fait bien''. Le batteur/chanteur (y'a que dans le Thrash qu'on voit ça !) dévoile un jeu carré et vif, tout en nous assaillant de sa voix écorchée, entre grognements et poussées aiguës. Les morceaux défilent rapidement, d'une part parce qu'ils sont très courts, et d'autre part car le groupe cherche à rattraper le retard prit au début, à cause de la guitare de Freddy qui faisait des siennes. Le groupe enchaîne les brûlots speed, jusqu'à ce qu'un spectateur crie ''Allez plus vite, on veut pas du Manowar !''. Et Le Gorg de répliquer ''il a raison, y'en a marre des ballades !''. La suite rappelle indifféremment Exodus, Anthrax, Destruction pour la version allemande, ou encore Death Angel qui passera dans l'été dans cette même salle. Si Freddy se fait un peu timide et que Speed peut difficilement bouger entre les fûts et le micro, le bassiste Le Gorg en revanche arpente la scène de long en large, nous laissant admirer sa chevelure par de violents headbanging. Thrashback c'est un groupe qui est au contact du public, aussi bien quand le public vient à eux (un mec bourré est monté faire le guignol sur la scène pour chaque groupe), que pour venir dans le public la basse à la main. Le public les aura d'ailleurs honorés de jolis pogos, mais qui seront à peu près les seuls de la soirée. Le set se conclue sur une reprise de United Forces de Stormtroopers of Death, pour ceux qui n'avaient pas encore compris le culte que voue Thrashback aux vieilleries.

Setlist sujette à des changements possibles :
1. Intro RIP
2. Endless War
3. Night of the Sacrifice
4. Thrashback
5. Wardance
6. Bombers
7. Hammer
8. Unleashed the Beast
9. Jack the Ripper
10. D.I.E
11. Thrashcrew
12. United Forces (S.O.D. Cover)

Evil Invaders

 Là non plus on ne va pas vous prendre en traître, Evil Invaders joue une musique au passéisme assumé et assuré, qui a tout pour figurer en bonne place dans la vague Heavy/Speed revival qui nous assaille depuis quelques années. Si les quelques menues démos sorties depuis la fondation du groupe n'ont rencontré que peu d'écho, la donne est bien en train de changer depuis la sortie en début d'année du premier album Pulse of Pleasures, chez le géant autrichien Napalm Records. Nos amis belges (flamands) sont ainsi doucement en train de conquérir l'Europe, ouvrant pour Skull Fist sur une série de dates, avant de faire la tournée des festivals d'été.

Les quatre gaillards prennent d'assaut la scène, dans leurs jeans moulants et armés de leurs grattes customisées. On peut bien sûr penser que le look n'a pas d'importance et que seule la musique ne compte, mais parfois il faut bien avouer que ça joue. En l'occurrence, le visage fou et les favoris en biais de Joe Anus (j'espère que c'est un pseudonyme) m'auront marqué, et auront permis des photos sympathiques (disponibles sur la droite de votre écran). De plus, pour maximiser l'effet de show, le groupe a eu recourt à quelques artifices, dont des ventilateurs soufflant vers leur visage et des générateurs de fumée.

Quant à la musique, pas de surprise, les belges nous délivrent le Heavy/Speed thrashisant qui avait tant plu sur album, synthèse d'un Judas Priest sous acide et d'un Agent Steel. Les incursions fréquentes dans les aigus de la part de Joe évoquent pour leur part John Gallagher, vocaliste du groupe Raven, issu de la NWOBHM. Je me doute bien que ces aigus récurrents doivent en agacer certains, probablement plus habitués au chant grogné du groupe précédent, mais personnellement, moi, j'adore. On note aussi quelques influences de la Vierge de Fer, pour le jeu des twin guitares, mais aussi pour l'attitude des guitaristes,qui semblent chercher la confrontation avec le public. Autant pour le jeu de scène que pour les compositions, les belges gagneraient à se démarquer de leurs influences parfois flagrantes, mais ils sont sur la bonne voie. De toute façon, encore une fois, et c'est valable pour tous les machins revival, si on aime les 80s alors on est servi. Sinon, autant passer son chemin.

Skull Fist

 Et pour terminer cette soirée, rien de mieux que du bon deathcore alternatif progressif … bah non qu'est-ce que vous croyez ? Old School un jour, old school toujours ! Puis Skull Fist est un groupe qui a commencé à faire son trou, et donc difficile de te prendre au piège, toi, auguste lecteur qui ne loupe rien de l'actualité Heavy Metal de la planète. D'ailleurs, depuis que le Heavy revival s'est imposé un peu partout, les contours de groupes à la renommée grandissante commencent à se dessiner. Paradoxe étrange que de devenir un grand groupe reconnu en s'étant fortement inspiré de grands groupes reconnus (Airbourne avait inauguré cela). Et parmi donc ces fleurons du ''à l'ancienne'' (en français dans le texte) on retrouve les fameux Enforcer, Steelwing, Katana, et donc les canadiens de Skull Fist. Ces derniers ont tout du groupe à qui tout sourit : ils sont jeunes, ils étaient attendus au tournant avant même la sortie d'un premier full-lenght, ils ont une fan-base de plus en plus large au fil des tournées dans toute l'Amérique et l'Europe. Malheureusement, il se peut qu'ils aient vu un peu gros pour cette fois, n'ayant pas réussi à remplir la salle qui est d'une capacité plutôt modeste. Au moins ceux qui étaient présents en auront gardé un bon souvenir.

Skull Fist sur les planches, c'est tout comme les vieux groupes de Heavy, mais avec l'énergie qu'ils avaient il y a trente ans. Jackie Slaughter parvient rapidement à mettre le public du Covent Garden dans sa poche grâce à sa gouaille caractéristique : ''Who wants to get fisted ?!'' nous demande-t-il, mais aussi bien sûr grâce à la musique rassembleuse et grisante de son groupe. On ne peut qu'apprécier ce Heavy maidenien exécuté avec tout le cœur d'amateurs fervents des glorieuses 80s. Iron Maiden est en effet l'influence principale, dans le jeu des guitares principalement (ce qu'on aura entendu deux-trois fois de suite dans la soirée tout de même !), car la voix de notre cher Jackie s'éloigne de celle du grand Bruce par son timbre plus juvénile. Dans la gestuelle aussi les canadiens nous remémorent le passé, par des postures de la rockstar en transe, s'allongeant par terre, ou portant l'autre guitariste sur ses épaules. Les speederies s'enchaînent les unes après les autres, pour beaucoup issues du Head öf the Pack qui semble très populaire parmi les fans, à l'instar de l'hymne No False Metal qui clôture la soirée. D'ailleurs, Skull Fist en lui-même est un hymne, un hommage dans l'ensemble très réussi à tous ceux qui ont fait naître le Heavy Metal. Les petits clins d’œil sont toujours présents : auparavant il y avait le umlaut d'Head öf the Pack, puis sur leur facebook la description du line-up (référence à la back cover du Walls of Jericho d'Helloween), et ce soir Jackie arbore une magnifique guitare aux couleurs de l'ancien drapeau japonais, assorti à la Converse gauche, qui fait immanquablement penser au Thunder in the East de Loudness …

Ce soir, j'ai un peu l'impression d'avoir emprunté la Delorean de Marty et Doc, et d'être retourné à une époque que je n'ai en fait pas connu. Pari réussi de bout en bout pour les quatre groupes à s'être succédé ce soir-là, agréablement mis en valeur par un éclairage professionnel et un son adéquat. Tout le monde semble avoir apprécié, que ce soit le public, la famille des groupes, ou les groupes eux-même (les gars d'Evil Invaders ont eu du mal à rester incognito durant le set de Skull Fist).

Je salue, puis sors regonfler le vélo, et m'entendre dire ''Wah toi t'es déter !'' (déter = déterminer hein). ''Merci mon gars, il me reste une trentaine de kilomètres …''. En rentrant, au milieu des champs de la lointaine banlieue parisienne à minuit largement passé, je me surprends à chanter …

''Heavy Metal is the law that keeps us all united free !
A law that shatters earth and hell
Heavy Metal can't be beaten by any dynasty
We're all wizards fightin' with our spell !''

2 Commentaires

1 J'aime

Partager
LeMoustre - 06 Juin 2015: Evil Invaders et Thrashback ensemble. Miam !
LeLoupArctique - 06 Juin 2015: Comme tu dis ;)
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Covent Garden Studios

photo de Covent Garden StudiosEragny-sur-Oise, Ile-de-France, France
En savoir plus

Existance

Heavy Metal - France
En savoir plus

Thrashback

Thrash Metal - France
En savoir plus

Evil Invaders

Speed Metal - Belgique
En savoir plus

Skull Fist

Heavy Metal - Canada
En savoir plus