Nightwish - Imaginaerum World Tour 2012 - Zenith de Nantes

the Wednesday 18 April 2012, Zenith de Nantes



Battle Beast

Constante depuis quelques jours à Nantes, c’est sous un ciel des plus noirs, entre pluie ininterrompue et rare éclaircis, que Nightwish pose ses valises dans le « petit Paris ».
En interview avec Marco Hietala l’après-midi, le géant blond barbu avouera, en riant, trouver très joli notre pays mais un peu trop humide à son goût. Et comme souvent, il saluera (toute comme Anette le soir) la qualité unique de notre cuisine.

Bref, tout ça pour dire que, malgré les prévisions, ce ne sera pas la météo qui empêchera le Zenith de se garnir et, à l’heure où les maitres du metal symphonique arriveront, c’est dans une salle pleine à craquer qu’ils officieront, notamment dans des gradins archi-complets.
En attendant, c’est à 19h30 pétantes qu’Eklipse débute son set, alors que la salle est encore très clairsemée. Composé de quatre musiciennes (deux violonistes, une contrebassiste et une alto), ils joueront dans une ambiance très mesurée, entrecoupé par des applaudissements respectueux et polis entre chaque composition. Les quatre femmes reprendront, à leur manière, du Linkin Park (In The End), du Lady Gaga (Paparazzi…WTF ?) et, d’après quelques connaisseurs, également du Coldplay que je n’ai pas reconnu.
Vingt petites minutes prenant la forme d’une sympathique introduction pour faire patienter les fans déjà présents, à l’instar d’une musique d’attente toujours aussi originale au Zenith (AC/DC, AC/DC et…AC/DC). Le groupe quitte la scène sous des applaudissements néanmoins chaleureux.



A peine dix minutes plus tard, Battle Beast inonde la scène et l’ambiance s’intensifie d’un iota en quelques instants. Place au heavy metal !
Si je dois avouer avoir trouvé l’album « Steel » poussif et clichesque à souhait, il faut bien avouer que les finlandais maitrisent leur sujet sur scène et prennent un plaisir jouissif à déambuler sur la scène de long en large. Un heavy metal très typé années 80, sans concession, avec une Nitte Valo au chant très grave à l’énorme puissance et un guitariste / chanteur mimant avec une ressemblance confondante le timbre de voix si particulier de Udo Dirkschneider. Très fédérateur, les six musiciens auront tout défoncé sur leur passage et chauffé l’auditoire de la fosse à blanc, avec des hymnes que Manowar ne renierait pas comme  Enter the Metal World , Cyberspace , Justice and Metal ou encore l’énorme Show Me How to Die.


Les musiciens prenaient visiblement plaisir à être sur scène et à voir l’acclamation du public du Zenith, très réceptif à ce heavy old school sans fioritures ni embarras. Que ce soit diviser la salle pour nous faire chanter, reprendre les refrains en chœur, le traditionnel solo de guitare ou encore les poses très heavy metal de musiciens habillés dans la grande tradition, les trente-cinq minutes sont passées comme une lettre à la poste, sans trop être impatient de ce qui allait arriver. Le rôle d’une première partie digne de ce nom. Il faudra noter également la pureté du son, impeccable et pas trop fort, montrant toute la qualité de l’acoustique du Zenith nantais.

   



Nightwish

Le changement de backline est ici en revanche un peu plus long. Quinze/vingt minutes d’attente (au rythme d’AC/DC, bien évidemment) avant que l’ambiance ne redevienne noire.
Un grand rideau blanc pailleté a fait irruption de la scène, et on aperçoit derrière Marco installé dans un sublime fauteuil à bascule. Taikatalvi retentit, avec le son de boite à musique d’introduction. La voix de Marco résonne dans le Zenith, et une acclamation se lève dès les premiers instants ; la salle n’attend plus que ses héros. Storytime débute et il est clair que l’intensité a brutalement monté d’une dizaine de crans. La foule scande le nom de Nightwish à l’arrivée des premiers riffs et dès les premiers coups de caisse claire de Jukka. Le son est monstrueux de puissance, clair et limpide, parfaitement dosé et donnant l’impression de se faire écraser par un géant : jouissif !
Le groupe joue le premier couplet derrière le rideau avant que celui-ci ne se baisse et laisse apparaitre les musiciens et la superbe scénographie qui s’ouvre à nos yeux.

Un grand écran géant avec l’inscription « Imaginaerum » domine la scène. Tuomas Holopainen est équipe de ses trois claviers habituels, mais sur un présentoir magnifique prenant la forme d’un orgue proche de l’imagerie de la pochette de « Phantom of the Opera » de Maiden (« La technologie est belle, elle nous offre même ce putain d’orgue prétentieux » éclatera de rire Marco pendant le concert). Marco et Emppu sont fidèles à eux même, Jukka harangue la foule derrière ses futs et Anette Olzon se pare d’une très belle robe rouge et d’un maquillage bleu lui courant l’ensemble des yeux.
Coiffé d’un chapeau haut-de-forme, Tuomas est tout sourire et le groupe joue Storytime encore assez calmement, longeant la scène de long en large pour prendre la température du public. Le pont central, monstrueux de chœur, est incroyable de puissance et le refrain est repris en chœur par les plus de 5000 (je ne pourrais pas dire le nombre exact de personnes) fans. Wish I Had an Angel suit et le beat electro déclenche directement une hystérie dans la fosse, de plus en plus remuante. Il s’agira pourtant du seul morceau, à mon gout, où Anette se montrera friable et peu à l’aise dans ses lignes vocales, heureusement bien épaulée par un Marco déchainé et très en voix ce soir.


La pression retombe un peu sur Amaranth, très bien interprété mais peut-être un peu plus anecdotique en comparaison des autres compositions qui seront jouées dans la soirée. Tuomas, qui a enlevé son chapeau, commence à headbanger à s’en décrocher la tête comme à son habitude, emplie de classe dans sa veste. Emppu, un peu plus discret, ne ratera pas en revanche de faire le pitre avec ses collègues ou de jouer sur Amaranth à « Pierre, Papier, Ciseau » avec Tuomas (perdu, Tuomas avait pris la feuille et Emppu la pierre).
L’intensité va en revanche remonter à bloc dès les premières mesures de Scaretale, incontestablement un des morceaux les plus attendus de la soirée. 
Monstrueusement puissant, le morceau dévoile une scénographie à couper le souffle, entre pyrotechnie de folie (c’est qu’il faisait chaud au premier rang), un écran géant à effet holographique représentant un manège d’enfants (Scaretale évoquant les cauchemars de notre enfance) et un morceau à l’ambiance beaucoup plus sombre que les titres précédents. Anette tient magistralement bien le titre, retranscrivant l’atmosphère de conte maléfique de l’album, et s’éclatant visiblement comme une folle à rire comme une damnée sur les parties les plus « sorcières » de la chanson. Le break, superbement introduit par Marco, laisse éclater son talent de frontman à l’expérience de plus de vingt-cinq ans de scène, interprétant son rôle « Burtonien » de chapelier fou sur les mesures de cirque qui emplissent le Zenith. Le public est aux anges (votre serviteur aussi) et la fosse est désormais déchainée, sautant dans tous les sens et reprenant sur le bout des lèvres chaque parole.
The Siren poursuit et Anette prouve cette fois-ci que, outre le fait de savoir chanter des morceaux n’étant pas d’elle initialement, elle sait aussi se les approprier et leur offrir une coloration différente. La teinte arabisante du morceau et les couplets très bien chantés seront mis en exergue sur la partie magnifique de Marco, une nouvelle fois impérial au chant. Tuomas nous gratifiera de son solo aux allures synthétiques avant de repartir dans l’ambiance si particulière de cette composition. Les écrans miment des éléments de la mer, et les lights, logiquement bleus, sont époustouflants de beauté et de poésie.

                  

Petite pause. Des sièges sont apportés sur la scène. Anette prend le micro et remercie le public présent de Nantes en français. Marco la suit et commence à parler de jazz et de cette idée saugrenue instaurée par Tuomas. « Mais comment on va jouer là-dessus ? » dit-il en riant. Tout le monde a compris qu’il s’agit évidemment de Slow, Love, Slow, moment plus intimiste du show très carré et bien joué. L’ambiance change, on se sent comme connecté avec le groupe…les dernières notes se terminent…l’enchainement parait trop beau, trop facile…et pourtant, c’est bien I Want my Tears Back qui déboule par son riff immédiatement reconnaissable et la présence pour plusieurs morceaux de Troy Donockey qui les accompagne sur toute la tournée d’Imaginaerum. Le joueur de cornemuse s’en donne à cœur joie et il faut avouer que la différence entre une véritable cornemuse et une sonorité synthétique s’entend distinctement. Joyeux et sentant la fête, le morceau est une réussite complète et la fosse est plus que jamais excitée, reprenant le refrain en boucle avec Anette et Marco. Le son, toujours aussi puissant, est une véritable claque en travers du visage.

Arrive enfin la partie acoustique du show. Le sublime The Crow, The Owl and the Dove, puis The Islander et Nemo dans une ambiance feu de camp une nouvelle fois très intimiste, imposant une proximité presque charnelle avec le public. Jukka se rapproche de nous pour se muer percussionniste, Troy pousse la chansonnette sur The Crow, the Owl and the Dove et Marco se fait chanteur tout en émotion, chantant avec Anette un The Islander sublime de beauté et de poésie. Un moment de grâce où chacun s’envole très loin des soucis de la vie quotidienne…de pure magie perpétuée par des lights toujours de toute beauté, et une averse de neige sur le final de Nemo.
Nightwish enchaine avec Last to the Wilds qui forme un excellent entre-deux entre l’intermède acoustique et la reprise d’une fin de set plus résolument metallique et démesurément symphonique.



Car c’est Planet Hell qui suit bientôt, dans son avalanche de flamme (derrière Jukka et des flammes croisées devant la scène) et de chœurs. Comme à son habitude, Jukka nous demande notre participation sur l’intro avant que Marco ne hurle un « Welcome to Planet…HELL » pour nous plonger dans une avalanche de gros riffs et de double pédale. Sur le solo, Tuomas se paiera le loisir d’intégrer quelques passages des compositions les plus néo-classiques du groupe (Oceanborn). Ghost River poursuit et démontre tout le bien que l’on pensait d’elle en studio : une boucherie. Marco et Anette se taille l’un des meilleurs duos de la soirée pendant que Emppu se donne en spectacle lorsqu’il abreuve la salle des énormes riffs du break central (mimant un « Attention, c’est à moi ») avant de déclencher son riff. La chorale d’enfants, en sample, est tout autant merveilleuse que sur album et permet à l’écran de fond de passer des images très mélancoliques. Tuomas se décroche littéralement la tête et ait désormais paré d’un sourire béat qui ne le quittera plus du concert. Un mélange de fierté, de bonheur et de timidité se lie sur son visage, lui qui semble toujours autant impressionné par l’impact de sa musique face au public. Dead to the World poursuit le plaisir sur ce même rythme endiablé avant qu’Anette ne reprenne la parole pour nous raconter ses mésaventures face au public parisien le soir précédent face à une foule très réceptive.
Elle se permettra même une intervention complètement en français, se parant d’un « Ma professeur de français que j’ai eu pendant 4 ans serait fier de moi », et Marco d’ajouter « Bon Appétit » devant un public hilare. Le fameux Over the Hills & Far Away termine la soirée avec maestria et passion. 

Nightwish se retire sous la holà des gradins et se fait rappeler très rapidement. C’est Troy qui revient en premier, accompagné d’un Tuomas acclamé en héros pour jouer Finlandia, hymne finnois malheureusement inconnu chez nous mais qui semble particulièrement tenir à cœur au claviériste. L’ambiance se fait très mélancolique, de la fumée envahi la scène, presque de manière ritualiste, et les deux musiciens sont calmes, solennels, silencieux…puis Marco revient, accompagné par Emppu et déboule l’introduction grandiloquente du fameux Song of Myself, titre fleuve du dernier album.
Plus monumental que jamais, Nightwish montre toute sa suprématie sur le monde du metal symphonique tant la démesure est de mise ici. Les chœurs, les orchestrations, la pyrotechnie au rythme du refrain et des pulsations rythmiques de Jukka…tout est exceptionnellement pompeux et divinement ambitieux pour notre plus grand plaisir et les finlandais s’en donnent à cœur joie. Un poème sur nos racines, et les liens entre les hommes, tous frères, apparait sur l’écran géant avec de nombreuses photos évoquant l’héritage. Anette chante magistralement la composition, accompagné parfois par un Marco qui sait faire monter la température plus haute encore qu’elle ne l’est déjà.
« Thanks you very much Nantes ! » entonne Anette. Marco remercie le public. « You are the energy, you are our heart ! Nightwish is You” clame Marco avant qu’Anette n’annonce “This is the Last Ride for Today” !
Toute aussi grandiose, Last Ride of the Day résonne sous un déluge de flammes et de fumée. Le groupe balance tout ce qu’il a pour conclure en beauté sur ce court morceau aux allures de futur tube à la Wish I Had an Angel en beaucoup plus symphonique. Anette s’arrache sur le final, à la limite de la justesse, tandis que Marco et Tuomas headbang comme des fous furieux (Tuomas se payant parfois le luxe de boire une petite gorgée de vin bien français) et Emppu nous livre au final l’un de ses seul solo de la soirée, presque à genoux comme il a l’habitude de le faire. Anette s’envole sur la dernière note pendant que des cotillons s’envolent au-dessus de la fosse entre la fumée et les flammes, plus ardentes et colorées que jamais. Un mini feu d’artifices accompagne le final dans une osmose totale avec le public.



Nightwish vient au bord de la scène, et tireront leur révérence par trois fois pour assouvir un public visiblement aux anges et des étoiles plein les yeux. Tuomas parait ému et pose sa main sur le cœur tandis que les autres membres avancent avec une banane à la place du visage, sincèrement heureux de l’accueil plus que chaleureux des plus de 5 000 nantais présents ce soir-là.
En plus d’être de véritables bêtes de scène, Nightwish a prouvé qu’ils étaient généreux et honnêtes vis-à-vis de leur public, leur offrant un spectacle autant musical que visuel et esthétique, mettant en émoi chacun de nos sens pour l’un des concerts les plus monstrueux qu’il m’ait été donné de voir.
Personne ne l’aurait sans doute pensé mais aujourd’hui, sept ans après l’éviction de Tarja Turinen, Nightwish est au sommet de son art et au firmament de sa carrière et de son talent. Nightwish est grand, à l’instar du show qu’il propose. Ne ratez pas l’évènement !


22 Comments

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HisInfernalDestiny - 07 May 2012: Je suis globalement d'accord avec toi pour ce qui est du show des Finlandais : il était irréprochable, tant dans l'interprétation que dans la présence scénique. Mention spéciale à Anette qui a prouvé tous son talent en effectuant un chant totalement maîtrisé de bout en bout.
Mais par contre, pour être resté au troisième rang tout le long du concert, j'ai été extrêmement dérangé par le son qui était littéralement noyé sous les basses, à tel point que je pouvais à peine entendre la guitare et les orchestrations. Un problème qui ne s'est pas arrangé au fur et à mesure du concert, et qui était vraiment handicapant par moment.
Mais comme je l'ai dit, cela ne m'a pas empêché de passer un excellent moment ! :)
cilou013 - 15 May 2012: Vraiment d'accord! Ce concert était magique! La redescente plus que brutale, mais vraiment magique!
Within17220 - 29 May 2012: J'y étais aussi, et c'est vrai que ce fut un super show,même avec l'attente sous la pluie et le vent,qui n'a pas empêcher le Zénith de Nantes d'être à son maximum!!!
Et mention spéciale pour Anette qui m'a pleinement conquise, c'est une super girl!!!:)
ThortheFaun666 - 31 August 2012: Bah moi j'aimerais qu'ils passent un peu sur Brest de temps à autre, car les brestois sont des laissés pour compte, à chaque fois qu'un groupe d'envergure internationale passe en France ( sauf Apocalyptica et Scorpions, merci à eux de s'être déplacés). Mon message vaux pour tous les groupes !
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