Napalm Death + Guests @ Angoulême

the Quinta-feira 17 Abril 2014, La Nef



Napalm Death

Le grind, ce n’est pas mon truc. Il y a beaucoup de genres que j’apprécie, mais celui-là m’oppose une sacrée résistance. Peut-être est-ce le côté éminemment sale et désordonné de la chose ? M’enfin, tant pis ! « Napalm Death » a beau être l’un des fondateurs du grindcore, je me suis quand même tenté à aller les voir. Ce n’est pas tous les jours que l’on croise des légendes si près de chez soi, et puis j’y voyais un bon moyen pour chasser quelques-uns de mes aprioris. Rendez-vous donc à La Nef d’Angoulême, lieu toujours aussi mal indiqué. Même à une demi-heure du concert c’est assez désert sur place. Pas mal d’affiches de l’événement ont été collées pourtant. Je fais causette avec un fan die-hard des britanniques qui venait de Bergerac, et qui avait assisté au concert de ses idoles la veille à Toulouse. Il m’avait l’air un petit peu dans la lune. Heureusement, un vieux briscard m’aidait à mieux passer le temps d’attente. Il était fasciné par le vieux heavy metal et par « Bathory ». Il était venu à ce concert en curieux, car il n’aimait pas le death et le grind. Un peu comme moi au final. Il n’y a pas eu de bousculade pour entrer à l’intérieur. La foule était deux fois moins nombreuse que pour « Ensiferum ». En fait, la programmation un jeudi soir n’aide pas. Je me suis rendu compte par la suite que beaucoup entrerons une fois les guests passés.

Nous avions deux autres scènes disposées en arrière de salle, qui se faisaient face à face. Nous comprenons vite qu’ils ont été placés ainsi pour accueillir le battle de grindcore. Nous avions tour à tour « Yattaï » et « Grünt-Grünt » de chaque côté, puis « Vengeance » et « Atara ». À mon goût c’était du yaourt périmé de dix ans qui livrait combat avec un monticule d’excréments en voie de liquéfaction. Une petite foule arrivait à s’y attacher et une forte odeur de beuh s’y échappait. Je me dis qu’il fallait bien aspirer pour tenir d’aussi près. Moi, je suivais du devant de la scène principal. Je voyais donc le va et vient des moutons entre les deux petites scènes. Pour avoir déjà vu notamment « Yattaï » et « Vengeance » à Vars, je savais à quoi m’en tenir de toute façon. Cela dit, j’avoue avoir eu un peu plus d’estime pour le tout dernier, « Atara », il me semble. C’était déjà un peu plus technique et construit. On était là plus éloigné des couinements étranglés, du tintamarre de batterie servant de cache-misère ou de la mélasse bruitiste de ses homologues. Heureusement, ce n’était pas trop long et on allait enfin s’attaquer aux choses sérieuses.

 HAMMERCULT

Après avoir supporté le sceau de pisse du battle grindcore, c’était au tour de « Hammercult » de s’y mettre. Cela n’avait plus aucun rapport avec le grind. Le groupe israélien officie plutôt dans un thrash death, que je considère plus attachant en version studio qu’en live. J’avais déjà vu cette formation en première partie de « Sepultura », il y a quelques années, au Confort Moderne de Poitiers. C’était pas mal dans l’ensemble, mais ça manquait de peps. C’est un peu la même chose pour cette fois. Le chanteur a beau faire des prouesses, à tirailler sa voix et à partager de la convivialité avec le public. Nous ne sommes qu’à moitié satisfaits. On apprécie tout de même l’énergie, la technique des membres. « We’re Hammercult » est l’occasion trouvée pour un moment de partage avec la foule. Quelques pits se créent, mais parfois qu’à la demande du chanteur. Ce n’est pas vraiment spontané. Les spectateurs ne sont pas encore assez chauds. Ça arrivera, mais pas avec « Hammercult ». Le moment le plus enflammé de cette nouvelle rencontre a été la reprise d’« Ace of Spades » avec Mark Greenway de « Napalm Death » en duo vocal.

 NAPALM DEATH

Cette invitation était une sorte de mise en bouche de ce qui allait suivre. Sir Greenway avait l’air d’être un sacré numéro à lui tout seul. Pas de panoplie en cuir ou à pics pour nos anglais, rien que de la sobriété et de l’authenticité. Même l’éclairage est poussé à minima. Ce qui allait suivre est une leçon à tous ceux qui se prétendent faire de l’extrême. Il était difficile de produire une musique plus violente et démente que la leur. Le quatuor s’imposait aussi scéniquement par l’intermédiaire de Mark qui agissait tel un possédé sur scène, il occupait tout l’espace, pris par d’étranges convulsions, quand il ne se foutait pas devant moi pour vociférer sa haine dans son micro. A ses pieds, je peux témoigner qu’il faisait un temps bien anglais. Je me recevais, en plus du fil du micro qui venait me taper en pleine poire, une bonne quantité de postillons. Le bonhomme malgré cette mésaventure à mon égard, me paraissait très sympathique. Nous avions affaire à un vrai gentleman. Il prenait le temps de parler au public entre chaque morceau, à le remercier et même parfois à s’excuser quand un titre était scandé et ne figurait pas sur la set list.

Chaque membre de l’équipe est un phénomène. Le batteur avait l’air déconnecté et semblait totalement insensible à ce qui l’entourait. Le guitariste paraissait plus froid, mais œuvrait à ce que tout soit réglé au millimètre (un paradoxe compte tenu du genre joué). Je crois que sa manie de réaccorder sa guitare à chaque morceau relevait presque davantage du tic. Le bassiste était tout simplement un monstre. Je l’avais juste à ma droite et j’étais en admiration devant lui. Je n’ai jamais vu un type jouer de la basse aussi rapidement. Le groupe enchaîne plus d’une vingtaine de titres, dont « Scum » et « Nazis Punks », dans une ambiance survoltée. Mon dos a pris cher. C’était la guerre permanente juste derrière. Je déplore que les mecs du public ne sachent pas slamer correctement. Quand ils prennent bien leur élan, c’est pour mieux s’écraser dans le vide, là où personne n’est présent pour réceptionner, et quand ça ne veut pas prendre d’élan, c’est pour venir s’empaler sur ma tête. A la fin du concert, les membres tapent chaleureusement dans la main des spectateurs, offrent setlists et mediators. « Napalm Death » m’a concilié avec un genre que j’avais jusque-là dénigré. Ils n’ont pas du tout démérité leur titre de "légendes" du metal extrême.

7 Comentários

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AlonewithL - 20 Abril 2014: C'est vraiment le cas de le dire. ^^
adrien86fr - 24 Abril 2014: Merci pour ce report et cette vision des choses. Le concert de Creil (60) du 12 avril était vraiment terrible, salle pleine, grosse ambiance et belle violence dans le pit, alors qu'ils jouaient la veille et le surlendemain à moins de 50km de là. Comme quoi d'une ville à l'autre..
aleksendre - 27 Abril 2014: Public tres moyen certes...mais Napalm quoi!! Définitivement un groupe culte dans le style...je les ai vus pas loin de 10 fois et je les vois toujours avec autant de plaisir...Napalm death:des purs artistes!!!!
LeMoustre - 04 Junho 2014: Je les ai vus à Toulouse lors de cette tournée. 250 personnes grosso merdo. Bon concert. Pas emballé par Hammercult, mais bon. Napalm toujours aussi bon, rien à dire, ça envoie. En plus la nouvelle salle "metronum" est très bien fichue.
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