Leaves' Eyes + Diabulus in Musica + Melted Space @Paris Le Glazart 24-10-2015

le Samedi 24 Octobre 2015, Glaz'art

Habituellement, les fans de metal symphonique en région parisienne (et certainement encore plus en province) n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent question concert. Pour peu que l'on ne soit pas fan des grandes pointures à la Epica ou Nightwish, rares sont les soirées avec une affiche de qualité et attrayante. Wildpath en début d'année, puis seulement en octobre, Leaves' Eyes et Amberian Dawn qui passent à une semaine d'écart. Ce qui est curieux, c'est que les concerts de symphonique attirent à peu près le même public que ceux de power. On se surprend donc à retrouver des têtes aperçues quelques semaines auparavant lors des concerts de Powerwolf ou Kamelot. Les Allemands/Norvégiens de Leaves' Eyes sont donc en tournée européenne, promouvant leur dernier album tout juste sorti King of Kings, qui a le mérite d'étendre les mélodies symphoniques habituelles à des thématiques plus guerrières et donc plus vigoureuses. Les accompagnent les Espagnols de Diabulus in Musica, qui effectuent leur premier passage en France, ainsi que le projet français Melted Space, dont le deuxième album est paru très récemment. La soirée est donc bien cadrée, on reste en plein dans le metal symphonique soft, avec trois groupes aux degrés de reconnaissance graduels.

Melted Space

Pierre le Pape et sa bande ouvrent le bal. Pour rappel, Melted Space est ce qu'on appelle un metal opéra. Si l'idée marche plutôt bien sur album (Avantasia en est la preuve vivante, les ventes sont excellentes), elle est en revanche plus difficile à transposer sur scène. Les moyens financiers et humains doivent être énormes, ou il faut faire différemment. Avantasia a dû attendre plusieurs années avant de faire de la scène. Ayreon n'a jamais foulé les planches, si ce n'est en version théâtre récemment. Melted Space a fait le choix de se lancer rapidement dans les concerts, avec une sorte de groupe de tournée, à géométrie variable, et nécessairement de personnes invitées sur l'album. Il ne faut évidemment pas s'attendre non plus à voir débarquer un orchestre, même s'il y en a un sur The Great Lie. Cette fois-ci, le groupe live se compose de Pierre aux claviers, Clémentine Delauney, Lucie Blatrier, et Flow au chant clair (parfois quelques growls), de Seth au growl, Brice à la basse, Mike à la batterie, et Adrian Martinot en guitariste live. Autant dire que quand ils sont tous sur scène en même temps, il n'y a pas beaucoup de place, surtout que le Glaz'art n'est pas très large.

Cela ne les empêche pas de réaliser une prestation dynamique, et son côté vivant est en grande partie dû à l'aspect théâtral, avec les vocalistes qui se répondent. Chacun campe plutôt bien son rôle, même si ils doivent parfois interpréter plusieurs personnages à la fois (désolé les puristes). Malheureusement, la performance est handicapée par plusieurs facteurs, dont le premier est la disposition de la scène : l'espace est très étroit, surtout pour quatre vocalistes ; les musiciens sont donc cachés derrière, et on ne voit même pas Pierre au fond. Ajoutez à ça un plafond bas, une lumière rouge un peu blafarde et beaucoup de fumée – ce n'est pas le cadre idéal pour un heavy metal symphonique se voulant grandiose et majestueux. Un son moyen, très brouillon au niveau des guitares empêchera aussi une bonne immersion dans cette musique qui est pourtant interprétée avec justesse. À revoir impérativement, et dans de meilleurs conditions (on me souffle qu'ils feront la première parte de Symphony X en février prochain).

1. Return to the Land of Forever

2. Terrible Fight

3. Titania

4. No Need to Fear

5. Hopeless Crime

6. Para Bellum

7. Lost Souls from the Other Side

Diabulus In Musica

Le combo espagnol Diabulus in Musica fait partie de ces bons élèves recopiant avec beaucoup de soin les codes du metal symphonique à la Epica et qui sont bien partis pour aller titiller les plus grands. Leur deuxième album, The Wanderer, avait fait grand bruit et avait reçu un bon accueil général. Malheureusement, dans les mois qui suivirent, batteur, guitariste et bassiste annoncèrent leur démission. Le groupe est actuellement en reconstruction, et l'album sorti dans cet intervalle, Argia, n'a pas su reconquérir tous les fans du genre. Pour revenir au bon niveau d’antan les espagnols se lancent sur la route en compagnie de Leaves' Eyes, et visitent certains pays pour la première fois, dont la France. Il faut dire que le combo est plus populaire dans les pays hispanophones que par chez nous.

Se présentent donc devant nous la vocaliste Zuberoa Aznárez, enceinte d'environ cinq mois, du claviériste Gorka, du batteur David, d'un guitariste dont je ne parviens pas à connaître l'identité, et d'un bassiste sous forme de mp3 dans un ordinateur. Le show démarre logiquement sur l'intro d'Argia, Et Resurrexit (Libera Me), mais plutôt que d'enchaîner sur un titre du dernier album comme le font souvent les groupes en tournée promotionnelle, les Espagnols préfèrent assurer, et optent pour un Hidden Reality, morceau phare de leur album phare.

Finalement, la prestation est à l'image d'Argia : correcte, assez plaisante, mais sans prise de risque, et semblable à ce que font des dizaines d'autres groupes du style. On comprend que Zuberoa ne se démène pas dans tous les sens (ce qu'elle rattrape d'ailleurs par un magnétisme fort), mais on regrette que l'inconnu guitariste ne squatte pas plus le devant de la scène. Encore heureux que le clavier ait été positionné devant, d'autant plus que Gorka collabore au chant pour quelques screams bien placés. On remarque d'ailleurs une certaine complicité entre les deux membres d'origine, notamment quand il s'agit de s'adresser à nous en français, dans une initiative fort louable. Globalement, la setlist d'une petite cinquantaine de minutes est axée sur Argia, avec quelques titres parmi les meilleurs de The Wanderer, et un seul de Secrets (Lies in Your Eyes). Je vois difficilement néanmoins comment leur performance pourrait durer plus sans ennuyer le spectateur ; il faudra rendre le show plus dynamique pour espérer monter en tête d'affiche.

1. Et Resurrexit (Libera Me)

2. Hidden Reality

3. Blazing a Trail

4. Inner Force

5. Lies in Your Eyes

6. Ex Nihilo

7. Eternal Breeze

8. From the Embers

9. Maitagarri

10. Sceneries

11. Sed Diabulus

12. Spoilt Vampire

13. Horizons

Leaves' Eyes

Quant à la tête d'affiche, la voilà qui arrive. Enfin, ce qui arrive en premier ce n'est pas le groupe, mais deux véritables vikings, costumés et armés, qui se positionnent de part et d'autre de la scène. Ils restent là toute l'intro et le premier morceau Halvdan the Black. Comment nous mettre parfaitement dans l'ambiance, le plus simplement du monde.

Très rapidement, les cinq (plus un) parviennent à chauffer la salle de manière très impressionnante. Le charisme de Liv Kristine, couplé à des musiciens très mobiles et à un Alexander Krull qui fait des apparitions pour galvaniser la foule, enthousiasme visiblement un public qui été déjà acquis à sa cause. Cette fois le groupe peut profiter de tout l'espace qui est à sa disposition, même si ce n'est évidemment pas la panacée. Le guitariste Thorsten Bauer notamment s'en donne à cœur joie, courant sans cesse d'un bout à l'autre de la scène en faisant des mimiques étranges. Pete Streit en revanche se fait plus timide, à rester toujours sur la gauche de la scène, mais vu qu'il n'est pas dans le groupe depuis longtemps il a besoin de temps pour prendre ses repères.

Le combo est là avant tout pour présenter son dernier album, sorti un mois auparavant, King of Kings. Le disque parvenait à pousser encore plus loin les thématiques viking avec un propos plus compact et directement plus puissant, presque agressif pour un groupe issu de la branche la plus calme du metal symphonique. Le résultat est clairement à la hauteur ce soir-là, et le son semble s'être soudainement bonifié pour la tête d'affiche. Les nouveaux titres reçoivent un très bon accueil, ce qui est plutôt rare quand l'album est sorti il y a peu. Il faut dire que des bombes comme Sacred Vow ont tout pour plaire. Petite déception personnelle que Vengeance Venom ne soit pas jouée, j'adore les penchants folk de ce titre. Leaves' Eyes n'hésite pas à rejouer quelques titres de Vinland Saga (dont le très attendu Elegy), mais sans toutefois remonter jusqu'à Lovelorn qui comporte tout de même quelques perles. Le show aurait pu être personnalisé pour la France avec la ballade Les Champs de Lavande, mais il n'en est rien, et ce n'est pas trop grave, la ballade étant assez chiante en soi. En fin de setlist (les une heure et demi de jeu passées) voilà nos vikings qui reviennent, accompagnés d'Alex Krull qui a revêtu lui aussi son costume d'époque, et brandi une énorme épée ! Les spectateurs de devant font moins les malins, surtout vu la taille et la corpulence du gaillard : ça c'est du viking de compétition !

La troupe se retire sur l'air de Mot Fjerne Land et sous des applaudissements nourris ; je m'y joins volontiers : Leaves' Eyes confirme son retour en force, et aura offert une soirée de haute qualité, bien aidé par Melted Space, et Diabulus in Musica dans une moindre mesure.

1. Intro

2. Halvdan the Black

3. Sacred Vow

4. Farewell Proud Men

5. The Waking Eye

6. Symphony of the Night

7. Melusine

8. Edge of Steel

9. Into Your Light

10. Galswintha

11. My Destiny

12. Swords in Rock

13. Hell to the Heaven

14. King of Kings

15. Elegy

16. Blazing Waters

17. Mot Fjerne Land


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