le Mercredi 10 Décembre 2014, Le Nouveau Casino

Týr (DK)

Ce concert n'est assurément pas une chose nouvelle ou une rareté. Les finlandais de Korpiklaani sont passés en France pas moins de 38 fois depuis 2007, et 8 fois dans la capitale. Ils sont déjà passé dans la salle du Nouveau Casino dans le 11ème arrondissement, et ont l'habitude de voyager avec Týr puisque c'est leur troisième tournée ensemble, et c'est le groupe avec qui ils ont le plus joué (81 concerts). On peut donc d'une part s'attendre à un show bien rodé voir prévisible, et d'un autre côté on peut se demander si le public se déplacera pour un groupe qui passe chaque année.

Et bien pour répondre rapidement, ce fut une soirée exceptionnelle, avec deux groupes qui ont livré chacun une énorme prestation, devant une salle sold out. Et oui mesdames et messieurs. Respect, hein ?

La file d'attente est longue en effet, et il faut un certain temps pour que tout le monde entre dans la salle. La salle en elle-même est un peu différente de ce à quoi on peut s'attendre, puisque le Nouveau Casino a un plafond et des murs faits de plaques triangulaires métalliques posées en biseau, ce qui donne un aspect science-fiction, qui contraste avec l'immense lustre de cristal qui pend du plafond. Je parviens à me placer au premier rang, ce qui me permet d'éviter pogos, slameurs et autres joyeusetés, et de prendre des photos plutôt réussies.

Les lumières s'éteignent, le drakkar accoste, et les guerriers féringiens en descendent, dans un tonnerre de notes issues de Blood of Heroes. Heri prend place au milieu, Gunnar et Terji à ses côtés, ce-dernier juste devant moi. De toute façon cette précision n'a aucune importance, vu qu'ils n'arrêteront pas d'échanger leurs places durant tout le concert, pour que tout le monde puisse profiter d'eux. Heri affichera un air soucieux tout le long de la soirée (un vrai viking ne sourie jamais !), Terji sera plus souriant, mais pas autant que le bassiste Gunnar, véritable homme de scène. Il joue littéralement avec la foule, arme sa basse en direction du premier rang (attention à la tête quand même) telle une épée, pour le plus grand bonheur des photographes. Oui il joue bien, et en plus il prend la pose !

Franchement, des premières parties comme ça, j'en voudrais bien tous les jours. C'est pas rien Týr quand même ! Týr c'est seize ans de carrière, sept albums studio, une imagerie forte, et des fans dans le monde entier. Et avoir ça en face de soi c'est déjà quelque chose. D'autant plus qu'ils profitent d'un excellent son (et qui durera pour le second groupe) qui retranscrit parfaitement l'ambiance des morceaux ; ce n'est plus le son du disque, non, c'est le vrai son, le son des guerriers qui sont juste en face de nous, et ça, c'est une vraie expérience. À ce propos, nos féringiens nous proposent à un moment un morceau d'immersion (le titre me fait défaut) : les lumières bleutées se baissent au maximum, on entend une longue mélopée, puis les instruments se mettent petit à petit en mouvement, jamais très vite ni très fort, mais le voyage n'en est que plus pénétrant. Grand calme dans la fosse, qui pogotait joyeusement quelques secondes auparavant, et grand moment presque solennel pour tous. C'est en partie ce qui a fait le charme de la prestation de Týr. Les autres morceaux joués sont issus aussi bien de l'excellent dernier album en date, Valkyrja, que des plus anciens, qui ne sont pas moins excellents, pour une setlist qui tourne autour d'une heure. C'est raisonnable voire beaucoup pour un groupe qui inaugure la soirée, mais pour Týr on en redemande.

Korpiklaani

S'il est relativement commode de faire tourner Týr et Korpiklaani ensemble car ils ont plus ou moins le même public, leur musique reste bien différente. Si Týr se tournait vers les peuples des mers, bravant tempêtes et pillant les villages, chez Korpiklaani on s'intéresse plus au monde de la terre et de la forêt. Korpiklaani signifie bien "Le clan du monde sauvage". Remballez donc les épées, les boucliers, on remise le drakkar ; place à l'accordéon, au violon, et on fait un feu de joie pour danser autour.

À la place de l'air soucieux d'Heri Joensen regardant l'horizon, nous avons cette fois le regard malicieux de Jonne Järvelä, qui mettra l'ambiance tout au long de la soirée. Oui c'est clairement le chanteur (comme souvent remarquez) qui fut le leader de cérémonie ce soir-là. Sa manière de communier avec le public est toutefois assez étrange, puisqu'il ne parle quasiment pas, mais tout se passe dans le regard, les gestes, et l'attitude. Lui et ses dreadlocks sont hyperactifs sur scène, toujours en mouvement, taquinant les autres musiciens. Les musiciens eux sont assez concentrés sur leur musique (ils jouent d'ailleurs impeccablement) mais montrent de la même manière que le charismatique leader leur plaisir d'être sur scène. Mentions spéciales aux violoniste et accordéonistes qui se donnent à fond, et suent à grosse goutte sous leurs costumes de scène. Parlons-en du visuel : on est habitué avec Korpi à voir une tête de cerf mort sur le pied de micro ou des feuilles sur la batterie, et ce soir-là rien de tout ça. Cependant l'air y est, avec les costumes principalement (ample vêtement blanc et grosses bottes marron pour le violoniste, la classe). Le bassiste lui ne s'encombre pas et vient pieds nus sur scène.

Comme dit précédemment, Korpiklaani bénéficie d'un très bon son ce soir-là retransmettant très bien les divers instruments, ce qui ne paraît pas évident avec un line-up aussi hétéroclite que celui-là. Le public lui ne se pose pas de question : il fait la fête. Pogos et slams sont de mise, et Jonne ne peut pas s'empêcher de prendre par la taille chaque fille qui parvient jusqu'à la scène portée par le public. Quand je vous dis qu'il y a de l'ambiance ! Je ne tente personnellement pas le slam (quel intérêt me diriez-vous quand on est au premier rang !) mais je ressort avec la tête pleine de souvenirs et le pas léger. Si Korpiklaani passe par chez moi une fois par an, je reviendrais volontiers tous les ans !