Igorrr + Pryapisme @Lyon CCO 16-11-2017

the Quinta-feira 16 Novembro 2017, CCO Villeurbanne

Il y a toujours eu de ces groupes qui veulent sans cesse repousser les limites de la créativité, qui s’aventurent sur des terrains inexplorés et surprennent à chaque nouvelle production. Pryapisme et Igorrr sont de ceux-là. Beaucoup ont découvert Pryapisme en 2013, à l’époque où le groupe sortait son deuxième album, Hyperblast Super Collider, avec comme titre-phare « Un druide est giboyeux lorsqu’il se prend pour un neutrino ». Leur doux côté geek, leur passion pour les memes et les chatons a participé à les faire connaître, sans toutefois leur permettre de valider ce succès sur scène. Ils débarquent en 2017 avec leur quatrième album : Diabolicus Felinae Pandemonium. La situation est différente pour Igorrr : le one man band s’est longtemps tenu à l’écart de la scène et des grosses tournées, avec des albums de qualité mais méconnus, avant de connaître un triomphe aussi rapide qu’imprévu après la sortie de Savage Sinusoid cette année. Une petite tournée commune était donc très attendue en France, et le résultat ne se fait pas attendre : plus d’une semaine avant l’événement, les concerts de Paris et Lyon affichent complet.

Pryapisme

Je me retrouve donc dans la salle du CCO à Villeurbanne, une semaine après la soirée avec Omnium Gatherum et Skalmold. La salle est peut-être remplie, mais jamais de la soirée on aura la sensation d’être étouffé ou de ne pas pouvoir bouger : c’est un bon point pour l’organisation. Pryapisme commence à l’heure, et le groupe semble très à cheval sur l’horaire, au point de poser un vieux radio-réveil sur scène pour chronométrer leur set ! Ils ont droit à une heure, et nous avons affaire à un Pryapisme en forme, vigoureux, et qui dure longtemps (jeux de mots non-contractuels).

    Les musiciens ne sont clairement pas là pour se prendre au sérieux, ce qui se remarque aux tongs que portait Benjamin Bardiaux. Il finira d’ailleurs le concert torse nu, il ne lui manquait plus qu’une Piña Colada à la main. Mais la plupart du temps, c’est Nicolas Sénac qui fait le show, certes souvent réfugié derrière son clavier et ses lunettes embuées, mais très bavard quand il le faut !

    Les autres musiciens arborent un style plus sobre, avec notamment la performance remarquable du batteur Aymeric Thomas. Celui-ci garde un visage fermé pendant tout le set, ne dévoilant aucune autre émotion qu’avec ses baguettes, lesquelles donnent des coups toujours secs et précis, sans tomber dans la figuration. C’est agréable de voir une batterie positionnée en avant de la scène, car c’est un instrument qu’on apprécie trop peu souvent visuellement, caché par les autres musiciens. Il faut dire qu’avec le set de Pryapisme, les musiciens ont tendance à pas trop bouger de leur place : avec tous ces claviers, ce serait vite casse-gueule. Mais jamais on ne s’ennuie, et le quintette de Clermont-Ferrand parvient à bien défendre sur scène son style si original, alors que ce n’était pas gagné d’avance.

Igorrr

Là où Pryapisme donnait à voir une scène en joyeux bazar, le décor est bien plus épuré pour Igorrr : une batterie, des claviers surélevés, une toile de fond et basta. En fait, si ce n’est le côté électronique et expérimental, il n’y a pas grand-chose à voir entre les deux groupes. Exit les mélodies déjantées et l’humour potache, Igorrr nous plonge dans son univers torturé et malade.

    Les deux vocalistes, Laurent Lunoir et Laure Le Prunenec peuvent s’en donner à cœur joie, chacun dans son style. Le premier, (dés)habillé comme dans le clip de ieuD apporte le côté sauvage et brutal, tandis que la seconde ajoute un sentiment de folie légère et dérangée. Tout le jeu scénique repose donc uniquement sur eux, mais quelle prestation ! On a rarement vu des artistes se donner autant sur scène, à danser, hurler et se secouer de manière aussi franche.

    Derrière eux, Sylvain Bouvier à la batterie et Gautier Serre affichent un sérieux de façade, de véritables poker faces. Le mastermind, du haut de son perchoir, apparaît bien comme l’homme aux manettes de ce spectacle tourbillonnant, mais en détournant à peine son regard, et sans jamais adresser un mot à la salle. Le style est troublant. Gautier gère donc tous les claviers, mais aussi un paquet de sons pré-enregistrés, alors qu’ils proviennent d’instruments réels. Ça a toujours été le cas avec Igorrr, mais on aurait pu apprécier de voir des guitaristes sur scène, voire même un accordéoniste. Il est aussi parfois difficile de deviner la continuité scénique, tant les morceaux sont variés. La première heure passe comme une lettre à la poste, et il faut dire que le public était bouillant pour entendre tous les tubes de Savage Sinusoid ainsi que quelques classiques (Tout Petit Moineau ou Biquette), mais le rappel fut plus difficile à ingurgiter, le public metal étant moins habitué à entendre des morceaux uniquement électro.

    Finalement, sur scène, comme dans sa discographie, Igorrr est difficile à appréhender. Ce monstre de Frankenstein sonore ne laisse personne indifférent, mais à qui apprécie les albums, je ne peux que recommander de tenter l’expérience du concert. Pour les autres … ne renoncez pas, il faut parfois du temps pour comprendre un tel ovni à sa juste valeur !


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