le Mercredi 11 Mars 2015, Le Divan du Monde

Freak Kitchen

Tout le monde connaît Freak Kitchen, au moins de nom. Tout le monde connaît ces suédois jouant un Heavy Metal déjanté, ne ressemblant à aucun autre groupe, et menés par le talentueux Matthias "IA" Eklundh à la six-cordes. Les suédois s'étaient offerts une longue pause à la suite de la tournée de Land of the Freaks (2009-2010) pour ne revenir sur album qu'en 2014 avec un Cooking with Pagans qui ne change en rien l'esprit fou du combo, et montre qu'ils n'ont rien perdu de leur inspiration. L'artwork ainsi que le vidéo-clip ont été réalisés par le dessinateur de bandes dessinées franco-espagnol Juanjo Guarnido. Pourquoi je parle de ça ? Oh … rien …

Freak Kitchen est donc de retour en France en ce début d'année 2015, soit cinq ans après leur dernière venue, et a choisi pour cette occasion spéciale le Divan du Monde. C'est une salle que je commence à bien apprécier, d'abord pour les groupes de qualité qu'elle reçoit, puis pour sa déco un peu années 20, pour sa taille pas trop grande (400 personnes), et pour un son & lumières généralement de qualité. Une valeur sûre en quelque sorte. On nous annonce en première partie un certain Aymeric Silvert, dont je n'ai jamais entendu parler. Celui-ci débarque, à la guitare et au chant, accompagné d'un bassiste et d'un batteur, pour nous jouer un Blues/Rock voire Hard Rock assez bien exécuté il faut dire, mais manquant cruellement d'aspérités. Je ne ressent rien avec cette musique, et pour cause tout est trop carré, compact, vu et revu. La technique est bien maîtrisée, il n'y a pas de soucis de ce côté-là, le sieur Silvert se débrouille même plutôt bien à la guitare, et possède une belle voix chaleureuse. Sa prestation scénique personnelle est plutôt à son avantage, étant très enthousiaste, mais son léger manque de charisme lui empêchera de mettre la salle dans sa poche. L'autre défaut majeur de ce show concerne les musiciens, bassiste et batteur, qui sont de véritables statues, ne bougeant que leurs doigts et leurs pieds pour que leur instrument fonctionne. Bref, j'attends patiemment la suite.

Et c'est au tour de Matthias, Björn et Christer de prendre place sur la scène du Divan, après la diffusion du clip de Freak of the Week pour nous remettre dans le bain. Ils n'ont pas changé : toujours les pieds nus de Björn, toujours le visage sympathique et goguenard de Matthias, et toujours le casque de ski avec masque relevé et la double-barbe de Christer. C'était la première fois pour moi, mais je devine dans la salle des fans de longue date, et à mon avis, ils n'ont pas été déçu, tout comme moi. Freak Kitchen nous a offert un show grandiose, vif et en parfaite symbiose avec son public.

Tout d'abord ce concert fut un magnifique tour d'horizon de tout ce qu'à fait le groupe précédemment, avec quasiment tous les albums représentés, avec une majorité logiquement issue du dernier en date, mais aussi de Move (2002), qui contient aussi une pelletée de classiques du groupe (Nobody's Laughing, Razor Flowers, Porno Daddy). On voit que l'audience connaît bien le dernier album, en réclamant sans cesse, et ce avant même que me concert ne commence (!) la chanson Goody Goody. On pourrait croire à un cri de ralliement. En tout cas leurs attentes furent satisfaites, le morceau en question fut joué juste avant les rappels. Nous avons aussi eu droit à un Appetizer, morceau assez rarement joué sur scène. Autre point qui fit de ce spectacle un grand spectacle : la bonne humeur extrêmement communicative du trio. Matthias est toujours aussi blagueur, se moquant de lui-même lorsqu'il n'arrive pas à brancher ses câbles, répétant toutes les cinq minutes combien il aime la France et le public français, tout en envoyant des bisous à toute la salle ! Christer de son côté s'amuse à titiller les photographes, prend la pose ou tire la langue (merci pour le médiator au fait). Voici un groupe qui se consacre entièrement et pleinement à son public.

Et puis Freak Kitchen sait aussi gâter ses fans, par exemple en faisant venir sur scène … oh surprise ! Juanjo Garnido ! L'artiste est donc passé faire un petit coucou à ses amis suédois, en les croquant en pleine action, au moyen d'un tableau sur le côté de la scène, dont le contenu était projeté pour le public, le temps de trois chansons. C'est ce qu'on appelle de l'art total. Vraiment un grand moment, d'autant plus que les dessins de Juanjo sont excellents. Et ce dernier, en artiste accompli sait aussi manier la six-cordes lorsque Mathias lui propose de jouer un titre avec eux ; aussi à l'aise à la guitare qu'avec ses pinceaux, il exécute notamment un solo impressionnant.

Pour finir le concert, les trois suédois n'ont rien trouvé de mieux à faire que d'échanger leurs instruments, Christer empruntant une guitare à Matthias, qui s'installe derrière la batterie de Björn, qui enfin reprend la basse de Christer. Ça, c'est ce qu'on appelle un groupe !

Vous l' avez compris, ce concert était un excellent moment, et figurera certainement parmi les concerts dont je me souviendrais longtemps. Dommage que la première partie ne soit pas vraiment à la hauteur, mais le reste est parfait, avec une bonne organisation, un bon son, et des éclairages sympathiques. Freak Kitchen est assurément un groupe à voir et à revoir.


Setlist :
1. Propaganda Pie
2. Walls of Stupidity
3. Sloppy
4. (Saving Up for an) Anal Bleach
5. God Save the Spleen
6. Nobody's Laughing
7. Private Property
8. Teargas Jazz
9. Chest Pain Waltz
10. Ranks of the Terrified
11. Speak When Spoken to
12. Freak of the Week (with Juanjo Garnido)
13. Porno Daddy
14. Razor Flowers
15. Goody Goody

Rappels
16. My New Haircut
17. Appetizer
18. Murder Groupie