Enter Shikari était difficile à rater cette année puisque c'est pas moins de six dates que le groupe britannique assurait sur nos terres, fait suffisamment rare pour le souligner. C'est donc à la Rochelle que nous avons eu le plaisir de nous rendre, dans la très belle salle industrielle de La Sirène, juste avant que le groupe d'ouverture, The Qemists, n'ouvre le bal de la soirée avec quarante cinq bonnes minutes de retard (nous en avions quarante, ouf!).
Le groupe joue dans un registre bien différent de ce à quoi je suis habituellement habitué mais le fait redoutablement bien. Drum n'bass, dubstep, rap-metal ou quelle que soit la définition que l'on donne à The Qemists, ils font parfaitement officie d'une première partie servant à chauffer la salle. « In the Jungle » déboule tel un tube, le son est fort et clair (en même temps, avec la quasi totalité de l'instrumentation en samples, c'est plus simple) et le refrain ressort immédiatement pour être chanté. On se posera légitimement la question de l'utilité d'avoir un guitariste servant aussi peu musicalement (qui joue en plus des parties synth) et aussi peu audible dans le mix, surtout que ses parties pourraient tout aussi bien être ajoutés aux synthés...et ce n'est pas sa présence scénique toute relative qui le sauve réellement. Tout l'inverse des deux vocalistes, notamment le rappeur, qui est un véritable lion sur scène. Le vocaliste clair/hurlé quant à lui, se fait plus discret mais assure à contrario beaucoup plus de parties vocales, usant et abusant de nombreuses pédales d'effets tant et si bien qu'il est finalement difficile de savoir quelle est sa véritable voix. Néanmoins, « Let it Burn », « Your Revolution », « We are the Problem » ou le dernier titre « Run You » (single du dernier album) sont autant de tueries très efficaces sur scène, malgré une certaine répétition au bout d'un moment dans les structures ou l'interprétation.
Enter Shikari
Enter Shikari arrive sur scène une trentaine de minutes plus tard et on sent bien que la pression est montée d'un cran très rapidement. Les musiciens arrivent progressivement sur scène, Rou Reynolds en dernier, tête basse, se posant devant son micro. « Enter Shikari » sert d'introduction avant « Solidarity » et l'explosion, Rou lançant son pied de micro avec son pied et le laissant lâchement tomber en même temps que Chris Batten (basse) commencer à sauter un peu partout sur scène (ce qu'il fera durant l'intégralité du show). Lui et Rou se montreront intenables du début à la fin, le génial chanteur/multi-instrumentistes possédant un jeu de jambes assez particulièrement en faisant bien souvent un pantin désarticulé attirant forcément les regards vers lui.
« The One True Colour » et « The Last Garisson » sont les premiers titres issus du dernier opus, le fameux « The Mindsweep » et on remarque rapidement que entre les premiers titres (provenant de « Take to the Skies » et ceux-là, le cap du live est sensiblement plus difficile, les morceaux récents étant beaucoup plus riches et complexes, notamment d'un point de vue vocal, en comparaison des deux premiers albums plus proprement metalcore. Le son, assez fort également et parfois brouillon, ne fait que renforcer cet état de fait. Cependant, « Radiate » ou l'énorme « There's a Price of your Head » démolirent littéralement tout sur leur passage, notamment ce dernier titre d'une violence remarquable sur scène. « Torn Apart » passera également très bien le cap du live tandis que le facétieux rappeur de The Qemists vient, le temps d'attirer notre attention, chanter sur un break improvisé des musiciens. Ces mêmes musiciens qui demanderont au public si quelqu'un a envie de « jouer » un beatbox. Un homme se tentera à l'expérience, Chris et Rob joueront ensuite une petite rythmique sur son rythme dans un sympathique moment de communion entre un groupe et son public. Communion également quand ce même bassiste jouera tout un morceau en plein milieu du public, demandant même un circle pit autour de lui (l'homme qui n'a pas peur de la mort!).
Rou traversera également le public pour rejoindre un magnifique piano qui avait été installé derrière nous afin de jouer au piano un sublime « Dear Future Historians ». Un titre montant lentement en puissance, Rou se levant du piano pour endosser ensuite une superbe guitare au corps entièrement en bois puis finir le titre avec une trompette à la bouche. C'est ce qu'on appelle un artiste complet. Artiste qui continuera de prouver son génie sur le monstrueux « Arguing with Thermometers » puis « Gandhi Mate, Gandhi » .
Le concert se terminera sur un monstrueux « The Appeal & The Mindsweep pt II », terrifiant de lourdeur, d'intensité et de pression sur sa dernière partie et venant parfaitement conclure le show.
Enter Shikari a démontré la légitimité de son statut ce soir grâce à un énorme jeu de scène et une véritable communication avec son public, même si on pourra regretter que certains titres soient aussi modifiés entre leur version studio et live, allant même parfois jusqu'à les dénaturer. C'est ce que certains attendent du live mais il faut admettre que cela se révèle parfois troublant. Cependant, rien qui ne fasse de ce concert un mauvais moment, bien au contraire. Une tournée qu'il ne fallait probablement pas manquée...les absents ont, une fois de plus, eu tort.
Il est vrai que ce n'est pas le concert le plus lisible que j'aie pu aller voir, que le son est parfois un peu brouillon, mais il est indéniable que le groupe dégage une énergie folle et que Roughton Reynolds, le chanteur court partout, communique réellement avec la scène, se retrouve dans ton dos sans que tu ne l'aies vu partir de la scène. Donc très rafraîchissant, quand même :)
Et "The Mindsweep" est un putain d'album ^^
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