Ce soir, c'est prog. C'est pas tous les jours que l'on peut assister à un concert de rock/metal progressif dans la capitale, alors autant en profiter quand il y en a un qui se présente. De plus, l'affiche est loin d'être dégoûtante, avec pour commencer le groupe de Hasse Fröberg, ex-vocaliste des Flower Kings, puis la légende Enchant, de retour en force depuis quelques années, et que l'on avait pas vue dans nos contrées depuis plus de dix ans. La salle qui accueille cet événement est plutôt originale, car il s'agit d'une sorte de club/scène, à l'arrière d'un pub sur le boulevard de Clichy. Il y a toutefois largement la place pour faire entrer tout le public, surtout que celui-ci n'était malheureusement pas très nombreux, peut-être moins d'une centaine. Dommage que le prog ''classique'' n'attire pas les foules, car les groupes plus modernes du style, eux, remplissent bien les salles (Leprous, The Gentle Storm). Sur ce, après avoir traversé le bar pour attendre devant la salle en discutant avec quelques fans étonnés que je puisse aimer les débuts de Genesis à 19 ans, on nous dit que l'entrée se fera ailleurs, par une petite rue perpendiculaire. Allons-y.
Abhorrance (USA-1)
Après un petit tour au stand de merch' et la patience d'usage, voici que débarque le valeureux suédois Hasse Fröberg, et ses Musical Companion, au nombre de quatre. Visiblement, peu les connaissent, même si par son passé le chanteur/guitariste nous rappelle des souvenirs. Pourtant, ce nouveau groupe créé à la suite du hiatus des Flower Kings en 2008 a déjà sorti trois albums, dont le dernier en date cette année. Gageons que ce concert soit l'occasion pour eux de se démarquer.
Sur le plan musical, c'est chose faîte : les cinq nous aurons éblouis d'un rock progressif typiquement suédois mais de haute volée, suffisamment riche pour que l'on ne s'ennuie pas, suffisamment propre pour que l'on ne soit pas perdu. Musicalement, c'est un pur produit suédois, où l'influence des Flower Kings est non négligeable, et nécessairement de Kaipa (Roine Stolt oblige), ou encore de The Tangent. On ajoute à cela quelques influences britanniques à la Genesis voire quelques touches de la scène de Canterbury. En grande majorité les titres proposés ce soir-là sont issus de HFMC, sorti il y a quelques mois, mais le constat est valable aussi pour les albums précédents. Sur scène c'est évidemment Hasse Fröberg qui fait office de figure de proue, fort sympathique au micro et très agile sur sa superbe Gibson Les Paul deluxe. Les quatre musiciens qui l'accompagnent ne sont pas en reste, ils sont d'ailleurs plus des amis que des ''gens recrutés au hasard pour former un groupe'', avec à la basse le très dynamique Thomas Thomsson, un Anton Lindsjö délivrant de magnifiques soli de guitare, Kjell Haraldsson s'éclate sur son double clavier, tandis que Ola Strandberg imprime un rythme élégant et efficace. Après une heure et quart de show, Hasse Fröberg et ses acolytes quittent la scène devant un public certes toujours pas nombreux, mais qui semble conquis, c'est le plus important.
1. Can't Stop the Clock
2. Everything Can Change
3. Godsong
4. Pages
5. Genius
6. Something Worth Dying For
7. In the Warmth of the Evening
8. Fallen Empire
Enchant
Se sont maintenant les cinq Américains d'Enchant qui sont attendus parmi nous. Personnellement je ne connais le groupe que depuis un ou deux ans, mais je comprends l'excitation des plus vieux fans, ou même de ceux qui suivent le quintette depuis la première heure, alors qu'ils avaient joué à Paris il y a vingt an de cela ! C'est l'heure pour Enchant de renouer avec sa fanbase.
Sachant que pour la majorité d'entre nous, l'album A Blueprint of the World de 1994 est parmi nos préférés, les Américains débutent sans hésiter sur At Death's Door, dans une setlist qui fait la part belle à cet excellent album. Globalement cette setlist est assez bien répartie entre les différentes périodes du groupe, même si certains bons titres sont obligés d'être laissés de côté : comme ils sont souvent longs il faut bien faire des choix. Celle-ci est d'ailleurs modifiée en cours de route, sous l'impulsion d'un spectateur très exalté réclamant des titres de l'album Juggling 9 Dropping 10. Pas décontenancé pour autant, le chanteur Ted Leonard se concerte rapidement avec le groupe, et décide finalement de jouer le très bon Paint the Picture, très bien interprété pour un morceau qui n'a pas été répété ! En revanche, comme le temps imparti n'était pas élastique, ils ont dû abandonner Nighttime Sky qui était prévu.
Vous l'avez compris, Enchant est un groupe éminemment sympathique sur scène, dynamique mais pas démonstratif, et chaleureux grâce à la gouaille du frontman Ted. En milieu de set, celui-ci en profite pour demander qui a acheté The Great Divide, leur dernier album en date. Des mains se lèvent. En revanche, quand il demande qui est assez courageux pour dire qu'il ne l'a pas acheté, je suis le seul à me faire remarquer. Ted me prend alors à parti, demandant qu'on me l'offre (à la fin du show, il vient avec moi au stand de merch me l'offrir de ses propres mains, et me le signer) ! Mis à part ce moment exceptionnel pour moi, et en essayant de rester objectif, il y a consensus pour dire qu'Enchant a offert à tous ses fans présents une superbe soirée, digne des plus grands groupes de prog.
Comme il s'agit aussi de la dernière date de leur tournée, les musiciens se lâchent complètement, et invitent sur scène Hasse Fröberg et ses amis pour un Fat Bottomed Girl de Queen génial qui part en improvisation à rallonge ! 10 musiciens brillants sur une même scène, l'effet est grandiose.
Un grand merci aux deux groupes, à Ted pour sa sympathie, et aux managers m'avoir permis de vivre ça.
1. At Death's Door
2. The Great Divide
3. Hostile World
4. Deserve to Feel
5. Monday
6. Aquaintance
7. Within an Inch
8. Sinking Sand
9. Paint the Picture
Rappels
10. Oasis
11. Fat Bottom Girl (avec HFMC)
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