Beermageddon Fest V : Black Messiah+Himinbjorg+Darkenhöld+Neptrecus@Paris Le Backstage

le Samedi 07 Novembre 2015, Le Backstage

En tant que neo-parisien, je dois avouer que si la Capitale me procure beaucoup de concerts que je ne pouvais pas voir dans ma province, elle reste avare en petits festivals. Car des dates comme le « Une Nuit En Enfer » ou le « Heavy Metal Ritual », ayant lieu dans de toutes petites villes et faisant venir un public d'amateurs exigeants, sont comme un alcool fin : on y prends plaisir à l'apprécier parce qu'on le savoure en petit comité, entre gens de même état d'esprit. Comme le dit la chanson :   « Combien de tours de France pour rentrer dans Paris boire ce bon vin gris ? »   Mais en bon provincial, je ne pouvais évidemment pas tout connaître et c'est ainsi que j'avais raté 2 éditions d'un petit festival qui avait pourtant tout pour correspondre à ce que je cherchais : le Beermageddon fest, organisé par l'association Battles' Beer. Ayant appris que Darkenhöld, l'un des groupes français m'ayant le plus touché ces dernières années, allaient être à l'affiche de la cinquième édition en même temps que les allemands de Menhir (ce qui m'aurait permis de ressasser à nouveau des souvenirs et de franches rigolades avec Heiko Gerull), je décidais donc d'aller participer à ce grand raout de Pagan/Black (même si finalement Menhir fût remplacé par Himinbjorg, ce qui ne nous fit pas perdre au change). C'est donc tranquillement que je me pointe en ce samedi soir particulièrement doux pour la saison au Backstage, minuscule salle de concert située à l'arrière d'un pub irlandais accolé au fameux Moulin Rouge : le mélange entre file de touristes et gros chevelus étant toujours aussi marrant (mention spéciale au grand en TS Isengard monté dans un bus de touristes pour gueuler divers trucs païens, à l'effroi manifeste du chauffeur!).



Neptrecus

Je ne connaissais de Neptrecus avant ce soir que ce que l'on m'en avait dit : un groupe de Black épique, parait-il très bon sur disque. Sur scène, je découvre un combo carré et efficace, pas avare de mélodies, effectivement assez épique et dont le son me rappelle un peu les grandes heures de la scène mélodique suédoise (le mur de guitares à un petit côté Thy Primordial pas dégueulasse du tout). Les morceaux sont mine de rien assez long mais très bien structurés et interprétés, on ne s'ennuie pas une seule seconde. Le groupe développe de belle manière une ambiance guerrière en parfait raccord avec leurs textes (tous axés sur des périodes de l'Histoire où l'on s'est copieusement mis sur la gueule) et le public, quoique encore assez clairsemé, se révèle réactif. Une bonne entrée en matière pour la soirée, et un groupe sur lequel je vais me pencher à l'avenir.

 

SETLIST NEPTRECUS

Chargez !

Quand le Chassepot rencontre la Dreyse

Auld Alliance

Les Cuirassiers de Morsbronn

Au Royaume De Neustrie

Darkenhöld

Darkenhöld est, musicalement parlant, un groupe différent du reste de l'affiche : si l'aspect historique, voire fantasy, est dans l'esprit de la soirée, leur Black très mélodique est inspiré de la vague de la deuxième moitié des années 90 (le groupe assume totalement ses influences Diabolical Masquerade, vieux Abigor, Wallachia, premier Godkiller, etc...) en fait un combo à part dans la scène Black mondiale. Il reste peu aujourd'hui de groupes de Black ayant une thématique médiévale assumée au point de reprendre à leur compte ce vieux concept de mettre une photo de château comme artwork d'album, et j'avoue que Darkenhöld arrive à titiller ma fibre nostalgique sur ce point. Comme en plus ils torchent de très bons albums, difficle de bouder son plaisir de les voir enfin sur scène. Mais de ce que j'en avais entendu dire, et des mots mêmes de leur chanteur Cervantes, les deux précédents passages des niçois en terres lutéciennes ne s'étaient pas révélés des plus convaincants. Le groupe n'en avait donc que plus à prouver, surtout qu'ils venaient ce soir là défendre leur excellent troisième album Castellum. Et il remportera la bataille avec brio. Proposant un set piochant à parts égales dans chacun de leurs trois albums (avec, évidemment, un petit plus pour le dernier), Darkenhöld délivrera un concert faisant office de machine à voyager dans le Temps : un riff, et l'on se retrouvait en 1997 assistant à un concert de Satyricon en Allemagne. Le groupe impressionne par sa maitrise de l'espace scénique, le chanteur Cervantes fait preuve d'un grand charisme (le fait de ne pas jouer d'instruments sur scène lui permettant d'affiner le contact avec la foule) et le choix de morceaux plus percutants permet de créer une atmosphère à la fois la fois épique et nostalgique mais aussi férocement guerrière,emportant rapidement l'adhésion du public. La salle s'est maintenant bien remplie, et Darkenhöld déclenche les premiers pogos de la soirée. À écouter certaines réactions d'après concert, ils ont largement fait oublier leurs précédentes prestations parisiennes : il suffisait de voir la ruée vers leur stand de merchandising durant l'entracte pour s'en persuader. Pour moi qui les découvrait enfin en live, ce fût en tout cas une excellente surprise que j'espère avoir l'occasion de renouveler régulièrement dans les années à venir.

 

SETLIST DARKENHÖLD
Under The Sign Of Arcanum

Le Souffle Des Vieilles Pierres

Wyvern Solitude Chant

Glorious Horns

L'Incandescence Souterraine

Sorcery

Crimson Legions

Himinbjorg

Prophecy, Belenos et Himinbjorg : la Sainte-Trinité du Pagan/Black français, les trois premiers groupes du genre à avoir abordé ces thématiques par chez nous. Et alors que d'autres groupes moins talentueux à l'étranger récoltaient les honneurs, les nôtres vivotaient difficilement et n'arrivaient pas à se faire connaître suffisamment dans et à l'extérieur de nos frontières. Pourtant à leurs débuts, Himinbjorg étaient signés sur le célèbre label US Red Stream, mais cela n'était pas suffisant. Comme souvent pour les groupes qui ne sont pas prophètes en leur pays, il fallu d'abord un split puis une reformation pour qu'une nouvelle génération découvre leur musique et leur livre enfin l'accueil qu'ils méritaient. Il suffisaient de voir à quel point le public se massait vers la scène, comment il réagissait en enchainant pogos et slams, comment il réclamait certains morceaux pour mesurer le chemin parcouru. Toujours mené par le bassiste/chanteur Zahaah, le groupe axa la quasi-totalité de son set sur leur dernier album Wyrd (5 morceaux sur leurs 8 propres), faisant juste un petit écart pour revenir vers Chants D'Hier, Chants De Guerre, Chants De La Terre... (2010) et In The Raven's Shadow (1997) le temps d'un titre pour le premier et de deux pour le suivant. On a coutume de dire d'un groupe qui sait mettre le feu sur scène que « c'était la guerre » : dans le cas d'Himinbjorg, ce ne furent pas temps les pogos violents à la limite de la bagarre que le souffle épique et guerrier qui se dégageait de leur prestation scénique qui permettait de faire ce genre de déclaration. Himinbjorg, c'est Vercingétorix massacrant des romains à Gergovie là où la majorité des groupes sonnent plutôt comme Obélix baffant des romains à Petibonum. Une prestation impeccable de bout en bout, et une empathie impressionnante avec le public. Même moi, qui ne connait pourtant absolument pas les 3/4 derniers albums du groupe, me suis fait happer par l'ambiance générale au point de hurler les mélodies en choeur en levant les poings en rythme. Le final, habituel pour le groupe, sur une reprise atomique du classique d'Impaled Nazarene déclenchera un pogo homérique qui chauffera le public à blanc pour la suite des hostilités. De très loin mon concert favori de la soirée.

 

SETLIST HIMINBJORG

Call To The Being (intro)

The Sword Of Dignity

The World Of Men Without Virtue – The Circle Of Disillusion

The Inverted Dimension

The Circle Of Warriors

Initiation

Destin De Sang

Rising

The Horny and The Horned (reprise Impaled Nazarene)

Black Messiah (GER)

De mon point de vue, on juge un bon petit fest sur la capacité de chaque groupe à dépasser le précédent en terme de prestation scénique ; et honnêtement, je n'attendais rien de la part de Black Messiah. Voilà typiquement le genre de groupe qui en général m'insupporte : costumes ayant servis dans 48 JdR Grandeur Nature, paganisme de bazar, choix volontaire d'axer les mélodies sur les aspects les plus « fête au village » du genre, ambiance « on est tous des potes, tiens voilà une bière », reprises de classiques disco digne d'une blague d'ivrogne en fin de repas dominical, et je ne parle même pas de leur nom qui évoque plus le groupe de Beumeuh dans son garage que le siège de Paris par les vikings en 885/886... Le genre de trucs que je supporte très bien aux repas d'après-match rugbystique dans mon village mais qui en général me gonfle sévère en concert Metal. Pourtant, le vieux rôliste que je suis devrait apprécier ce genre d'ambiances, mais rien à faire : au risque de passer pour un vieux con (mais sachez bien que je n'en ai rien à foutre), si j'ai envie d'une ambiance de bourrin saoul dévorant un cuissot de chevreuil avec les dents en écoutant de la viole, je vais dans une fête médiévale et pas dans un concert Pagan. Donc autant dire que je partais avec un à priori très négatif avant même que les allemands montent sur scène. Toutefois, Black Messiah est, musicalement et techniquement parlant, loin d'être le pire groupe du genre. Et comme mes à priori personnels ne doivent pas prendre le pas sur l'objectivité d'un report, j'ai fait l'effort de me rapprocher le plus possible de la scène pour voir de quoi il en retournait exactement. Exploit rendu relativement difficile compte tenu du fait que maintenant la salle semble être quasiment en capacité maximale : les allemands n'étaient pas venu à Paris depuis 2008, et clairement on voyait qu'ils avaient manqué au public.

 

Donc musicalement, Black Messiah ça vaut quoi sur scène ? Il faut déjà partir du principe que eux jouent dans la partie la plus Heavy, voire Thrash, de la scène Pagan. Pour le Black, vous repasserez : on entendra pas une fois ici la Chasse sauvage ou les loups hurlant dans les forêts boréales. Pour reprendre l'analogie présentée plus haut, Black Messiah c'est plus le banquet de fin d'album dans Astérix. Mais, dans certains cas, ça poutre. Quand le chanteur Zagan y va de ses solos au violon électrique, épaulé par les deux guitaristes, ça sonne comme un mélange entre Skyclad et Korpiklaani : pas forcément nul, mais trop gentillet. Là où le groupe m'a soudainement surpris, et en bien, fût quand Zagan décide de lâcher son violon et de prendre à son tour une guitare : avec 3 guitaristes, dont les riffs couvrent du coup totalement les claviers, Black Messiah POUTRE. Et fort. Très, très fort. Du coup, ça faisait gros Speed allemand mais par des mecs en fourrure. Et avec une croix à l'envers autour du coup pour montrer qu'on est un vrai gros méchant, c'est tellement Pagan le crucifix inversé.

 

Mais bon, le le public suit : de bouillant sur Himinbjorg, on assiste ici à une véritable explosion volcanique dans la fosse. En témoignent entre autres les cinq mecs finissant en sueur et à moitié à poil dans une danse homoérotique mais en toute amitié franche et virile, ou la jeune asiatique qui se retrouve portée soudainement sur les épaules du public : on a beau avoir vu pas mal de trucs WTF en 25 ans de concerts, il faut reconnaître que hier soir à amené son lot d'anecdotes pas banales qui font les bons souvenirs. Alors on ne va quand même pas trop se plaindre et faire le frustré, parce que quand même... Merde, c'était bien jouissif.

 

Et forcément, la question se pose : pourquoi, oui POURQUOI le groupe ne propose pas des choses aussi bonnes sur albums ? Parce que franchement, même si je continue à trouver çà vraiment trop gentillet sur disque, il me faut bien admettre que hier soir Black Messiah a donné une prestation professionnelle et carrée. Allemande, quoi : ach, le Metal, kolossal finesse ! Et le groupe semblait être ravi, malgré la chaleur infernale qui régnait (les nombreux pogos n'aidaient pas à sentir souffler la clim'), au moins autant que le public qui était venu les accueillir. Évidemment, on peut trouver que faire un rappel sur une chanson à boire c'est couillon et pas tellement païen (sauf si l'on considère que les vikings sur les cannettes de Pils bataves sont des symboles païens et pas juste un truc mis là parce qu'un punk qui dégueule c'est moins vendeur) mais bon... J'ai passé un bon moment. Pas au point de me ruer sur leur stand de merch' pour m'offrir leur discographie entière avec un un t-shirt en plus, comme certains que j'ai vu faire, mais au moins pour dire que je n'avais pas perdu ma soirée. Encore que, d'un avis strictement personnel, les prestations d'Himinbjorg et de Darkenhöld avaient largement suffit à me contenter. Black Messiah à ce festival, c'est un peu comme la crème fouettée sur la part de crumble : ce n'est pas forcément utile d'en avoir pour apprécier la pâtisserie, mais c'est quand même sympa d'en avoir.

 

SETLIST BLACK MESSIAH

Intro

Gullveig

Jötunheim

Vor Den Toren Valhalls

Riding The Drakkar

Söldnerschwein

Into The Unfathomed Tower

Windloni

Der Ring Mit Dem Kreuz

Lindisfarne

 

RAPPEL

Sauflied

 

Au final, une bonne soirée et un bon petit fest local. Un grand merci à l'association Battles' Beer, et tout mon soutien pour le futur : je le saurais pour les années suivantes, le Beermageddon pourra compter sur ma présence. En espérant qu'il dure encore de nombreuses années pour nous proposer encore d'autres affiches aussi sympathiques que celle-ci. Et comme le dit la chanson :

"à Paris la grande ville
Agréable et gentille
J'ai bien passé mon temps"


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