Wildpath

Je rencontre aujourd'hui, lundi 2 mars 2015, le groupe Wildpath, au Hard Rock Café de Paris. Groupe éminemment sympathique, amical, et blagueur ! La moitié du groupe a répondu à mes questions, soit Matthias (guitare), Nicolas (basse, chant de temps en temps mais ce serait bien qu'il chante plus) et Pierre (batterie). Qu'est-ce qu'il faut retenir de cet entretien ? Qu'ils vendent bien leur produit, et que si tout le monde n'a pas la chance de les voir en interview il faut au moins aller les voir en concert. Et, révélation, on peut aimer le metal, la musique électro, la pop, et Bob Marley. Ouais, carrément. Sur ce, bonne lecture.

Merci au groupe, à Replica Promotion et à Mataï.

interview Wildpath1. Cette année vous célébrez vos quatorze ans de carrière, ainsi que la sortie de votre quatrième album : comment est-ce que vous le prenez ?
Matthias : Ça nous fait vieux (rires) ! En fait on est pas si vieux que ça, parce que ce line-up là il existe depuis moins longtemps, il a été mis en place en 2008 après Nyx Secrets, et avant Non Omnis Moriar, vu qu'on a joué dessus.



Pierre : Oui il n'y a que Olivier et Alexis qui restent du line-up fondateur, nous autres on est arrivé après, donc ça fait qu'on est pas si vieux que ça !



Matthias : Et oui c'est notre quatrième album déjà, ça nous rend fier bien sûr.

2. Vous avez donc sorti Disclosure il y a exactement un mois, pouvez-vous rapidement le présenter ?

Matthias : Alors c'est donc notre quatrième album, il y a onze titres, et il dure un peu moins d'une heure. C'est un concept album, il y a des thèmes communs aux chansons.



Pierre : C'est un album très personnel en fait. Il reflète beaucoup nos diverses influences, les choses qu'on aime écouter en ce moment.



3. On sent sur ce disque une approche beaucoup plus moderne, avec notamment plus de touches électroniques, pouvez-vous expliquer comment est venue cette décision ?
Nicolas : C'est très naturel, c'est tout-à-fait naturel, c'est parce qu'on aime bien écouter ce genre de musique, et on trouve que les arrangements de type dubstep se mélangent très bien avec le metal.



Pierre : Ce qui est important c'est qu'on ne s'impose pas de limite. Tu vois quand on a sorti nos premiers albums on nous a caractérisé de metal symphonique ou de speed symphonique. Nous on considère pas qu'on joue dans ces styles en particulier, et on ne va pas chercher à rester dans ces cases. On compose comme on le sent, et on joue ce qui nous plaît à ce moment précis.



Nicolas : C'est exactement ça, on ne se met pas de barrières. Si on veut ajouter de la dubstep on le fait, parce que ça nous plaît comme ça.



Pierre : Et puis pour nous, finalement, que ce soit du speed symphonique ou autre chose, l'important c'est que ça tabasse !



Matthias : Exactement ! Tout ce qui compte c'est que ce soit de la musique qui tabasse, je crois qu'on est tous d'accord là-dessus, c'est ce qu'on aime.

4. Nicolas chante pour la première fois sur une chanson entière, Hollow, qu'est-ce qui vous y a poussé ?
Matthias : Nicolas est très modeste, mais dans le groupe on est tous d'accord pour dire que Nicolas a une très belle voix. On savait qu'il chantait, mais on avait pas franchi le pas de le faire chanter entièrement sur un morceau, et là c'est fait. Il chantait déjà un peu sur les albums précédents, et les gens aimaient bien sa voix.



Pierre : Dans tous les albums précédents de Wildpath il n'y avais jamais de ballade, et là c'est quelque chose qu'on voulait faire. On trouvait que c'était super que ce soit une voix masculine sur cette ballade et que ça rendait super bien.



Nicolas : Oui, et puis il y a Marjo qui chante aussi sur Hollow avec moi. On aime beaucoup cette dualité avec du chant féminin et du chant masculin, ça permet de faire des trucs vraiment bien, ça ouvre plein de possibilités.

5. Est-il prévu qu'il chante plus souvent à l'avenir ? Une carrière solo ? (rires)
Pierre : En tout cas si Nicolas prépare une carrière solo pour l'instant on est pas prévenus (rires) !



Nicolas : Non t'inquiètes pas c'est pas prévu !



Matthias : Comme on t'a dit on a eu d'excellents retours pour la ballade Hollow, ça nous a fait très plaisir, les gens ont très bien réagi. Du coup oui, on pense le faire chanter plus les prochaines fois, ou autant.



Nicolas : Oui, je pense que dans le futur je vais essayer de chanter un peu plus. En fait, tous les matins je mets du cyanure dans le café de Marjo, et comme ça un jour je prendrais sa place (rires) !



Pierre : Je le savais !



Matthias : On va peut-être arrêter de te pourrir ton interview, et essayer de répondre à ta question (rires). Honnêtement je pense qu'on se dirige tout doucement vers une répartition du chant moitié moitié entre Nicolas et Marjo.



Nicolas : Peut-être pas autant. En studio ça passe, mais quand je me retrouve sur scène, à devoir jouer de la basse et assurer le chant en même temps c'est plus difficile !



Matthias : Oh ça va, c'est que de la basse (rires) !



Nicolas : Mais euh ! Mais c'est vrai que ça me tente de chanter plus. Même si c'est loin d'être évident, ce genre de petit défi technique me plaît.

6. Vous vous démarquez des nombreux autres groupes de metal symphonique par un côté moins grandiose, moins porté sur la grandiloquence. Est-ce voulu, est-ce naturel pour vous ?
Matthias : Comme on te l'a dit on ne se considère pas vraiment comme du metal symphonique, et donc c'est normal pour nous de ne pas avoir ce même côté grandiose comme tu dis. Sur Underneath on jouait quand même quelque chose de très orchestral, et très épique, donc il y avait cette grandiloquence. Sur Disclosure beaucoup moins, c'est dû à l'aspect plus personnel, intime de cet album.



Pierre : C'est un album plus raffiné.



Nicolas : Raffiné (rires) ?



Pierre : Oui, raffiné (rires) !

7. Vous avez joué récemment à Paris au Divan du Monde, avec Benighted Soul et Adrana : que retenez-vous de ce concert ?
Pierre : Ouf. C'était ouf. Super salle, super public, super groupes qui nous soutenaient. On était très contents du son qu'on a eu, qui nous a vraiment permis de faire un spectacle de qualité.



Matthias : On était un peu anxieux pour ce concert, vu que c'était la première foi
interview Wildpaths qu'on jouait Disclosure, et c'est toujours comme ça la première fois qu'on joue les nouveaux morceaux sur scène. Mais les nouveaux morceaux ont été très bien accueillis par le public, ça nous fait très plaisir. Quand on était sur scène on voyait les visages dans le public qui nous souriaient, donc on savait que c'était bon.



Nicolas : On était anxieux aussi à propos de la coupure acoustique au milieu du concert, on avait peur que ça casse l'ambiance. On a repris un ancien morceau en acoustique et on a joué Hollow dans la foulée, ce qui a fait une pause complètement acoustique pendant le concert, et les gens ont finalement beaucoup apprécié.



8. Y a-t-il d'autres dates prévues prochainement ? Une tournée ? Des festivals ?
Pierre : Oui en ce moment on essaye de faire plus de concerts, pour promouvoir Disclosure, le faire connaître aux fans. Le 14 mars on sera à Tours, avec Adrana et Benighted Soul, et après on sera à Nancy, je ne me souviens plus quand …



Nicolas : Pas de festival en tout cas pour l'instant, ni vraiment de tournée, c'est un peu compliqué pour nous. En fait on veut faire des salles qui puisse nous accueillir et proposer la qualité adéquate. On est six sur scène, on a besoin de place, donc on peut pas faire de toute petite salle. Et puis Wildpath c'est un son complexe, il y a deux guitares, l'orchestre, deux micros, il nous faut une salle qui puisse reproduire le plus fidèlement possible notre son. C'est pour ça qu'on n'enchaîne pas les dates non plus.

9. Vous pensez aussi jouer Disclosure à l'étranger ?
Matthias : Déjà qu'en France c'est pas évident, alors à l'étranger c'est encore plus compliqué !



Nicolas : On va quand même essayer, ce serait vraiment sympa, et nous on est partant pour ça, mais c'est surtout une question de moyens et de logistique.



Matthias : Je pense que c'est possible de faire les pays limitrophes, on peut faire la Belgique, l'Allemagne. L'Italie aussi, ou des conneries comme ça (rires) !



Nicolas : C'est pas gentil pour les italiens !



Pierre : Ouais, c'est trop bien l'Italie ! Ils ont les pâtes, les pizzas (rires) …



Matthias : Bien sûr qu'on aimerait aller plus loin, sortir de nos frontières, mais pour l'instant c'est malheureusement pas dans nos moyens.

10. L'album semble avoir été enregistré assez longtemps avant sa sortie, comment ça s'est passé ?

Pierre : Non c'était il y a pas si longtemps que ça.



Matthias : Non, pas vraiment … ça a été enregistré quand déjà ?



Nicolas : Je crois qu'on était entré studio en décembre 2013 …



Pierre : Ah oui ça fait quand même assez longtemps (rires) !



Matthias : Oui c'est ça, on a commencé à enregistrer en décembre 2013, donc il y a plus d'un an, mais on y est resté assez longtemps. L'avantage avec Wildpath c'est qu'on a notre propre studio, le Wildpath studio, donc on est pas du tout pressé par le temps quand on enregistre. On a pas comme dans les studios classiques deux semaines top chrono pour enregistrer nos morceaux. Du coup quand on est toujours à améliorer quelque chose, à ré-enregistrer certains passages …



Nicolas : Donc en fait on a commencé à enregistrer il y a assez longtemps, mais il ne s'est pas passé tant de temps que ça depuis la fin des enregistrements.



Matthias : Après c'est Alexis qui s'occupe de tout ce qui est du mix et du mastering, tout seul, et c'est lui aussi qui fait le design et le booklet. Une fois qu'on a enregistré nous on se tourne les pouces, pendant qu'on le laisse bosser (rires).



Pierre : On a aussi passé nous pas mal de temps pour la promotion avant de sortir l'album, pour chercher des salles, pour démarcher les labels. On a aussi refait le site internet, enfin, ça c'est Nicolas qui l'a fait. Et c'est www.wildpath-music.com !

11. La production paraît assez froide et synthétique, contrairement aux albums précédents, qu'est-ce que vous en pensez ?
Matthias : Alors justement on est pas du tout d'accord ! C'est pas la première fois qu'on entend ça pour Disclosure, on nous l'a dit plusieurs fois et on est très surpris parce qu'on est pas du tout d'accord avec ça.



Pierre : On est d'accord pour dire que la production n'est pas la même que sur Underneath par exemple, mais on ne la trouve pas froide du tout.



Matthias : Le problème, c'est que quand on parle de la production, on en parle en la comparant à celle d'autres groupes, et donc pour nous, à celle d'autres groupes catégorisés en metal symphonique. Justement nous on ne se réclame pas du metal symphonique, et donc c'est normal que notre production ne soit pas la même que chez Epica ou Within Temptation par exemple. Avec ces groupes actuels de metal symphonique, la production est assez "popisée", c'est-à-dire que, comme dans la pop, on a rien contre la pop, on cherche au maximum à mettre la voix en avant, et que la voix atteigne plus l'auditeur. Et si on nous compare à ça, effectivement ça rend "froid".



Nicolas : Et quand on parle de la production, le mot froid est péjoratif.



Matthias : Oui c'est ça, même si j'imagine que tu ne voulais pas le dire dans ce sens là.



Pierre : Sur cet album, ce qu'on a voulu faire, c'est de bien faire ressortir les voix et les guitares, mais moins mettre en avant l'orchestre et la basse.

12. Pouvez-vous l'expliquer plus précisément le concept dont vous parliez tout-à-l'heure ?
Matthias : Alors le concept derrière l'album, c'est presque quelque chose d'obligatoire pour Wildpath. Chez Wildpath c'est toujours Olivier et Alexis qui composent, et pour composer ils ont besoin du concept, comme d'une ligne directrice pour bien construire leurs idées.

Il y a plusieurs couches en réal
interview Wildpathité dans ce concept. Il y a plusieurs manières de le comprendre. Les gens qui suivent Wildpath depuis nos débuts le comprendront d'une manière qui prendra en compte ce qu'on a fait avant, il y aura les gens qui nous connaissent un peu avec l'avant-dernier album, et ceux qui nous découvrent en ce moment le comprendrons d'une manière encore différente.



Nicolas : Et là le concept en question c'est la créativité contre la productivité. On a un personnage, qui représente la créativité, et qui doit se battre contre un monde artistique qui veut que de la productivité. Ce personnage devient complètement comme banni, et exclu de la société. C'est un peu un monde à la Georges Orwell avec Big Brother.



13. Il y a donc une morale ?
Nicolas : Nous ne sommes pas des moralisateurs, on ne veut pas faire la morale aux gens, on est pas là pour ça. Mais nous, nous sommes des artistes, et c'est un sujet qui nous touche particulièrement. La créativité c'est primordial pour nous, et la productivité est notre ennemi. Nous faisons tout pour ne pas tomber dans ce qui se passe pour une grande partie de l'industrie musicale. Si on prend l'exemple de la pop, même si on aime bien la pop et qu'il y a toujours de très beaux morceaux dans la pop, on voit bien qu'actuellement ce n'est plus très créatif.

14. Justement vous avez l'air d'avoir des goûts musicaux assez variés, quels sont vos coups de cœur musicaux du moment ?
Pierre : Alors moi ce que j'écoute en ce moment, c'est pas metal du tout. C'est un américain qui s'appelle Thundercat, et qui joue de la basse dans un style plutôt jazz fusion. J'écoute beaucoup ça en ce moment, je trouve ça très intéressant, le premier est très bon mais le dernier en date je le trouve un peu moins bon.



Matthias : Personnellement je suis plus dans un trip metal moderne un peu technique à la Tesseract ou Periphery. Il y a vraiment des bonnes choses de ce côté-là, c'est assez innovant, surtout question rythmique, et ça me plaît beaucoup.



Nicolas : Moi je suis d'abord un grand fan de power metal, à la Blind Guardian, Stratovarius, Evergrey …

15. Le dernier Evergrey ?
Nicolas : Non, pas vraiment, je suis un fan de la première heure, j'aime beaucoup les débuts du groupe, même s'ils sont moins connus. Sinon j'écoute un peu d'électro, un peu de pop. Et en ce moment il y a un album que j'écoute souvent, c'est du Bob Marley.



Matthias et Pierre, en chœur : Sérieux ?!



(On entend Alexis et Olivier qui rient derrière)



Nicolas : Oui sérieusement ! J'aime bien de temps en temps, et puis il y a du groove, pour un bassiste c'est intéressant.

16. Sur scène vous êtes apparus avec un style vestimentaire très soigné, très élégant, pouvez-vous nous en dire plus là-dessus ?
Matthias : On aime bien ne pas faire les choses à moitié, et aller au bout du concept. Les gens apprécient beaucoup ça, que notre musique fasse un tout sur scène ou sur album. On aurait pu venir jouer comme on est aujourd'hui, en jean et t-shirt, mais ça colle moins avec l'univers de Wildpath.



Nicolas : Du coup le but pour les concerts maintenant c'est d'être en accord avec le style actuel de Wildpath, qui est un peu années 30. Tu le vois sur la pochette, les années 30 c'est une ambiance qu'on aime tous beaucoup dans le groupe.



17. D'où vient l'idée du tatouage à trois traits ?
Matthias : Pour ceux qui nous suivent depuis plus longtemps, et qui sont venus nous voir pour les tournées de précédents albums, à chaque fois il y a un signe distinctif qui nous uni. La dernière fois pour on avait tous une petite touche de bleu sur nous, ça pouvait être une mèche de cheveu, un brassard. On aime bien ce petit jeu, pour ceux qui nous observent et qui remarquent que tous on a quelque chose en commun. Ça permet là aussi d'aller au bout du concept. Et là les trois traits représentent le nouveau logo de Wildpath.

18. Quels sont vos plans pour le futurs ? Avez-vous déjà des nouvelles compositions prêtes ?
Pierre : Pour le moment on ne s'occupe pas du tout de nouvelles compositions ou de futur album. On est totalement impliqués dans la promotion de Disclosure, on fait une seule chose à la fois. Là le but c'est de faire des concerts, de présenter Disclosure à nos fans. Donc les plans pour le futur c'est vraiment de faire plus de concerts.



Matthias : On a pris un peu de retard ces dernières années question concert, on va essayer de rattraper ça !



Pierre : Oui, il faut battre le record de concerts de Wildpath, ça devrait pas être très dur (rires) !

19. Pensez-vous un jour à enregistrer un album avec un orchestre symphonique/philharmonique ? Ou en rêvez-vous ?
Matthias : Oui bien sûr, c'est un rêve. Ça rendrait vraiment bien avec notre musique, ce serait un énorme plus. Mais on en est pas encore là, c'est clairement pas dans nos moyens, et donc pas dans nos objectifs du moment. Donc pour l'instant c'est plutôt un rêve. Par contre on avait déjà joué avec un mini-orchestre sur scène, et un chœur. C'était très sympa, et ce serait chouette de renouveler différemment l'expérience.



20. On arrive à la fin de l'interview, est-ce qu'il y a des questions que vous auriez aimé que je pose ? Est-ce que vous avez quelque chose de spécial à déclarer ?

Matthias : Non … je crois qu'on a pas trop dit de conneries, c'est déjà bien (rires) ! Pour ceux qui ont écouté l'album j'espère qu'il vous plaît, et pour les autres, j'espère qu'il vous plaira !



Pierre : Et n'hésitez pas à venir nous voir sur scène, vous trouverez toutes les informations sur notre page facebook et sur notre beau site internet !

Interview done by LeLoupArctique

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