Sidilarsen

Sidilarsen pour moi, c'est un peu l'archétype des rockeurs français, les vrais. Ils jouent d'abord pour la plaisir, sans se prendre la tête, mais avec un réel engagement sincère et enthousiaste. J'ai pu rencontrer ''Viber'', alias Benjamin Bury lors d'une journée promo à Paris, pour discuter entre autres du nouvel album, Dancefloor Bastards, tout juste sorti.

(Pour plus de réalisme, vous pouvez lire cette interview avec l'accent toulousain)

interview Sidilarsen1. Votre nouvel album Dancefloor Bastards sort dans dix jours, comment est-ce que tu pourrais le présenter rapidement ?
C'est notre sixième album, probablement notre plus spontané et notre plus énergique. On s'est senti le plus libre depuis nos débuts. On a une grosse envie de le faire écouter et de le défendre sur scène bientôt.

2. Et le titre Dancefloor Bastards ?
Ça vient d'un des morceaux de l'album, où on revendique notre liberté de choix, de créer un mélange qui est notre façon de faire. On fait ce qu'on aime, comme on le sent. On revendique ce qu'est notre identité ''Sidi'', notre fierté. Et le titre Dancefloor Bastards résume d'un côté la sueur sur scène et le côté bastards pour l'aspect salopard, sale, à notre sauce. On prend des ingrédients un peu partout, donc on est fils de plein de styles musicaux qu'on mêle à notre façon. Donc on est des gros bastards (rires) !

3. Sur la pochette on voit le retour de votre symbole, le tire-bouchon ''De Gaulle'', qu'on avait pas vu depuis longtemps, qu'est-ce que ça signifie ?
Il y a un retour de l'énergie assez brute, mais on n'a pas voulu faire un retour aux sources ; l'album est une nouvelle page avec tous les ingrédients qu'il y avait déjà avant mais poussés plus loin. Le De Gaulle est revenu parce qu'on aime bien quand il y a un visuel fort, qui attrape l’œil, mais en même temps on voulait quelque chose de plus organique et plus chaleureux, peut-être un peu plus sale. On avait cette idée de mêler notre symbole avec cet aspect animal et crade. On trouvait aussi qu'il y avait une corrélation évidente entre ce qu'il y a dans l'album et le visuel. C'est le graphiste avec qui on travaille qui nous a sorti ça, Veks Van Hillik. Il fait des expos, et travaille d'habitude sur des formats un peu plus grands que ça. Il est tatoueur aussi.

4. Vous avez sorti l'album en deux ans, c'est allé très vite, comment ça s'est passé ?
La tournée de Chatterbox a fini en décembre, on avait pas mal écrit entre les dates donc on avait les morceaux et on est entrés en studio en janvier. La signature avec Verycords a accéléré les choses, puisque le label voulait une sortie avant l'été. On a déchargé le camion, on est entrés en studio, enregistré, mixé, et la sortie est fin avril. C'est vrai que c'est très rapide et en même temps il y a une urgence sur cet album et j'aime bien ce côté là. C'est très rock, moins réfléchi que d'habitude, moins prise de tronche. On a foncé, on est allés tout droit.

5. Les compositions on été prêtes très rapidement ?
Oui assez rapidement. On a travaillé sur des ossatures de morceaux en construction, vu qu'on aime bien démarrer sur quelque chose de très simple, avec la basse, la batterie et un peu de guitare. Et on pose ensuite les chants dessus. Je ne te cache pas qu'il y en a deux-trois qu'on a bien triturés en studio (rires). Il a fallu prendre des décisions rapidement pour arriver à nos fins.

6. Lesquelles ?
Dancefloor Bastards étonnement, Guerre à Vendre, qui ont subi beaucoup de changements. C'est les petites histoires du studio !

7. Globalement je le trouve l'album plus brut, plus punchy, par rapport à Chatterbox que je trouvais parfois mélancolique, c'est une volonté de changement ?
Paradoxalement il y a un côté très sombre sur cet album, parce qu'en 2015 il y a eu des drames qui nous ont vraiment beaucoup touchés, et ça se ressent dans l'écriture et l'atmosphère de certains morceaux. Après le titre éponyme est plus léger, Go Fast aussi. En tout cas on a moins superposé de strates de guitare, ou de voix. On a beaucoup gardé de premières prises, pour mettre plus d'air et plus d'expressivité. En arrivant à Chatterbox on avait encore des envies non assouvies d'alle
r au bout de notre son, de faire quelque chose de chiadé, nickel. Ça on l'a fait sur Chatterbox, donc cette page était tournée. Là on a voulu choper l'essence et l'énergie première, et effectivement je pense que ça a porté ses fruits, qu'il y a plus de personnalité et d'expressivité. Mais ça ne renie en rien ce qu'on a fait avant. C'est vraiment une autre étape.

8. Une petite question très précise, c'est des percussions qu'on entend sur Méditerranée Damnée ?
Oui il y a eu des arrangements de percussions. Il y a même eu des moments où on se frappait avec les mains sur la poitrine pour faire les sons, c'est enregistré (rires). On a frappé sur le sol des fois aussi. Et le batteur a fait un gros boulot sur cet album, il a vraiment pu se lâcher. En globalité on s'est laissé plus de liberté et chacun a pu s'exprimer à sa guise, c'est important pour nous.

9. Avec Méditerranée Damnée, Guerre à Vendre, il y a beaucoup de textes engagés, peut-on les décrire ?
Guerre à Vendre parle du marché de la guerre, il y a des actions menées en politique internationale qui influent sur les guerres ; c'est bien de voir les conséquences, de dire ''houlà c'est horrible !'', mais c'est bien aussi de trouver les causes. Les guerres font vendre des armes, les conflit alimentent des profits ailleurs par ricochet, et c'est très déprimant. En France on est très haut-placé dans la hiérarchie des vendeurs d'armes, alors qu'on est un tout petit pays. On parle aussi des flux migratoires, des gens qui sont obligés de quitter leur pays pour protéger leurs enfants et leur propre vie. On doit faire face à plein de nouveaux problèmes, est-ce qu'on est vraiment un pays d'accueil, ou on laisse les gens crever. Nous on est des méditerranéens, on a des histoires communes avec les pays autour, et donc on peut se sentir très proches de ces gens-là. Ça parle de cette émotion là, et de ce que ça peut provoquer comme colère.

10. Sidilarsen a un rapport toujours très fort avec la politique actuelle …
C'est toujours pareil, on a envie que les choses aillent mieux … les gens ont des vies différentes et se ressemblent en même temps, mais une chose est sûre, si on était plus solidaires tout irait mieux. Plus les gens autour de soi sont heureux, plus on est heureux soi-même, puisqu'être heureux tout seul ça sert à rien (rires). On parle toujours de ça avec Sidilarsen, le bas de la pyramide se réveille, remue les choses, et renverse le tout. C'est très caricatural comme ça, mais ça commence avec les gens autour de soi. Avec notre public on a toujours pu se parler, on peut se comprendre très bien. En ce moment il y a Nuit Debout, les gens peuvent s'y parler, c'est déjà très positif en soi, et puis on est obligés d'être révoltés putain !

11. Est-ce que Sidilarsen pourrait faire une chanson sur la mobilisation actuelle ?
Oui c'est hyper intéressant, même s'il faut être inspiré évidemment ! Puis il y a un côté militant à monter sur scène, ça fait bientôt 20 ans pour nous, on gagne pas vraiment d'oseille, on fait ça par passion. C'est un choix de vie, mais qui nous permet de rester libre. Ça a un prix, c'est pas facile tous les jours, mais on est notre propre patron. C'est un choix qu'on revendique et c'est très cohérent avec ce qu'on exprime dans nos textes.

12. Il y a aussi des chanson qui parlent de tournée, comme Go Fast, qui répond je trouve à Si Près de la Flamme sur Chatterbox …
Go Fast c'est un truc pour se marrer, avec un côté V8, à l'américaine, un peu sale. C'est pour parler de 80% du boulot, c'est à dire la route (rires) ! On est sans arrêt sur la route, on vient de Toulouse et on joue beaucoup dans la moitié Nord, donc ça fait plus de bornes que ceux qui habitent à Paris. On rêve d'aller beaucoup plus vite, de se téléporter (rires). C'est une partie de notre
vie, donc c'est un peu autobiographique. Puis ça donne un peu d'air frais dans l'album et de dérision. Bien sûr on n'encourage personne à rouler très vite sur la route, c'est très dangereux, déconnez pas, ne faites pas ça chez vous (rires) !

13. Vous apparaissez dans un bouquin récemment, qui s'appelle ''La France est Rock'', comment ça s'est fait ?
Il faudrait poser la question à l'auteur (rires) ! C'est une démarche qui retrace un peu l'histoire de la scène française, qui est une belle scène. On est pas un pays très rock dans son ensemble, c'est pas toujours évident. Je l'ai pas lu, mais je soutiens (rires) !

14. Du coup c'est quoi ta vision de la scène rock/metal française actuellement ?
Il y a plein de trucs bien, c'est une famille. C'est une scène qui a survécu et maintenant il y a un petit coup de boost avec des groupes qui s'en sortent très bien. Mass Hysteria marche énormément en ce moment, Black Bomb A sort un live récemment … On est très fiers de partager la scène avec eux, on se connaît bien à force de se croiser. Il y a des mecs qui ont des convictions et qui vont loin dans ce qu'ils font, dans l'honnêteté artistique. À l'internationale ça fait une dizaine d'année qu'il n'y a pas eu de renouveau, pas d'explosion de nouvelle tendance, mais la scène française en elle-même j'en suis très fier.

15. Sidilarsen à l'étranger ça se passe comment ?
Ça se passe bien ! Il y a eu deux petites tournées en Allemagne sur le Chatterbox tour, puis là on va jouer en Russie. On va jouer devant du monde, puisqu'on partage la scène avec un groupe connu là-bas. Ça promet une expérience assez étonnante ! C'est un groupe qui n'est pas du tout connu en France, ça s'appelle Severny Flot. Globalement toutes les incursions qu'on a pu faire à l'étranger se sont toujours très bien passées. Même en Roumanie, on a joué dans un festival sans notre matos, sur des amplis dégueulasses, c'était catastrophique, mais ça s'était très bien passé (rires) ! On a jamais trop senti la barrière de la langue, le sens des morceaux transparaît quand même. Même si tout n'est pas limpide on sent quand même l'énergie derrière et vaguement ce que ça veut dire. C'est de l'entertainment avant tout !

16. Il y a justement une tournée qui vient pour les prochains mois, ça s'annonce comment ?
On démarre le 5 mai au Rolling Saône, à Gray. On avait déjà joué à ce festival, on avait été très bien reçus, et là ils nous refont jouer. Ça met un peu la pression mais ça s'annonce bien ! On a pas mal de dates en juillet/août pour les festivals, puis la vraie tournée des clubs à la rentrée avec toutes les nouveautés qu'on aura travaillées. On va quand même jouer des nouveaux morceaux dès les premières dates cet été.

17. Vous avez un nouveau label, c'est la première fois que vous sortez chez un aussi gros label …
Oui ça faisait deux albums qu'on était entièrement indépendants, on avait besoin de reprendre la main pour maîtriser toute la communication et le contenu de tout ce qu'on disait. Là il se trouve qu'on s'est très bien entendus avec Verycords, avec des buts et des envies communes réalistes. Ils savent travailler, connaissent très bien la scène à guitare et ça nous convient très bien. On revient un peu dans le milieu officiel, mais sans perdre de liberté, il n'y a aucune concession. Être soutenu, reconnu, ça aide bien. Tout faire tout seul ça a des avantages, mais c'est vraiment épuisant à la longue.

18. C'est quoi alors le futur de Sidilarsen ?
Je souhaite qu'un maximum de gens puissent écouter l'album, les premiers retours sont très positifs. On est plus motivés que jamais ! On a une nouvelle équipe avec qui ça marche très bien. Puis on va défendre ce nouvel album jusqu'au sang (rires) !
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interview réalisée par LeLoupArctique

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