1 / Salut salut, Markus ! Quoi de neuf avec Omnium Gatherum ces jours ci?Markus Vanhala : Hell-o ! Tout le monde va bien ici ! On est relax, on recharge les batteries et on attend la tempête qui va commencer avec la sortie officielle de l'album. Pour une fois, on a tout enregistré à temps, et bien avant la date prévue, donc cette année il n'y a aucune raison de se presser...ce qui est très différent de ce qu'on a pu connaître avant. On a fait notre dernier concert pour le Beyond The World Tour 2013-2015 en septembre et après ça on a fait un tit break, parce qu'on a quand même fait plus de 150 show autour du monde.
2 / Ton groupe a démarré en 1996 et là on est en 2016...ce qui veut dire que ça fait 20 ans que vous êtes actifs. Qu'est-ce ça te fait ? Comment vois-tu cette carrière?
Markus : Incroyable, mais vrai ! Je suis le seul membre "survivant" du tout premier line-up et de la première démo, car j'ai monté le groupe quand j'avais 14 ou 15 ans, au collège avec mes amis. Donc ça a mis du temps pour faire un "vrai groupe" avec un vrai line-up, des contrats d'enregistrement, une notoriété, etc. On n'a jamais rien fait du jour au lendemain et on s'est beaucoup battu envers et contre tout. Et même depuis le début, notre vision est la même, avec cette envie d'honorer les dieux du death mélodique et de partager notre ressenti. Ca aura été une aventure sauvage et incroyable qui aura défini beaucoup de choses dans ma vie, que ce soit mes choix mais aussi moi, en tant que personne.
3 / Choisis 3 gros moments qui ont marqué ou changé le groupe ?
Markus : 1- le tout premier concert : ça s'est passé à Kotka, dans un centre de jeunesse au début de l'année 1997, et c'est ça qui nous a donné la flamme et l'envie d'être sur scène en frappant un grand coup avec nos morceaux d'Omnium Gatherum. Notre bassiste à cette époque jouait sur scène sans ses chaussures, c'était socks'n'roll !
2- le premier album : ça s'est fait le jour où j'ai terminé mon service civique, on avait reçu un email de Rage Of Achilles, un label basé au Royaume Uni qui voulait signer un deal avec nous pour la sortie de notre tout premier album. Quelques heures plus tard, on signait le papier. C'était ce qu'on avait toujours voulu et c'était un rêve qui se réalisait. On était toujours pressé et on en voulait toujours plus.
3- la première tournée internationale : notre premier concert à l'international était en Estonie, dans un petit festival et le suivant se passait dans un énorme festival en Allemagne, mais en fait c'était plus pour l'headliner punk tour au Royaume Uni, pendant deux semaines en 2006. C'était quelque chose de vraiment incroyable de tourner pendant 2 semaines ailleurs qu'en Finlande avec les gars. On a eu des moments incroyables, des accidents se sont produits, oui oui ! C'était la chose à faire dans sa vie, le moment idéal en tant que groupe qui fait des tournées. Après ça, c'était devenu "un tit peu" trop une habitude...
4 / Vous allez bientôt sortir votre nouvel album "Grey Heavens" en février. Tout d'abord, que penses-tu de votre session d'enregistrement maintenant que tout est fini?
Markus : La musique en elle-même est née très rapidement, j'ai eu une période très créative après notre participation au North American Tour Spring 2014. Puis toutes les formes de perturbations possibles se sont produites avant qu'on commence à enregistrer. Ma vie personnelle - à cette époque - s'est effondrée, ce qui signifie que j'ai rompu avec ma copine (avec qui je partageais ma vie depuis un moment). Ensuite, j'ai été trop occupé pour continuer les tournées avec Insomnium et Omnium Gatherum, je n'avais pas assez de temps libre pour me consacrer au metal. Il fallait enchaîner les concerts, composer et enregistrer, et ce pendant des mois et des mois. Il y a aussi eu des problèmes personnels dans la vie des autres membres du groupe et puis ça a aussi été le cas de notre ingénieur / producteur, qui a eu un bébé pendant nos sessions, donc on était quitte à tout enregistrer par nous mêmes, ce qui nous a obligé à faire des extras. Donc nos sessions en studios ont é
té très dures pour moi et j'en venais à me dire que j'allais mourir de fatigue ou que ce serait le dernier opus d'OG. Donc cet album est sacrément correct et on en a vraiment chié pour pondre ces morceaux. Mais après tout...tout est bien qui finit bien, on a réussi à gérer le stress et au final, on est très fiers de ce qu'on a fait !5 / Vous décrivez votre musique comme du "death metal pour adultes". Que voulez-vous dire par "adulte"? Est-ce que cela veut dire que vos paroles et concepts sont plus matures et fouillées que les autre groupes de death mélodique?
Markus : Eh bien, cela pourrait aussi dire ça ahah. Jukka n'est pas notre unique parolier, donc nous faisons aussi d'autres chansons metal intelligentes avec des paroles optimistes du genre "n'abandonne pas et vis ta vie à ta façon". Mais en premier lieu, ce terme "adulte" était une blague. On se faisait des playlists pendant nos tournées et on s'est retrouvés à écouter des groupes comme Journey et Toto, encore et encore. Et tu dois savoir que ces pépites des années 80 étaient décrites comme faisant du AOR - "adult oriented rock". Donc ça vient de là. Comme tu le sais, et tu l'as peut-être entendu, les mélodies et lignes d'Omnium Gatherum ne sont pas toutes purement death metal. Des moments AOR à la Journey / Toto sont cachés à travers les plans les plus "death".
6 / Votre musique est toujours aussi lourde et pleine de détails, pourtant vous n'intégrez pas d'éléments plus modernes comme les breakdowns, les touches djent, les lignes électroniques, etc etc. Beaucoup de groupes utilisent actuellement ces éléments pour une raison ou une autre. Avez-vous déjà été intéressés par cette mode ? Ou est-ce juste "stupide", pour vous?
Markus : Comme ça fait 20 ans maintenant que je suis dans ce groupe, j'ai toujours eu une vision particulière de la marque de fabrique d'Omnium Gatherum. Bien sûr, la musique évolue toujours naturellement et se teinte d'éléments venant de morceaux que nous adorons et écoutons à un moment ou à un autre, mais on n'a pas besoin d'être des trends. C'est ennuyant de voir qu'il y a toujours un gros groupe qui influence quelqu'un dans un genre ou un autre, et les groupes commencent alors à copier ces mouvements. Comme voir, par exemple, qu'une bonne moitié des groupes metal veulent s'accaparer l'ambiance de Meshuggah ou de Devin Townsend...
7 / Vous utilisez beaucoup de claviers mais il y a toujours un bel équilibre entre eux et les guitares. Est-ce difficile de travailler de cette façon?
Markus : Comme je l'ai dit, c'est naturel pour nous de sonner de cette façon. C'est comme ça que j'écris pour Omnium Gatherum. J'aime ces vastes paysages sonores et cette infinité atmosphérique à travers les claviers, qui apportent beaucoup de couleur en arrière plan. Mais le but principal, c'est de garder les choses lourdes et brutales dans toutes leur bestialité. Être brutal ou être mielleux, ou alors faire les deux.
8 / Les mélodies sont très chouettes dans cet album et elles se mélangent très bien avec le côté accrocheur et agressif des guitares. Alors que beaucoup de groupes recréent souvent les mêmes thèmes, vous créez toujours quelque chose de nouveau et chaque album est une nouvelle découverte : comment faites vous pour continuer à vous réinventer?
Markus : On essaie de faire en sorte que les choses soient intéressantes pour nous. Tu dois te faire plaisir avant de faire plaisir aux autres. On suit toujours ce chemin quand on compose une nouvelle chanson, ce qui nous conduit à plein de nouvelles chansons puis à un nouvel album. Rien ne change du jour au lendemain, c'est une évolution musicale naturelle. Même si les quatre plus récents album d'OG suivent beaucoup la même ligne rouge et même s'il n'y a pas vraiment de changements drastiques, comme ce que faisaient avant les géants de la musique. Comme les groupes de prog rock comme Rush, Yes ou Genesis qui se sont mis à la synth pop dans les années 80, ou comme Anathema qui était au départ un groupe de doom metal, si tu vois ce que je veux dire.
9 / As-tu un morceau dans cet album? Si oui, lequel et pourquo
i?Markus : "These Grey Heavens", la piste instrumentale, est la plus personnelle pour moi. De la poésie sans mots, comme je suis un très mauvais parolier ahah. Je l'ai faite pendant ma période de turbulences et c'est la dernière que j'ai composé pour le nouvel album. C'est les ténèbres avant le levé du soleil, enfin, s'il se lève. Il y a "Frontiers" aussi, qui est une tuerie et c'est pour ça qu'elle a été choisie comme single avec un clip video. J'ai hate de la jouer sur scène !
10 / Que penses-tu de la scène death mélodique en général? Il y a-t-il des groupes que tu aimes beaucoup?
Markus : Il fut un temps où j'aimais beaucoup le genre, il y avait tellement de bons groupes et des chansons intéressantes il y a quelques années. Maintenant, c'est assez ennuyeux, ou alors je me fais vieux. J'adore toujours mes groupes préférés et leurs albums qui ont été enregistrés au milieu des années 90 comme Edge of Sanity, Opeth, At The Gates, In Flames, Dissection, Amorphis, Sentenced, Dark Tranquillity. Il y a aussi quelques bons nouveaux groupes comme Arch Enemy et Soilwork ahah. Beaucoup de vieux groupes délivrent encore de très bons albums mais je ne connais pas vraiment les nouvelles formations. Le nouvel album d'Amorphis par exemple est une des meilleure sortie de l'année dernière. Et puis, j'ai aussi entendu parler de ce nouveau groupe nommé Insomnium et ils ont l'air cool vu ce qu'en disent les gens...;-) (ndlr : Markus Vanhala est aussi guitariste dans le groupe Insomnium).
11 / Vous avez signé avec de gros labels comme Candlelight ou Nuclear Blast. Vous êtes maintenant avec Lifeforce depuis la sortie de "New World Shadows" en 2011. Êtes vous satisfaits de leur travail? Qu'y a-t-il de "différent" chez eux?
Markus : La coopération avec Lifeforce est plutôt sympathique, et c'est plus personnel avec eux. Ils aiment beaucoup les groupes et en font leur priorité, c'est facile et rapide de travailler avec eux, et nous sommes de bons amis. Et c'est toujours mieux de travailler avec des amis, tu sais. Avec l'album "Grey Heavens", on a aussi eu de nouveaux deals en dehors de l'Europe, Marquee pour l'Asie et Century Media pour l'Amérique du Nord. Avant quand on était avec Nuclear Blast, on ne savait rien de ce qu'était le business en musique et on ne savait pas comment on devait s'y prendre, on était plutôt stupides et naïfs à cette époque. Juste des fous furieux venant d'un petit patelin en Finlande. On a beaucoup appris et beaucoup travaillé.
12 / Vous serez en tournée avec Draconian cette année. Quelle est ta plus grosse crainte vis à vis des prochaines dates?
Markus : Oui, on va faire cette tournée en coopération avec Draconian en Europe en février / mars, j'ai vraiment hâte de reprendre la route. Il y a aussi une tournée nord américaine et beaucoup de festivals qui sont déjà conformés mais on ne peut pas encore publier les news pour le moment. Ma plus grosse crainte concernant les prochaines dates hmmmm, ce serait que les ampli tombent en panne. J'ai déjà eu ma dose en problèmes techniques et ça craint pas mal en général.
13 / Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment? Quels sont les groupes que tu recommanderais à Spirit of Metal ?
Markus : Pendant cette interview, j'ai écouté Daft Punk et Foo Fighters. MMMMmetal ! Ces derniers jours, j'ai bien accroché à la box d'Ulver incluant les trois premiers albums black metal, le nouvel album de Riversid, le nouveau James Labrie, et les nouveaux Amorphis et Symphony X. Le meilleur album de 2015, à mon sens, c'est sans aucun doute le "Hand Cannot Erase" de Steven Wilson !
14 / Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions. Je te laisse le mot de la fin. Ta mission, si tu l'acceptes, est de convaincre nos lecteurs d'écouter et éventuellement d'acheter le nouvel album "Grey Heavens".
Markus : Si vous aimez le metal, foncez acheter "Grey Heavens" d'Omnium Gatherum. Si vous n'aimez pas le metal, alors allez voir ailleurs ! "Grey Heavens", c'est du death metal catchy, honnête, sophistiqué, mélodique, brutal et semi progressif !
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Interview done by Matai
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