>Salut à toi, un historique de Fjallstörm serait le
bienvenu pour commencer cette interview. Quand et où est donc né
le groupe ? Qui le compose ? Qu’est-ce qui a été le déclencheur
à sa formation ?
Fjällstorm a été fondé en 2001, à Boulogne-sur-Mer,
par Magni (batterie) et moi-même (le reste) afin d’assouvir notre
passion pour la musique et l’art noir en général, à
un moment où les groupes de brutal-death et de grind de mauvaise qualité
pullulaient, enlevant toute crédibilité à la scène
extrême. On était assez nostalgiques des années 90 dans
lesquelles on a passé toute notre adolescence (Ah! que de souvenirs !)
et durant lesquelles il ne se passait pas une semaine sans un bon concert de
black (qui se souvient encore de Morphisem, d’Aliénation ou encore
d’Amphitryon et du Black Dust des débuts?); la fondation de Fjällstorm
a été, en quelques sortes, notre hommage à cette époque,
une pierre qu’on a ajouté à l’édifice. On a
grandi en écoutant du black-metal et peu importe les modes, ce genre
fera toujours parti de nous et son esprit est le seul qui nous parle. On a eu
un bassiste pendant un temps et on a donc donné quelques concerts (6
pour être précis dont un en première partie de Bélènos)
dans le coin sous le nom d’Hecatombe puis de Fjällstorm (titre d’un
morceau d’Otyg) dans un style plutôt black/doom (la plupart des
titres de cette époque sont inédits ! Mais pour combien de temps...).
Puis en 2002, ce dernier nous a laissé tombé. On a donc continué
l’aventure à deux jusqu’en 2005, avant que Magni ne se retrouve
obligé d’arrêter à son tour à cause de son
travail. Cependant, je vous rassure : je continue l’aventure !
>Parlons d’abord si tu veux bien de "Reise", la
toute 1ère démo. Où et quand a-t-elle été
enregistrée/composée ?
Les titres figurant sur "Reise" ont été composés,
pour l’essentiel, durant l’hiver 2002/2003 et on était en
plein dans notre période viking, même si on avait déjà
expérimenté ce genre musical dès 2001 avec "Reise"
et "Gronland". L’enregistrement en lui-même s’est
déroulé en août 2003, durant la fameuse canicule (on avait
l’air trop "true" en short et torse nu!), chez Guillaume Dallery
(Black Dust). J’en garde un excellent souvenir et je trouve que Guillaume
a vraiment fait du très bon travail sur cette démo, surtout qu’on
a eu que quatre jours pour tout boucler, faute de moyens financiers suffisants
! Tout a été enregistré en une prise, alors imaginez ce
qu’on aurait pu faire avec deux fois plus de temps !
>Elle a été, je crois, assez bien accueillie. D’où
une réédition en format cassette, c’est ça ?
En fait, avec le peu d’argent que j’avais, je n’ai pu en sortir
que 50 exemplaires en cd et ces derniers m’ont surtout servi à
promouvoir le groupe auprès des maisons de prods. Duke a tout de suite
accroché à "Reise" et nous a donc mis en contact avec
son pote Körös qui a pris sur lui de la rééditer en
cassette et là... Ca a cartonné au delà de toutes espérances
! Les critiques ont été unanimes et ont salué cette démo
avec des termes si élogieux par moment, que je m’en suis senti
mal à l’aise ; d’autant plus que je savais déjà
que les prochains Fjällstorm seraient totalement différent... Je
ne vous raconte pas la pression... Körös en a écoulé
plus de 300 exemplaires à travers le monde et moi j’en suis à
une centaine : pas mal pour un début ! Mais rassurez-vous, jusqu’à
maintenant, Fjällstorm m’a rapporté - 1000 euros à
peu près et ce n’est pas demain la veille que ce sera rentable
! Je suis juste content de voir qu’autant de personne s’intéressent
à ce que je fais : c’est pour eux que Fjällstorm existe (sinon
je ne sortirai pas de démo).
>On y décèle des titres pagan/black et d’autres
plus radicaux, sonnant plus dans une optique black-metal pur. Tes humeurs du
moment influent-elles sur le processus de composition ? Pourquoi donc ces nuances
de styles ?
Je fais partie de ceux qui font ce dont ils ont envie, quand ils en ont envie
et mes humeurs influencent donc énormément le processus de composition.
J’aime le black, le thrash, le pagan, le folklorique, ainsi que le goth,
le heavy, l’indus, la musique classique, l’électro ambiant...
Et en fonction de ce que je ressens, je choisi de m’exprimer à
travers tel ou tel style. Or, je compose beaucoup plus vite que j’enregistre
et du coup, au moment d’entrer en studio je me retrouve avec tout un tas
de titres très différents
>Qu’as-tu à répondre à ceux qui confondent
black NS et pagan/black ? Quelles sont les valeurs que tu prônes à
travers ton pagan black-metal ?
Et bien je leur répondrais tout simplement qu’il y a des noirs
païens et des blancs musulmans ; qu’une idéologie, un mode
de vie, n’a rien à voir avec l’aspect physique : c’est
quelque chose qui vient de l’intérieur, qui est propre à
chaque individu... On peut être d’origine indienne et se réclamer
de Thor et être d’origine germanique et se réclamer du Christ
; le premier écoutera du pagan, le second du black NS. Dans "Reise"
et "Midnattssolen", il n’est nullement question de social ou
de politique ; je me contente de décrire des évènements
historiques ou de faire l’apologie de la nature et d’un mode de
vie en harmonie avec elle. A la limite, dans "LBO", je me prononce
ouvertement contre ceux qui croient en dieu car je les considère comme
des faibles et des esclaves incapables de penser par eux-mêmes, de prendre
en main leur destin et d’assumer leurs choix. Ils sont la honte de l’humanité
et en grande partie responsable des malheurs qui se passent dans le monde. Cela
vaut également pour les disciples de satan qui sont aussi stupides que
les chrétiens qu’ils condamnent car ces individus n’ont fait
que remplacer une divinité par une autre et à mes yeux, une soumission,
qu’elle soit au bien ou au mal, reste une soumission et de facto, une
marque de faiblesse. Un athée, par contre, prend conscience de la vanité
de son existence, cela le rend humble et lui fait réaliser l’importance
de la nature dans sa survie ; il sait que rien ni personne ne le sauvera et
que son avenir dépend uniquement de ce qu’il fait aujourd’hui.
Il ne se soucie pas du bien ou du mal, il se contente d’agir au mieux
de ses intérêts, en accord avec lui-même.
>Sur "Reise" on peux entendre une reprise de Venom. Quels
sont les groupes qui ont forgé ta culture musicale ?
J’ai commencé ma culture musicale très tôt, à
10 ans, avec Pink Floyd, Deep Purple, Led Zeppelin, puis j’ai monté
progressivement d’un cran avec Megadeth, White Zombie, Nine Inch Nails
- Venom, Motörhead, Mayhem, Emperor, Immortal, Satyricon, Ulver, Otyg.
Et enfin Lacrimosa, Tchaikovsky, Grieg et les bo de jeux de rôles. Ce
n’est, bien sûr, qu’un petit aperçu de tout ce que
j’écoute, mais c’est assez représentatif de l’ensemble.
Note : "The Wall" est l’album qui a changé ma vie et
m’a donné envie de faire de la musique.
>"Midnattssolen" est le titre de la 2nde démo qui
n’a rien à voir avec le black-metal développé dans
"Reise". Pourquoi cette démarche de proposer des registres
si différents sous un seul et même patronyme ?
J’avais pensé changer de nom à chaque album au début,
mais j’ai changé d’avis pour plusieurs raisons :
1. Je fais ce dont j’ai envie, quand j’en ai envie.
2. Des morceaux de "Midnattssolen" ont été composés
parallèlement à "Reise" et ont la même origine.
Ils forment un tout que j’ai scindé en deux pour ne pas déstabiliser
l’auditoire : ceux qui aiment le pagan achèteront "Reise"
et ceux qui aiment l’acoustique type Ulver se procureront "Midnattssolen".
3. J’adore des groupes comme Pink Floyd, Ulver et Samael dont la principale
caractéristique est d’avoir régulièrement changé
de style.
4. Je suis seul compositeur dans Fjällstorm et tous mes morceaux, quelques
soient les styles employés, sont une partie de moi. En conséquence,
ils partagent le même état d’esprit et le même but.
Il ne faut donc pas voir Fjällstorm comme un groupe, mais comme un concept,
une mise en musique de ma vie intérieure.
5. J’ai horreur de faire deux fois la même chose et je considère
les groupes qui ne prennent pas de risques en se répétant, comme
des incapables et des voleurs. Ma démarche se veut artistique : je suis
compositeur avant d’être black-metalleux, mon but est de créer
jusqu’à atteindre la perfection et non de stagner. Je ne fais pas
cela pour la gloire ou pour l’argent, contrairement à beaucoup...
>N’as-tu pas peur de semer la confusion dans l’esprit
du public alors que le nom de Fjallstörm commence à peine à
s’imposer ? Pourquoi ne pas avoir sorti "Midnattssolen" sous
un autre nom ?
Semer le trouble dans les esprits est un risque que j’ai délibérément
pris, mais je pense que ceux qui écoutent et apprécient Fjällstorm
sont suffisamment ouverts d’esprit pour accepter les variations futures
(à condition que la qualité soit au rendez-vous, bien entendu).
En tous cas, si ce n’est pas le cas aujourd’hui (ce qui m’étonnerait,
étant donné le résultat actuel des ventes), ça le
sera dans quelques années, comme pour Ulver ou Samael qui, à défaut
de vendre beaucoup, ont un noyau de fans fidèles et indéfectibles
(dont moi). Je ne veux pas devenir une icône qu
>Comment décrirais-tu cette 2nde démo ? Où/quand
a-t-elle été enregistrée/composée ?
Il s’agit d’une démo entièrement acoustique chantée
en norvégien, dans la lignée du "Kveldsfanger" d’Ulver.
Je l’ai enregistrée durant l’automne 2004, chez moi avec
un 16 pistes que j’ai racheté à Guillaume et qui a servi
pour les enregistrements de Bélènos et de Black Dust entre autres.
Comme je ne m’étais jamais servi d’un studio auparavant,
j’ai mis du temps à m’y faire ; encore aujourd’hui
j’ai du mal ! Mais le son et le mixage sont plutôt bons et les premiers
échos que j’ai reçu de la presse underground sont positifs.
Quant à la composition, elle s’est faite sur la longue durée,
entre 2001 et 2004, en même temps que "Reise".
>Pourquoi ce choix de chanter en norvégien ? Ça peut
étonner de la part d’un groupe français.
L es premiers morceaux de Fjällstorm étaient chantés en français,
mais le résultat ne me semblait pas satisfaisant. Comme je n’aime
pas particulièrement l’anglais et l’allemand étant
une langue trop difficile, j’ai du chercher autre chose. Et soudain, l’illumination
! Quoi de mieux que le norvégien pour chanter sur du black ! En plus,
c’est une langue relativement simple et très agréable du
point de vue sonorités. Hélas, on n’apprend pas une langue
aussi facilement et j’ai commis quelques erreurs qui, heureusement, n’empêchent
pas la compréhension, c’est du moins ce qu’un norvegophone
m’a dit... "LBO" est en anglais pour des raisons de facilité
(je n’ai pas eu beaucoup de temps) et il est probable que le prochain
Fjällstorm soit en français...
>Connais-tu la Norvège autrement qu’au travers de sa
culture et son histoire ? Y es-tu déjà allé ? Est-ce un
projet pour toi ?
J’aurais du me rendre en Norvège, à Bergen plus précisément,
durant l’année scolaire 2003/2004 dans le cadre du programme Erasmus,
mais j’ai rencontré ma copine peu avant et j’ai annulé...
Mais ce n’est que partie remise, juste le temps de finir mes études.
>De quoi parlent tes textes ? Lorsque tu écrivais pour "Reise"
ou "Midnattssolen", les thèmes étaient-ils différents
?
Les textes traitent essentiellement de l’histoire, des mythologies et
du mode de vie scandinave. Il est beaucoup question de nature également.
"Reise" et "Midnattssolen" ayant été composés
simultanément, les thèmes sont identiques, quoique le côté
histoire et mythologie est atténué sur "Midnattssolen".
>Tu m’as également fait parvenir "L.B.O.",
une espèce de compilations d’anciens titres antérieurs à
"Reise". A cette époque tu semblais ne pas être encore
trop influencé par la scène pagan ? Ces titres sonnent définitivement
plus primaires.
Le côté "primaire" dont tu parles doit venir du fait
que je n’avais que 17 ans lorsque j’ai composé "Walpurgisnacht"
ou encore "Lynch Allah" et à cet âge là, j’étais...
primaire ! Non pas que je me sois assagit, mais je suis devenu plus réfléchi
et mes compos sont plus complexes. De plus, à cette époque, je
ne connaissais pas du tout la scène pagan, j’écoutais essentiellement
des groupes comme Mayhem, Emperor, Immortal et cela s’entend.
>Apparemment les titres de "L.B.O." sont promus à
figurer sur un prochain split-cd. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet
?
Effectivement, "LBO" doit prochainement sortir chez Distorsions (d’ici
deux semaines environ) et figurera aux côtés de Zarach Baal Taragh
et d’un autre groupe dont j’ai oublié le nom (je m’excuse
au près d’eux) qui signera ici sa première production. Du
bon black à l’ancienne en perspective, le tout pour une durée
de 60 min et à prix réduit !
>Dans un courrier récent, tu me disais déjà
bosser sur une 4ème production. Ça t’arrive de dormir ?
Quel en sera le style dominant ? Le style de Fjallstörm va-t-il une nouvelle
fois évoluer ?
Oui, je suis en train d’enregistrer ma quatrième production dont
le titre reste à définir. Plus que le chant et la batterie et
elle est prête ! Il y a 11 titres pour une durée de 42 min. Et
oui, je dors et plus qu’il m’en faut. De même, je continue
mes études et je travaille ! Que veux-tu, je ne suis pas du genre à
rester dans un coin à ne rien faire ; la vie est trop courte pour perdre
son temps et on ne sait jamais ce qui peut arriver le lendemain... Concernant
le style du prochain Fjällstorm, ce sera du black très épique,
quelque part entre Finntroll, Falkenbach, Bergthron et les bo de jeux de rôles
Donjon et Dragon. Ceux qui ont eu le privilège de l’écouter
l’ont comparé à un "Reise" en plus élaboré
et plus entraînant...
>Je te laisse finir comme tu l’entends…
Merci à toi de m’avoir accordé cette interview et merci
également à tous ceux qui me soutiennent d’une quelconque
manière. C’est grâce à vous qu’on existe. Support
the underground !
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