Indéniablement, les littératures de l'imaginaire auront marqué viscéralement le monde du
Metal depuis ses origines. Tolkien, Lovecraft, Howard,
King, Asimov ou encore Dick, ces auteurs ont fortement impacté les esprits des musiciens, paroliers et illustrateurs de ce microcosme.
Considéré comme l'un des maîtres de la SF, Franck Herbert et son cycle "Dune" font partie de ces œuvres majeures en terme d'inspiration. Au point d'en être la source majeure pour la formation de brutal death
Nephren-Ka (même si son pseudo est made in Lovecraft). Formé en 2006 à Auzon, ce groupe a été plutôt actif en sortant une démo, un EP et 2 albums, dont le terrible "La Grande Guerre de L'épice" en 2017. Groupe bien connu également des lecteurs/membres de ce site pour avoir connu dans ses rangs, en tant que growleur, l'incontournable et talentueux Laurent Chambe aka Beergrinder.
Connu car depuis, Laurent a quitté le vaisseau des Atréïdes pour d'autres aventures. D'où la nécessité d'accueillir un nouveau growleur en la personne de Sylvain Bayle en vue de la préparation du 3ème album, accompagné également par Dimitri Boudon à la basse. Mais bonne épice ne saurait mentir, la thématique reste inchangée et cette fois, c'est le livre "Les Enfants de Dune" qui sert de fil conducteur à l'album. Intitulé "
From Agony to Transcendence", il contient 9 titres et sort fin juin 2021 chez Dolorem Records, label aux goûts affirmés.
Musicalement,
Nephren-Ka ne perd pas une seconde sur l'inaugural "L'Abomination" en assénant son brutal death cataclysmique : batterie ultra véloce (quel double-pédalage de Thibaud Pialoux !!), riffing incisif et recherché, soli court et inspiré, basse bien présente et audible (bon point !!) et un growl gras qui éructe distinctement des paroles en français. D'ailleurs, le chant ici comporte quelques différences notables par rapport aux albums précédents, dont l'utilisation parcimonieuse de pig squeals ("Vision of The Secher Nbiw"), tout en demeurant varié, avec quelques incursions criées proches du black metal.
Si les influences premières du groupe sont toujours palpables (on pense à
Nile,
Hate Eternal), le travail de composition proposé le long des morceaux donne au groupe une identité qui se solidifie au fil des écoutes. D'ailleurs, il est difficile de résister à la doublette "Coriolis Storm"/"L'
Agonie de l'Épice", tant la puissance dégagée par le quatuor est sans équivoque. Les plans techniques induits par les variations rythmiques sont bluffant de précision et soutiennent la comparaison avec les illustres noms cités plus haut.
Soucieux d'apporter à l'auditeur des variations qui entretiennent son attention, le choix de placer une fin symphonique à "L'
Agonie de l'Épice" se révèle payant. En plus d'être finement travaillée, elle permet d'embrayer sur la terrifiante "
Sedition", où la basse de Dimitri se taille la part du lion. Et que dire de l'ambitieuse idée d'utiliser des chœurs qui magnifient le titre, un pari gagnant pour un morceau qui devrait en séduire plus d'un.
Fort de son aisance technique,
Nephren-Ka présente des titres plus situés dans les standards du genre ("Levenbrech Sardaukar", "
Conspiracy for the
Fall of the Atreides"), tout en maintenant une exigence sensible dans leur composition.
Cette exigence encore plus palpable sur les pièces longues "Vision of the Secher Nwib", tout en nuances brutales, et "Sea of
Sand", splendide pièce finale au riffing désarçonnant et totalement jouissif. Comme pour l'album précédent, le groupe offre en bonus une reprise (ici "Gods of
Hate" de
Massacra) où l'ami Beergrinder fait une apparition vocale.
Le travail de Stefano Morabito (mix et mastering) est remarquable d'équilibre, offrant la profondeur idéale aux titres. Bon point également pour l'artwork de l'artiste français Stan W. Decker.
De nouveau, Dolorem Records soutient avec conviction la scène death metal française avec un de ses plus beaux représentants. Les Auvergnats nous dévoilent un 3ème album qui se révèle au fil des écoutes, une œuvre qui vieillit admirablement bien sur la platine. Fidèle à l'univers d'Herbert et au brutal death de qualité,
Nephren-Ka continue son glorieux périple à travers les plaines d'Arrakis et pourrait, avec la bénédiction du Bene Gesserit, finir sur le trône lors des fameux tops de fin d'année.
Outch ! Aborted & Benighted sont aseptisés ? Je vais m'envoyer un Necrobreed tiens...
Oui "aseptisé", synonyme de "stérilisé" = rendu plus propre, soit un son plus moderne concernant la musique. Rien de péjoratif. C'est juste un fait. Je le souligne car c'est une évolution sonore pour le groupe en comparaison aux précédents albums. J'adore Aborted et Benighted aussi hein. De mon côté je m'envoie Icon là...A la tienne.
ps: au passage, si vous connaissez des groupes FR de la qualité de Nephren Ka, Benighted, Kronos, Ad Patres and co, je suis preneur.
Ha oui, je comprends mieux du coup... Pas facile de trouver l'équilibre pour qu'un son soit intelligible tout en étant organique. Plus la musique est rapide et plus il faut que ça sonne clair sinon ça se transforme vite en une grosse bouillie. Si on joue du Grind, OK pourquoi pas... Mais pour du Death brutal et à tendance technique là effectivement, c'est beaucoup moins bien. Les prods cradingues sied mieux au mid ou low tempo j'ai l'impression. Après si tu veux que ça sonne moins froid et mécanique, il reste la solution du vinyle où les aigus sont moins cassants et plus cristallins, sans parler des graves chaleureux. Pour les groupes tu as :INSAIN, FLESHDOLL, GORYPTIC, DEATH AGONY, RECUEIL MORBIDE, DYSMORPHIC, CARCARIASS et MINDWARP, DUNGORTHEB, IMPUREZA, OFFENDING, YYRKOON...
Bonnes écoutes !
Oui ça ne doit pas être évident. Après je n'ai absolument rien contre les sons propres, je suis fan des derniers Aborted, Benighted, Origin, Cytotoxin tout ça tout ça (même si j'aime tout autant les sons plus authentiques), c'est juste que j'ai la désagréable impression que sur cet album, le son de la batterie et de la voix est monté au max, et celui des guitares au minimum. Je suis frustré de ne pas pouvoir bander à fond sur la qualité des riffs du groupe.
Merci pour la liste, je n'en connais que quelques-uns !
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