NECROMANTIA
THE SOUND OF LUCIFER STORMING HEAVEN (Album)
2007, Dockyard 1




Corwin : 8/20
On va commencer par faire un joli topo sur ce groupe étrange. Groupe de black métal grec, ayant apparemment quelque chose comme 18 ans de carrière, Necromantia se compose de deux bassistes. Si si. Mais rassurez vous hein, il y a une basse huit cordes qui joue les partitions qui échoient normalement à la guitare, c’est pas juste deux quatre cordes qui jouent des partitions rythmiques en arrière plan de… De rien, vu qu’il n’y a pas de guitares. Bon, et à part ça ? Necromantia joue une sorte de black symphonique. Très bien. Et ça vaut quoi tout ça ?

Ca donne un plantage, messieurs dames, un beau plantage. Et non, l’expérimental ne paye pas à chaque fois. Souvenez vous des premiers Peccatum, Ihsahn avait beau être aux commandes, c’était loin d’être brillant.
On va commencer par le pire, histoire d’être un peu positif. Ce disque est taillé sur mesure pour donner raison à tous les détracteurs du synthétiseur dans le black métal. La partie symphonique est pompeuse et kitsch, mais bon, c’est un peu la marque de fabrique du genre, après tout. Le pire, c’est que le clavier n’a pas dû coûter cher, car il sonne très cheap, surtout au niveau des sons de cordes aigues. Pour être précis, c’est un massacre, on a envie de rire en entendant tous ces pouics pouics mal produits. Necromantia s’en serait parfaitement passé, et des mocraux comme For The Elder Magi ou Architecture Of Exquisite Madness sont complètement pourris par le synthétiseur.

Tiens, oui, la production, parlons-en. Et on va aborder le problème de la basse en même temps, tiens. Oui, parce que vous vous doutez sans doute un peu que le principal problème qui va ressortir de l’utilisation de deux basses sans grattes, c’est le prévisible manque de puissance. Ca a beau sonner comme un vieil album de black des débuts, ça ne sauve pas le groupe : avec une telle combinaison d’instruments, une production faible court à la catastrophe. Et c’est le cas ici : la production manque de souffle, les sons des basses restent assez brouillons et/ou mous. Et puis, finalement, on a affaire à des basses qui jouent comme des guitares. Ce qui enlève pas mal de l’intérêt de la formation : ils sacrifient de la puissance sans se créér réellement un son original, préférant rejouer une partition classique avec un instrument différent. Bon, évidemment, je n’en attendais pas quelque chose à la Les Claypool (je fais des comparaisons avec des musiciens de rock alternatif si je veux), mais expérimenter un peu n’aurait pu qu’être salutaire.

Production toujours, la batterie un peu trop en retrait par moments, et qui blaste avec l’aisance d’un lépreux neurasthénique se charge de terminer de plomber la section rythmique, manque de puissance encore et toujours. Le chant ne casse pas trois pattes à un canard même s’il n’est pas mauvais, cela ne relève pas franchement le niveau.

Il reste quoi ? Quelques bonnes idées, si, si. Les pistes dans lesquelles Necromantia s’engage sont intéressantes. C’est juste qu’ils ne les exploitent pas d’une manière convaincante. Les solos de basse (oui, il y en a) sont par contre une très bonne idée, et même certains sont très bien faits (sur Knight Of The Black And White Eagle, on a droit à une jolie imitation de guitare électro accoustique franchement réussie, et le solo de The Invisible Empire vaut le détour aussi. Même si celui d’Order Of The Black Sphinx est étrangement mauvais).

Mais bon, deux solos de basse valables et un pitch intéressant, ça ne fait pas un disque. Brouillon, maladroit, morceaux bancaux, pas de puissance, une volonté de noirceur qui tape à côté de la plaque, bref, Necromantia s’est pris un beau mur en pleine face. Oubliez.

2008-03-21 00:00:00