ELECTRIC WIZARD
WITCHCULT TODAY (Album)
2007, Candlelight Records / Rise Above Records




goyo
Le Doom Metal est un sous-genre très vaste. Seul l'omniprésence de guitares lourdes et pesantes permettent de lier Saint Vitus, Ataraxie, EyeHateGod, Sunn O))), My Dying Bride, Cathedral ou Swallow The Sun. Chacun ajoute à cette lenteur accablante sa touche, en explorant les extrémités du terme en mixant le tout avec un Death Metal profond, ou en s'approchant de l'ambiant avec le Drone, ou en visant les émotions romantiques et morbides d'une âme à fleur de peau, ou au contraire en se servant de cette lourdeur pour la rendre poisseuse et crasseuse. Et puis il y a Electric Wizard. Depuis 1993, le magicien nous transmet le courant par le biais d'albums tous aussi pesants et captivants. A cheval entre plusieurs branches du genre, les anglais savent explorer, mélanger et s'approprier chaque élément propre à ce style si transcendant ou ennuyeux selon les points de vue.

Précédés de deux très bons premiers albums, en 2000 et 2002 sortaient respectivement les incroyablement lourds Dopethrone et Let Us Pray, installant une bonne fois pour toutes les brittons dans le haut du tableau. L'excellent We Live, sortit en 2004, confirmait le potentiel de l'inspiration en apparence sans limite de Justin Oborn et ses acolytes. Ainsi, Witchcult Today fit son apparition 3 ans plus tard sous la bannière du magicien électrique.

Aucun doute possible dès les premières notes de l'excellent titre éponyme, les anglais détiennent toujours au plus profond de leur être la recette unique du riff par excellence. Les vocaux éloignés et plaintifs de Justin glissent le long de ces riffs répétitifs et terriblement entrainants, avec comme d'habitude le coup de maître du gros riff lourd combiné à son frère plus aigu. Dunwich installe cette fameuse ambiance malsaine de magie noire, suivit du superbe Satanic Rites Of Drugula, nous indiquant clairement que le magicien n'a rien perdu. 2Min13 d'interlude nous permettent de nous satisfaire de cette première partie d'un album superbe, et de nous rassurer sur le fait que le magicien n'a absolument rien perdu. Puis vient The Chosen Few.

Ciel, est-ce vraiment d'un humain que peut émaner une telle magnificence ?
Comment un tel degré de frisson peut-il être crée par un simple être humain ?
Et comment chaque émotion contenue dans les chaires d'un homme peut-elle être sollicité et transcendée à ce point ?
Et surtout, chose inouïe, The Chosen Few permet enfin de saisir le côté de la musique des anglais qu'il manque à toutes les définitions possible. Ce morceau permet de comprendre enfin ce groupe si somptueux.

La musique d'Electric Wizard, bien que beaucoup y aient longuement réfléchis, était indéfinissable. Bien sûr, on retrouve toujours ce Doom Metal diabolique, mais jamais on est plongé dans un rite maléfique, bien que le nom du groupe soit assez explicite. Il y a bien de forts relents stoner, mais jamais l'on sera transporté sur un canapé abîmé, entouré d'arbres, de bière et d'amis pour composer du fuckin' rock'n'roll sur une bonne vieille guitare. Non, Electric Wizard évoque les grands espaces, et ce à tous les sens du terme. On passe par tous les espaces vides, la mer, le ciel ou au delà de la planète terre. On passe bien évidemment à côté de toute forme de temps, celui ci se faisant totalement oublier lors des 6min42 bien trop courte à mes yeux de cette merveille hallucinante, au sens propre.


Ce ne sera ni Torquemada'71, ni Black Magic Rituals & Perversions et encore moins Saturnine qui nous fera revenir sur terre. Une heure d'un voyage en marge de tout, nous faisant oublier tout ce qui était important à nos yeux quelques minutes avant d'avoir entré l'album dans le lecteur.

Un albums aux nombreuses textures donc, à la fois lourdes et poisseuses, aériennes et minimalistes, rondes et âcres...Un mix particulièrement réussi de la carrière du magicien, sublimé par l'hymne The Chosen Few. Electric Wizard s'affirme une fois de plus comme les maîtres du genre, aussi bien au centre de tous les penchants du Doom que totalement en marge. Une galette pas entièrement matérielle, je peux vous l'assurer.

2009-08-29 00:00:00