MELECHESH
SPHYNX (Album)
2003, Osmose Productions




Arawn : 16/20
Le style de l’album Sphynx du groupe israélien Melechesh bien que se plaçant indiscutablement sous le signe du thrash est fortement personnalisé par leur côté technique rythmique et l’influence des mélodies de leur pays.

A l’exception de la franchement brutale "Annunaki.S Golden Thrones" dont le rythme de croisière est le blast et le début de "Of Mercury And Mercury", l’album se place plutôt dans un rythme posé de marche. Melechesh n’a en effet pas choisi de jouer sur la brutalité ou la vitesse pure mais sur les multiples cassures et les variations techniques qui sont légion dans chacune des chansons. Prosciptor se donne à fond dans un jeu de batterie très technique, rebondissant sur les contre temps et en constant changement. L’alliance de cet aspect technique à des riffs de guitare efficaces et entrainants plutôt thrash fait heureusement échapper l’album à un rendu trop rébarbatif de démonstration technique qu’il aurait pu avoir.

Melechesh se distingue également en utilisant des mélodies en droite provenance du Moyen Orient, que cela soit directement en créant des atmosphères avec des instruments ou des chants traditionnels comme dans "Apkallu Counsel " et surtout dans l’instrumentale "The Arrival Ritual" où l’on se croît vraiment pénétrer dans un temple sacré, ou directement dans le style de riff plus mélodiques comme dans l’excellente "Triangular Tattvic Fire" et dans "Purifier Of The Stars".

Pour ce qui est du style musical, si le chant et le départ surboosté de l’album pouvaient laisser penser à un vrai côté black et extrême, celui-ci n’est pas majoritaire dans Sphynx. En effet, le chant se place à la limite d’un chant black sec et articulé comme dans "Of Mercury And Mercury" et d’un chant largement orienté thrash à la Kreator comme dans "Triangular Tattvic Fire" du point de vue de la voix elle-même ou de "Secrets Of Sumerian Sphynxology" dans le rythme du chant. On notera au passage l’envolée aiguë à la Mika Luttinen de "Of Mercury And Mercury". De la même façon, Sphynx a deux facettes et oscille entre des chansons au rendu franchement thrash comme "Secrets Of Sumerian Sphynxology" et "Tablets Of Fate", et des chansons aux passages plus influencés dans le fond par un esprit black metal comme les introductions extrêmes de "Of Mercury And Mercury" ou "Apkallu Counsel" ou les passages en balayages et plus mélodiques de "Apkallu Counsel" ou "Triangular Tattvic Fire". Pourtant là encore, l’accord des guitares se rapproche beaucoup plus du thrash voire du death mélodique que d’un son black à proprement parler. Il n’est en tout cas pas étonnant que Proscriptor d’Absu qui fleurte également entre le thrash et le black ait pris part à ce projet.

Avec Sphynx, Melechesh opère un mariage étrange mais terriblement joussif entre une musique basée sur un côté très rythmique et une musique possédant des ambiances très particulières, ce mariage trouvant son parfait portrait dans "Of Mercury And Mercury". Ce savant mélange apporte une couleur plutôt rafraîchissante dans le monde du metal et brille par sa particularité.

2005-08-05 00:00:00


Stench : 16/20
Voilà une excellente surprise ! Bien que ce groupe originaire de Jérusalem existe depuis un bon bout de temps, je n'y avais jamais vraiment prêté attention, et je dois bien l'admettre, c'était une grosse erreur.

Situer la musique de Melechesh est assez difficile (comme de prononcer le nom du groupe, essayez, vous passerez forcément pour des cons, j'en ai fait l'expérience !), mais on peut dire qu'elle prend racine sur un black thrash metal proche de Absu (c'est d'ailleurs Proscriptor qui a joué les parties de batterie), mais en bien moins speed, quoique certains blasts soient présents. La grosse différence est que ce "Sphynx" est bourré jusqu'à la gueule d'ambiances épiques majestueuses ; le groupe joue sur la répétition de riffs très simples, mais très puissants et mélodiques, rendant l'ensemble hypnotique, un peu dans l'esprit de ce que fait Bolt thrower par exemple.

Le petit plus est l'utilisation discrète de mélodies orientales, au détour d'un riff, d'un solo, d'une ambiance, petits éléments qui se dévoilent progressivement, et qui finissent par nous imprégner d'une magie particulière. Il y a une réelle alchimie, une symbiose entre brutalité et beauté, un brio et une osmose très rarement atteints. On ressort de ce disque avec le net sentiment que le groupe sait ce que "musique" veut dire, et ça fait un bien fou ! Attention, il y a risque d'accoutumance ! Moi je ne peux déjà plus le virer de ma chaine!

2004-06-28 00:00:00