IRON SAVIOR
IRON SAVIOR (Album)
1997, Noise International / Modern Music


1. The Arrival
2. Atlantis Falling
3. Brave New World
4. Iron Savior
5. Riding on Fire
6. Break It Up
7. Assailant
8. Children of the Wasteland
9. Protect the Law
10. Watcher in the Sky
11. For the World
12. This Flight Tonight

Bonustrack (Japanese Release)
13. The Rage


dark_omens : 14/20
La destinée est un chemin tortueux. Chacune de nos décisions peut la façonner de manière remarquable. Chacun de nos choix peut, un jour, nous mener vers l’épanouissement d’un accomplissement personnel, ou tout aussi bien vers le désastre. La difficulté étant, souvent, de les assumer afin ne pas vivre dans les regrets.

Piet Sielck pouvait-il s’imaginer lorsqu’il refuse de rejoindre Helloween, alors que son acolyte Kai Hansen, avec qui il sévit au sein du groupe Gendry, accepte, qu’il vient de vivre un tournant crucial dans sa carrière de jeune musicien ? Certainement pas, et qui l’eut pu ? L’homme décline l’offre, fatigué par cette vie d'artiste, ratant, de ce fait, les premiers pas de ce qui allait être la genèse d’un mouvement tout entier. Le diptyque Keeper Of The Seven Keys deviendra les fondations incontournables d’une révolution musicale sans précédent. Il y eut bien, un avant, et un après Keeper. Tant et tant de jeunes musiciens, fans, ou simples auditeurs furent bouleversés par cette œuvre. Tant et tant de groupes furent influencés par ce renouveau. Et Piet Sielck n’en fit pas partie.

Il devint alors un homme de l’ombre, un personnage essentiel de la scène allemande. D’abord ingénieur du son pour Sanctuary Records, puis producteur travaillant dans l’obscurité pour les plus grands (Gamma Ray, Blind Guardian, Saxon…). Mais la lassitude inhérente à cette impression monotone et tenace de faire toujours la même chose, celle-là même qui le poussa à ne pas rejoindre la bande à Weikath, reprit notre homme. Il voulut à nouveau faire de la musique. Sa musique.

En 1996 Piet décide de se lancer et forme Iron Savior. Qui peut-il appeler pour lui donner un coup de main si ce n’est son vieil ami de toujours Kai Hansen ? Le groupe est renforcé par Thomas "Thomen, The Omen" Stauch, batteur attitré de Blind Guardian. L’aventure peut alors commencer. Pour ce premier disque éponyme il fera aussi appel à quelques invités tels que Dirk Sclächter, Henne ou Hansi Kursch.

Iron Savior sort donc en 1997 dans une relative indifférence. Si les médias en font bien l’écho, il est difficile de le trouver dans les bacs des grandes chaînes de distribution. Heureusement à l’époque, le réseau plus confidentiel mais nettement plus passionné des petits disquaires, fonctionne encore relativement bien et n’a pas encore poussé son dernier soupir.

Le disque est un concept-album ambitieux relatant une épopée de science-fiction, une autre passion de Piet, en une histoire complexe qu’il serait ici bien trop long de développer. Piet a tout écrit, tout imaginé. Chacun des morceaux qui compose cette œuvre est une parcelle d’un ensemble dont il a concerté la moindre note, la moindre ligne (exception faite d'un Watcher In The Sky chanté et écrit en collaboration avec Kai et d'un This Flight Tonight écrit par Joni Mitchel). La musique est, quant à elle, des plus classiques. Il est évidement difficile de se démarquer d’un style qu’on a vu naître de si près. Il y a donc dans cet Iron Savior les parfums du Speed Metal Mélodique de Gamma Ray ou d'Helloween. La voix si particulièrement rauque et agressive de Piet, conjuguée au jeu si reconnaissable de Stauch, confère aussi à l’ensemble une petite touche à la Blind Guardian. Cependant, reconnaissons tout de même que le propos est ici nettement plus abordable et que les morceaux, comportant peu ou pas de break, sont très accessibles. En compositeur aguerri, Piet nous propose des hymnes dénués de toute fioriture instrumentale inutile. Ici point de synthés, de pianos, de flûtiaux si chers à la tendance du moment. Ici seules résonnent les sonorités énergiques et vigoureuses, rehaussées par la mélodie de refrains imparables. Athlantis Falling, Brave New World, Riding On Fire, For The World sont, en effet, des chansons rapides et efficaces. Rajoutons à cela Iron Savior ou Protect The Law, qui sont, quant à eux, des mid-tempos tout aussi intéressants. Seules Break It Up, ballade fâcheuse, et The Flight Tonight, reprise regrettable de Nazareth, paraissent inappropriées au milieu de tant d’ardeur.

Cet album, aussi empli de qualités fut-il, n’arrive pas totalement à nous convaincre. La faute, peut-être, aux travaux de Thomen dont les sonorités sont si reconnaissables, couplées à la façon de chanter si invariable de Piet et qui ont même tendance à amplifier une certaine linéarité qui se dégage de cette œuvre.

Au final, cet Iron Savior est un pari osé. Il se propose de perpétuer une certaine tradition d’un Speed Metal plutôt acerbe et direct, alors que le monde entier, quant à lui encouragé par les tendances du moment, tente de s’en échapper en proposant toujours plus d’instruments mélodiques, de pianos, de synthés...

Pari, certes, courageux, mais pas totalement réussi...


2015-09-29 16:52:01