dark_omens : 17/20 | Le premier verset de la trilogie The Marriage of Heaven and Hell des américains de Virgin Steele, bien qu’empreint de certains défauts, marquait la naissance d’un genre symphonique, du moins de l’esprit de ce mouvement, alliant le Heavy à la musique classique. Cette ébauche, encore timidement esquissé dans son résultat, comportait, déjà, toute l’ambitieuse conviction de son maître artisan le plus remarquable, David DeFeis.
Bien évidemment, le terme ‘‘symphonique’’, telle qu’il est admis aujourd’hui, peut sembler un adjectif quelques peu impropres à décrire la musique de ce triptyque. Pour autant l’aspect épique et mélodique, âpre et suave mais aussi rugueux et doux marié en un cri d’un romantisme barbare (‘‘A barbaric romanticism’’, comme aime à le définir lui-même le principal compositeur de ce groupe) de cette musique est indéniable. De plus, les éléments théâtraux qui viennent l’enrichir, la transcendant en une véritable œuvre tragédienne, en font une expression dont le lien de parenté avec ces musiques orchestrales Metal contemporaines est évident.
Dans ce second tiers, sobrement intitulé The Marriage of Heaven and Hell part II sortis en 1995, la démarche conceptuelle de Virgin Steele n’aura guère changé. Toujours enclin à défendre une vision plus exaltée que sur ses œuvres de jeunesse, il nous y propose un Heavy Metal mélodique grandiloquent qu’il déclame en l'enluminant à l’aide de ces éléments, de ces instruments, lié aux musiques classiques. En une fresque homérique superbe, il dépeint, donc, des tableaux magnifiques dans lesquels il célèbre la mythologie avec un goût prononcé pour les épopées héroïques.
Si le métissage entre la rudesse du Heavy et la délicatesse de couplets né d’instruments philharmoniques peut paraître ambitieux, le résultat obtenu ici est mémorable. Des titres tels que le splendide A Symphony of Steele dont le préambule orchestral instaure un climat propice à cet enchainement plus exalté dans lequel, coutumier du fait, David DeFeis rugis magnifiquement, ou encore tels que le superbe Crown of Glory, mais aussi, par exemple, tels qu’un lancinant et entêtant From Chaos to Creation instrumental anticipant un merveilleux Twilight Of The God ne peuvent décemment pas altérer ce plaisir jubilatoire qui nous étreins à l’écoute de cette œuvre. Prometheus the Fallen One et ses atmosphères orientales et Emalaith parviennent même, quant à eux, à élever cette réjouissante allégresse en des cimes plus satisfaisante encore tant ils sont somptueux.
La perfection serait-elle de ce monde ?
Balayant les défauts de production du précédent opus, de The Marriage Of Heaven And Hell Part II ne peut, malheureusement, pas prétendre à un tel constat d’idéal incontestable. L’incroyablement furieux et véloce Devil/Angel, dans lequel l’aspect artistique solennel défendu jusqu’alors est totalement absent, vient entacher cet opus. Parfaitement saugrenue ce morceau d’un classicisme qui semblait étranger à Virgin Steele est, de surcroît, entouré de deux autres clairement moins séduisants. Si le premier, Strawgirl, est une aubade intimiste pas totalement inintéressant, le second, Unholy Water est un morceau lent parfaitement dispensable. De plus l’enchaînement de ces trois chansons moins inspirées, plonge l’auditoire dans une dangereuse torpeur. Fort Heureusement cette hébétude prend fin dès les prémisses d’un excellent Victory Is Mine, nous ramenant immédiatement vers ces plaisirs quelques peu assoupis, ressentis jusqu’alors.
Malgré ces quelques imperfections excusables, cette œuvre confirme donc que l’engouement né après le premier volet de cette trilogie ne fut pas usurpé. Parvenant à extraire Virgin Steele des abysses ténébreux dans lesquelles il fut trop souvent confiné, l’œuvre révèle, aussi, admirablement, les talents de composition de ce groupe. Riche et nuancé, épique et subtil mais aussi agressif et raffiné, l'art, et l’univers particulier de ce groupe, demeure poignant.
2014-04-18 10:57:34
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