dark_omens : 18/20 | Si l'on excepte une première offrande qui, quant à elle, fut dévolue à un Death Metal alliant la brutalité inhérente à ce mouvement à des ambiances plus sombres (Soulside Journey (1991)), ce Transilvanian Hunger, sortant en cette année 1994, fut donc le troisième volet créatif des Norvégiens de Darkthrone dédié à la gloire du Black Metal.
Sans longues litanies inutiles disons que cet album nous offre l'expression la plus délicieusement crue et glaciale de cette trilogie superbe. Disons aussi que tous ceux qui auront accepté de se laisser saisir par la simplicité déchirante de ses riffs hypnotiques, de ses voix haineuses implacables, de ses ambiances prodigieuses, saisissant l'ampleur la plus divinement troublante transparaissant de cet écueil naturellement venimeux, ne pourront décemment pas en sortir indemne.
De plus au cœur de ses constructions répétitives où chaque changement parcimonieux vient délicieusement vous déchirer l'âme, la froideur est encore mise en exergue par cette production minimaliste. Bien évidemment, ce mixage abrupt, d'aspect rudimentaire diront même certains, ainsi que l'apparente simplicité de ces morceaux, pourrait laisser certains néophytes définitivement dubitatifs quant à la grandeur géniale de ce groupe, et de cette œuvre.
C'est ainsi, fort de tous les éléments décrits jusqu'alors, que Fenriz, le principal artisan de ce manifeste avec Nocturno Culto, aura toujours voulu son œuvre. Un son hideux pour une musique hideuse dans laquelle seule comptent les riffs de guitares soutenus par un rythme de batterie monolithique et secondaire, voilà exactement comment il pense son art.
Bercées par ces complaintes aux rythmes épileptiques, aux climats superbement austères et aux voix écorchées criardes, Darkthrone définis donc divinement le socle totalement méritoire d'une vénération dont il sera bientôt la divinité emblématique. Une dévotion dont l'entêtant, et éponyme, Transilvanian Hunger, l'excellent Skald Av Satans, mais aussi Graven Takeheimens Saler seront certaines des incantations les plus adulées. Mais tout comme d'autres d'ailleurs car en extraire une du cœur rongé par le ressentiment de cet album, s'avère une délicate entreprise tant l'uniformité superbement effroyable qui s'en dégage nous glace délicieusement l'esprit à chaque note, chaque hurlement, chaque mot, chaque lieu…
L'usage du nynorsk, dialecte natal de ces hommes du nord, exceptions faites du superbe morceau Transilvanian Hunger et d'As Flittermice a Satans Spys qui, quant à eux, seront dans la langue de la perfide Albion, ajoute même à ce manuscrit une sombre aura impénétrable tout à fait sublime. Notons d'ailleurs, puisque nous en sommes à évoquer les mots de ce plaidoyer, que quatre de ses textes sont l'œuvre du Count Grishnackh, qui n'est autre que Varg Vikernes (Burzum).
Parlons aussi de cette fameuse estampille tendancieuse et maladroite que le duo fit inscrire au dos de ce disque. Ce " Norsk Arisk Black Metal", que les détracteurs les plus farouches du genre traduisirent par "Norwegian Aryan Black Metal", devra cohabiter avec un "True Norwegian Black Metal", qui, selon les propres dires de Fenriz, traduira bien mieux le message qu'il avait voulu faire passer initialement. Finalement, plus tard, seul subsistera la version Anglaise de cette accroche, dissipant toute ambiguïté.
Deux premiers cantiques réussis dédiés à l'art noir. (A Blaze in the Northern Sky (1992) et Under a Funeral Moon (1993)) et ce remarquable Transilvanian Hunger, il n'en fallut pas davantage à Darkthrone, et à quelques autres, pour esquisser les prémices de certaines règles caractéristiques, références implicites indispensables. Et ainsi les sentiments les plus vils, les émois les plus avilissants, allèrent devenir, les territoires les plus fertiles d'une nouvelle ère à laquelle Fenriz, Nocturno Culto et quelques autres encore auront grandement contribué.
2013-09-25 15:04:17
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