PUDDLE OF MUDD
COME CLEAN (Album)
2001, Geffen / Flawless Records


1. Control 03:51
2. Drift and Die 04:24
3. Out of My Head 03:44
4. Nobody Told Me 05:21
5. Blurry 05:03
6. She Hates Me 03:36
7. Bring Me Down 04:02
8. Never Change 03:58
9. Basement 04:21
10. Said 04:07
11. Piss It All Away 05:38

Total playing time 48:10


Silent_Flight : 14/20
C'est fou ce que les Etats-Unis sont forts en matière de "teen rock", cette musique destinée à essentiellement à une adolescence qui ne connaît pas plus son orientation musicale que son orientation sexuelle. Outre les Blink-182 et Sum 41 qui figuraient sur nos t-shirts (et encore) entre 12 et... 12 ans, le grunge est bien l'un des seuls porte-parole de la jeunesse à être souvent -pas toujours, mais souvent quand même- salué par les "anciens".

Nous sommes en 2002. Alors que la notoriété de Creed se voit dégradée par son leader qui n'a pas fini de péter plus haut que son derrière, que Silverchair se popise plus vite que son ombre, que Pearl Jam s'éloigne de plus en plus de ce qui a fait son succès et que Layne Stanley nous laisse une blessure profonde de sa disparition, l'espoir de revoir un jour le grunge refaire surface était presque vain, la nouvelle vague rap-metal faisant figure de meneuse.

C'est alors qu'un jour, en zappant sur une célèbre chaîne musicale, un groupe dont le chanteur/guitariste ressemble étrangement à Cobain aussi bien au niveau du physique que de la voix joue un morceau au riff puissant et au refrain saisissant: "Come Clean", de l'album du même nom, le premier de la formation écopant d'une diffusion internationale. Eurêka, c'est Dieu qui nous les envoie! Non en fait pas vraiment, c'est un certain Fred Durst, le vilain petit canard du rock à l'époque, qui s'est occupé de porter ces quatre lurons au devant de la scène alternative; il est d'ailleurs responsable de la formation de la bande après avoir incité les musiciens a quitter leurs projets de vie respectifs. Business to business... Bref, produit par John Kurzweg, par le groupe lui-même, co-produit par Durst et mixé par le monstre Andy Wallace (Slayer, Nirvana, SOAD, RATM, rien que ça), Come Clean a sonné comme la relève de Nevermind... pendant trois mois.

Non mais qu'est-ce qu'il y a d'étonnant, là? Oui, Come Clean est un album sympathique, oui le riff du morceau éponyme est imposant, oui «Blurry» est un morceau touchant où Scotlin évoque qu'il a été un père pourri qui a délaissé sa famille au profit des substances illicites, oui le grunge est bien là, mais était-ce nécessaire de faire tout un buzz pour un groupe qui ne fait que copier les traits de ses ainés, Nirvana pour la tonalité et Alice In Chains pour l'émotion? Hormis «Drift & Die» en hommage à Stanley, qui peut expliquer l'ambiance similaire, et quelques morceaux qui tirent leur épingle du jeu («Basement», «Nobody Told Me»), peu d'éléments intéressants sont à appréhender dans cette galette, surtout pas l'insulte artistique «She Hates Me» aussi ridicule que son clip, un faux-pas qui a su rester en travers de la gorge mais qui ne sera heureusement pas renouvelé sur ses successeurs.

Bilan: pas assez trash (et non thrash) pour être une référence grunge, mais pas non plus assez cul-cul pour être cité comme la honte de la famille. Ca reste du rock de bonne facture qui se fredonne pendant une pause-pipi (la pochette est trash, par contre) et c'est toujours un plaisir de se remémorer ces années où AC/DC était encore jugé trop vieillot par rapport aux guitares sous-accordées qui vrombissaient dans les écouteurs.

2011-02-28 19:30:03


Hacktivist : 15/20
Sept ans, sept ans déjà que Kurt Cobain nous a quittés sur un album live unique, que désormais tout le public semble connaître et saluer. Dix années se sont également écoulées depuis l'explosion du grunge et la sortie d'albums phares dans l'histoire du mouvement. Un excellent cru qui ne se renouvellera pourtant qu'en 2001, plus modestement certes, marquant alors une nouvelle étape où le restant de ces formations publiera là leur tout dernier album (Creed, Stone Temple Pilots ou encore Bush) avant un long repos bien mérité. Mais si à la limite, Puddle Of Mudd n'avait reçu que de simples controverses vis-à-vis de sa pochette "choc" mettant largement en avant le fils de Wes Scantlin, le cul à l'air, cela n'aurait pas autant posé problème. Le fait est que ce dernier dont l'influence de Kurt Cobain sur la voix et le physique demeure évidente, s'est mis à dos tous les puristes du grunge, et pas seulement.

Tandis que la vague néo-metal se fait très largement sentir, que les goûts et les couleurs du public changent, dans le même temps, le mouvement grunge commence à sérieusement s'épuiser voire à presque décliner. Pourtant, un groupe, Puddle Of Mudd, issu de la seconde vague du Seattle Sound sortira de l'ombre grâce au soutien du producteur et leader de Limp Bizkit bien connu, le dénommé Fred Durst à la tête de son propre label Flawless Records (ce dernier ayant aussi découvert et soutenu les Américains de Cold sur l'éponyme de 1998). Malgré tout, on ne peut renier que le son du quatuor est beaucoup moins crasseux et que les guitares semblent nettement moins distordues qu'à l'ère des 90's, mais à côté de ça, Puddle Of Mudd y apporte une certaine modernité, un nouveau souffle, tout en s'inspirant de Nirvana ou d'Alice In Chains.

Le reste de l'équipe de production quant à elle, est composée par le producteur John Kurzweg rendu célèbre par les trois premiers opus de Creed et le mixage, signé de la patte de l'ingénieur du son de renom Andy Wallace (Nirvana, L7, Silverchair ou encore Linkin Park). De ce côté-là, on peut dire que ce "Come Clean" a plutôt l'air très bien rodé. Presque autant que Puddle Of Mudd sur le hit gavé d'émotion du nom de "Blurry" soutenu par un refrain mémorable, restant fortement gravé dans la mémoire (« Can you take it all away? / Can you take it all away? / When you shoved it in my face / This pain you gave to me »). Wes Scantlin tâchera d'ailleurs de reproduire cette performance sur la ballade dégoulinante de mélancolie "Drift & Die" (qui est dans une certaine mesure, plus personnelle aussi) où l'apport acoustique fera véritablement bon lieu d'être, tout comme sur la réussie "Never Change". Non pas que cela ait réellement su apporter plus de diversité dans la tracklist, mais les percussions livrées sur "Piss It All Away" et le son plutôt intéressant de la guitare acoustique semblent tomber à pic, avec cet énième chant tout en douceur, en légèreté.

Si l'on peut donc considérer Puddle Of Mudd comme le mal-aimé de cette nouvelle vague grunge, "She Hates Me" n'arrangera sans doute rien, pire. Un titre aussi spécial et amusant que repoussant pour les 3/4 des auditeurs, même si celui-ci contient une mélodie reconnaissable entre mille et une progression déjà très prévisible dès les premiers instants. En fait, c'est surtout le chant de Scantlin qui est à la limite du désagréable (ah, ces « la la la la la la la la la love ») et qui parfois, joue avec l'aspect un peu cliché du grunge (lyrics que l'on peut mettre à toutes les sauces, envolées punk rebelles assez faiblardes...). Le combo faiblira aussi sur la deuxième partie du disque avec des titres tels que "Said" qui traîne sur la longueur ou bien sur la très dispensable "Bring Me Down".

En outre, le déclic Puddle Of Mudd se fait nettement sentir sur le déchaîné et bien puissant "Control" et plus précisément sur l'excellent "Nobody Told Me" où l'on aurait aimé retrouver plus de titres de cet acabit sur cet opus. Quelques notes lancinantes en fond sur l'introduction, un chant grave et désespéré à la Kurt Cobain et une instru' plus lourde voire heavy rappelant Alice In Chains, le tout saupoudré d'une certaine noirceur dans les riffs et de rage.

Non, Wes Scantlin n'est évidemment pas le nouveau Cobain mais il semblerait bien qu'avec cet agréable et plutôt bon "Come Clean" - Puddle Of Mudd ait d'ores et déjà pris part à la ligne de soutien, au front de résistance grunge opéré par les quelques survivants. Ce qui est sûr en revanche, c'est que les Américains ont pu composer de nombreux hits modernes du grunge des années 00' (et il convient de distinguer ces années-là des 90's, le style ayant évolué).

2014-04-21 16:05:21