Hacktivist : 15/20 | Sept ans, sept ans déjà que Kurt Cobain nous a quittés sur un album live unique, que désormais tout le public semble connaître et saluer. Dix années se sont également écoulées depuis l'explosion du grunge et la sortie d'albums phares dans l'histoire du mouvement. Un excellent cru qui ne se renouvellera pourtant qu'en 2001, plus modestement certes, marquant alors une nouvelle étape où le restant de ces formations publiera là leur tout dernier album (Creed, Stone Temple Pilots ou encore Bush) avant un long repos bien mérité. Mais si à la limite, Puddle Of Mudd n'avait reçu que de simples controverses vis-à-vis de sa pochette "choc" mettant largement en avant le fils de Wes Scantlin, le cul à l'air, cela n'aurait pas autant posé problème. Le fait est que ce dernier dont l'influence de Kurt Cobain sur la voix et le physique demeure évidente, s'est mis à dos tous les puristes du grunge, et pas seulement.
Tandis que la vague néo-metal se fait très largement sentir, que les goûts et les couleurs du public changent, dans le même temps, le mouvement grunge commence à sérieusement s'épuiser voire à presque décliner. Pourtant, un groupe, Puddle Of Mudd, issu de la seconde vague du Seattle Sound sortira de l'ombre grâce au soutien du producteur et leader de Limp Bizkit bien connu, le dénommé Fred Durst à la tête de son propre label Flawless Records (ce dernier ayant aussi découvert et soutenu les Américains de Cold sur l'éponyme de 1998). Malgré tout, on ne peut renier que le son du quatuor est beaucoup moins crasseux et que les guitares semblent nettement moins distordues qu'à l'ère des 90's, mais à côté de ça, Puddle Of Mudd y apporte une certaine modernité, un nouveau souffle, tout en s'inspirant de Nirvana ou d'Alice In Chains.
Le reste de l'équipe de production quant à elle, est composée par le producteur John Kurzweg rendu célèbre par les trois premiers opus de Creed et le mixage, signé de la patte de l'ingénieur du son de renom Andy Wallace (Nirvana, L7, Silverchair ou encore Linkin Park). De ce côté-là, on peut dire que ce "Come Clean" a plutôt l'air très bien rodé. Presque autant que Puddle Of Mudd sur le hit gavé d'émotion du nom de "Blurry" soutenu par un refrain mémorable, restant fortement gravé dans la mémoire (« Can you take it all away? / Can you take it all away? / When you shoved it in my face / This pain you gave to me »). Wes Scantlin tâchera d'ailleurs de reproduire cette performance sur la ballade dégoulinante de mélancolie "Drift & Die" (qui est dans une certaine mesure, plus personnelle aussi) où l'apport acoustique fera véritablement bon lieu d'être, tout comme sur la réussie "Never Change". Non pas que cela ait réellement su apporter plus de diversité dans la tracklist, mais les percussions livrées sur "Piss It All Away" et le son plutôt intéressant de la guitare acoustique semblent tomber à pic, avec cet énième chant tout en douceur, en légèreté.
Si l'on peut donc considérer Puddle Of Mudd comme le mal-aimé de cette nouvelle vague grunge, "She Hates Me" n'arrangera sans doute rien, pire. Un titre aussi spécial et amusant que repoussant pour les 3/4 des auditeurs, même si celui-ci contient une mélodie reconnaissable entre mille et une progression déjà très prévisible dès les premiers instants. En fait, c'est surtout le chant de Scantlin qui est à la limite du désagréable (ah, ces « la la la la la la la la la love ») et qui parfois, joue avec l'aspect un peu cliché du grunge (lyrics que l'on peut mettre à toutes les sauces, envolées punk rebelles assez faiblardes...). Le combo faiblira aussi sur la deuxième partie du disque avec des titres tels que "Said" qui traîne sur la longueur ou bien sur la très dispensable "Bring Me Down".
En outre, le déclic Puddle Of Mudd se fait nettement sentir sur le déchaîné et bien puissant "Control" et plus précisément sur l'excellent "Nobody Told Me" où l'on aurait aimé retrouver plus de titres de cet acabit sur cet opus. Quelques notes lancinantes en fond sur l'introduction, un chant grave et désespéré à la Kurt Cobain et une instru' plus lourde voire heavy rappelant Alice In Chains, le tout saupoudré d'une certaine noirceur dans les riffs et de rage.
Non, Wes Scantlin n'est évidemment pas le nouveau Cobain mais il semblerait bien qu'avec cet agréable et plutôt bon "Come Clean" - Puddle Of Mudd ait d'ores et déjà pris part à la ligne de soutien, au front de résistance grunge opéré par les quelques survivants. Ce qui est sûr en revanche, c'est que les Américains ont pu composer de nombreux hits modernes du grunge des années 00' (et il convient de distinguer ces années-là des 90's, le style ayant évolué). 2014-04-21 16:05:21
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