ANATHEMA (UK)
THE SILENT ENIGMA (Album)
1995, Peaceville Records




Killy : 18/20
Anathema n'est pas un groupe facile d'approche… Nous sommes dans les années 90, les Anglais font partie du Big Three Doom-Death, avec Paradise Lost et My Dying Bride.

Anathema a besoin de mélodies, d'atmosphères fouillées pour inspirer et expirer ses magnifiques idées. Darren White et son chant guttural très caverneux (bien mis en valeur d'ailleurs dans le clip Mine is Yours) a préféré mettre les voiles, ce qui n’a en rien freiné le groupe dans sa créativité et son inspiration.
Vincent Cavanagh va alors se lancer dans le chant et on ne peut qu'applaudir cette initiative, car sa voix est magnifique.
Anathema change donc légèrement de direction musicale et réalise un album de transition qui se révélera au final être le meilleur album de leur carrière, dans ce style doom-death (presque gothique) qui leur est cher.

Alors que Vincent vomit sa tristesse avec un chant oscillant entre chuchotements et hurlements de rage, les guitares lourdes laissent une ambiance de désespoir total. On ne sort pas de cet album indemne et encore moins avec le sourire ! Danny Cavanagh ne veut pas conter une histoire qui se termine bien, la mort reste toujours la seule issue chez nos amis anglais. La surprise survient aussi du jeu de basse de Duncan Patterson qui possède un style très floydien, et apporte ainsi une touche plus progressive au groupe. La batterie reste constante, un peu en retrait, mais ne baisse jamais d‘intensité et n‘affaiblit pas les morceaux.

L’album est donc magnifique, Anathema nous faisant visiter son univers avec une douceur langoureuse (« Restless Oblivion »), ou avec une tristesse et une rage profonde (le superbe « Shroud of Frost************* », très riche mélodiquement). En intermède, « Alone » nous berce dans la solitude (le nom de ce morceau est parfait !). Un disque comme The Silent Enigma doit en effet s'écouter seul… C'est un entretien privé avec Anathema, une osmose, une communion entre nous-mêmes et leur musique…
Le titre « Sunset of the Stone Age » peut quant à lui nous faire penser aux précédents albums, et Vincent prouve réellement son talent de chanteur avec un effet d'écho parfaitement maîtrisé. « Nocturnal Emission » passe sans que l'on ne s'en rende vraiment compte, « Cerulean Twilight » nous met en transe et nous guide, grâce à ses guitares et à ses chuchotements intimes, vers The Silent Enigma (dont le clip est magnifique). Ce titre m’évoque un profond désespoir amoureux et les sentiments de détresse que cela entraîne… L'intro de « Danny » est superbe, et vient enfin l'ovni, l'hymne, la perfection de doom death jamais égalée, le titre « A Dying Wish » et sa mélodie parfaite. Cet air si triste, si efficace, ne peut que rester à jamais gravé dans votre mémoire. Sur ce titre, le batteur se lâche et fait décoller l’album pour un voyage dans les ténèbres. Duncan Patterson nous livre au passage l’une de ses meilleures partitions de basse. La dernière chanson, Black Orchid, nous achève et incarne à elle seule le groupe Anathema : rage, peur, tristesse et désespoir.

Un album culte à écouter souvent, au casque de préférence, et qui vous fera couler des larmes de bonheur et de tristesse…


2007-05-17 00:00:00