HERETOIR
THE CIRCLE (Album)
2017, Northern Silence Productions


1. Alpha
2. The White
3. Inhale
4. Golden Dust
5. My Dreams Are Lights in the Sky
6. XIX XXI XIV
7. Exhale
8. Eclipse
9. Laniakea Dances (Soleils Couchants) (ft. Neige of Alcest)
10. Fading with the Grey
11. The Circle (Omega)


Icare : 18/20
Aaaah, Heretoir ! One man band à la trajectoire atypique emmené par le multi instrumentiste Eklatanz, le talent de la formation allemande éclate au grand jour avec un premier album éponyme en 2011 que les auditeurs et la critique acclament unanimement comme un des joyaux de la scène post black metal alors en pleine effervescence.
Cinq ans après ce premier succès, voilà enfin The Circle, le tant attendu deuxième full length d’Heretoir, qui nous revient sous la forme d’un quatuor stable et talentueux.

Alpha ouvre la boîte à rêves, entamant la montée vers les étoiles le long de ce doux arpège qui nous élève en douceur durant presque deux minutes, puis The White s’ouvre sur ce mur de guitares puissant et saccadé avec cette couche de notes lumineuses qui se superposent en une myriade scintillante sur ce tapis de grattes abrasives. Les voix sont au diapason, le chant éthéré et touchant de David appuyant ses hurlements rageurs. Le batteur est en état de grâce et apporte beaucoup aux différents morceaux, parvenant à ajouter un énorme feeling à un jeu extrêmement précis, technique et fouillé pour un style d’habitude si simple et éthéré.
D’une manière générale, le contraste entre lourdeur et envolées célestes confère à l’ensemble de ces onze titres une palette d’émotions extraordinaire, entre rancœur, colère, mélancolie, délivrance, sérénité et béatitude, et d’un bout à l’autre de ces 65 minutes, Heretoir nous happe et nous engloutit dans son univers où arpèges et riffs metal, chant clair et hurlements black, mid tempi et blasts s’entrechoquent doucement pour créer un équilibre aussi délicat qu’incroyable d’émotions et de justesse.

Non, The Circle n’est plus un assemblage artificiel et parfois un peu naïf de post rock et de black metal comme pouvait l’être son prédécesseur, c’est un conglomérat unique aux mille âmes et aux mille visages qui nous transporte sur les ailes invisibles de l’extase à grand renfort d’envolées mélodiques bouleversantes et d’ambiances incroyablement prenantes (la petite respiration XIX XXI XIV). Si les voix sont très expressives et variées, avec un chant clair notamment bien plus présent et maîtrisé que sur l’album éponyme, ce sont surtout ces longues plages instrumentales ou guitares saturées et flamboyances oniriques nous renversent d’un même souffle d’esthète, épique cosmique et viscéral.
Du spleen délectable de Golden Dust, avec ses arpèges paisibles et nonchalants et ses voix lointaines qui semblent nous parvenir de cieux inaccessibles, aux explosions metalliques furieuses de Fading With the Grey, toujours sublimées par un art mélodique immaculé juste et touchant, en passant par Laniakea Dances sur lequel l’inévitable Neige vient pousser la chansonnette - nous baignant de cette lumière douce et chaude qui nous irradie de sérénité et de bien-être, Heretoir crée et détruit des univers, nous avale, nous dissout et recompose nos milliards d'atomes dans des mondes parallèles aux couleurs troublantes et hypnotiques, chant des sirènes à la beauté irrésistible et transcendante (la fin de Fading With the Grey, bouleversante d’intensité, où blasts, guitares cosmiques et chant éthéré fusionnent en un magma bouillonnant d’émotions pures).

Finalement, chaque titre mériterait un paragraphe à lui tout seul tellement le propos est riche et multiple tant musicalement qu’émotionnellement, et, n’ayons pas peur des mots, dans un style dorénavant galvaudé dans lesquels trop de groupes s’engouffrent sans grande originalité ni talent, ici la perfection est proche.
Si l’album éponyme vous avait mis une claque, alors The Circle, qui le surpasse à tous les niveaux, va vous submerger. De même, si Alcest est bien le créateur du post black metal, avec The Circle, Heretoir transcende et immortalise le style, ni plus ni moins.
Une étoile est née, et comme dirait l’autre, « le ciel étoilé offre une leçon de sagesse à qui sait le regarder – l‘écouter ! - : s’y perdre, c‘est se trouver ».

2017-03-23 02:41:27