CULTFINDER
HELL'S TEETH (EP)
2014, Eldritch Lunar Miasma Records




Icare : 12/20
Cultfinder est un groupe anglais qui se crée en 2010 et sort l’année suivante une très bonne première démo d’un bon vieux black thrash classique mais foutrement accrocheur. Deux ans plus tard, le groupe réitère avec un premier EP, Black Thrashing Terror, et en cette année 2014, les Britanniques nous gratifient du bien nommé Hell’s Teeth à la truculente pochette ( ce grand cornu en train de se taper un gueuleton de chair fraîche ça ne vous rappelle rien ?) qui annonce un black thrash direct et destructeur comme on les aime, ultra prévisible, certes, mais jouissif.

Que nous propose Cultfinder exactement ? Rien de bien novateur, certes, mais des compos solides et honnêtes, une musique rapide et délicieusement agressive dominée par un sentiment d’urgence omniprésent et une influence punk non négligeable ( Morbid Breed, avec ses larsens bien sales et ce rythme de batterie binaire qui enchaîne sur un riff simpliste et headbangant, le début de Drink to the Devil, avec ce riff typé crossover renforcé par une basse claquante et ce refrain fédérateur qu’on imagine facilement repris dans la fosse).
Les riffs sont simples et directs, pas de surenchère technique ni d’effets prétentieux, Rob Himself officiant seul à la six-cordes, la batterie, au son étonnamment sec et mat, donne un bon rythme à l’ensemble, alternant entre mid tempos et blasts, n’hésitant pas à donner du roulement quand il le faut et se fendant de temps en temps d’une petite partie de double pour alourdir le tout, et bien sûr, il y a quelques bons breaks des familles pour casser la linéarité et repartir de plus belle, généralement sur une partie blastée, histoire de relancer la machine, et on trouve également quelques passages plus lourds et headbangants proches du death ou à la limite du doom ( ce long passage de The Devils Whore dès 2,50 minutes, la fin de Morbid Breed). L’excellent All Conquering Death condense le meilleur du groupe, avec cette entame imparable d’agressivité tous blasts dehors, ce refrain aux grattes excellentes qui restent en tête, ce retour sur le riff de départ, simpliste mais ultra efficace, et ce break lourd et sombre à 1,56 minutes qui épaissit l’ambiance et lui confère un délicieux parfum de souffre.

Musicalement donc, pas grand-chose à reprocher, à vrai dire, ce qui choque le plus sur cet EP, c’est la voix de Rob, pas vraiment adaptée au style, sonnant plus comme un croassement morbide désagréable et sans puissance. En fait, les éructations du frontman me font énormément penser aux accès poussifs de Sabathan, et ce n’est d’ailleurs pas la seule similitude avec le combo belge puisque le son de la batterie rappelle également celui des débuts d’Enthroned. Même atmosphère sombre et evil, même volonté de rapidité, de chaos et de destruction, mais toujours avec un sens du riff et de la mélodie qui fait mouche (Le début de The Scourging Angel, lourd et ambiancé, presque death metal, qui ne fait qu’intensifier la claque que l’on se ramasse après avec ce méchant riff black appuyé par ce blast bien rapide), la comparaison avec les vétérans wallons est finalement assez judicieuse même si les deux combos se distinguent assez nettement au niveau du style.

Hell’s Teeth est un EP tout à fait correct musicalement parlant donc, et qui satisfera sans doutes tous les fans de black thrash qui ne sont pas en quête de prouesses techniques ou de grande originalité. Ceci dit, la pilule risque d’être un peu dure à avaler pour ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts, puisque l’enregistrement ne possède finalement que deux véritables nouvelles compos, All Conquering Death, The Devil’s Whore et The Scourging Angel – les meilleurs titres soit dit en passant ! - n’étant que des réenregistrements de la première démo de 2011, et Heathen Visions et Unholy Orders étant de courts instrumentaux ayant pour seul intérêt d’ajouter une touche occulte et d’introduire les bombes que sont All Conquering Death et The Scourging Angel .
Deux titres en deux ans, donc, Morbid Breed et Drink to the Devil, et qui plus est moins percutants que les autres morceaux réenregistrés pour l’occasion, autant dire que c’est un peu léger.
Certes, Cultfinder se la joue punk, mais là, la provocation frise le foutage de gueule. Hell’s Teeth est peut-être un objet idéal pour découvrir le groupe, mais pour les fans de la première heure autant dire que l’intérêt de cet EP est quasi nul – reste la pochette… Vous voilà prévenus.
Et sinon messieurs, à quand un vrai album ?

2014-03-17 19:18:05