VINTERGEIST
NEMOSSOS (Demo)
2014, Auto-Production


Re-Issue in 2014 by Asgard Hass.

1. Vestiges 02:27
2. Nemossos 05:41
3. Le Barde Solitaire 04:36
4. S.P.Q.R. 06:37
5. Aux Portes de Gergovie 05:16
6. Un Signe de Missio 04:25
7. Dévotion 03:43
8. Il Sombra dans l'Oubli 05:12
9. La Fin d'un Règne 10:20
10. A Meeting Place and Time (Woods Of Ypres Cover) 10:03

Total playing time 58:20


Icare : 14/20
Il n’y a pas grand-chose qui filtre sur la toile sur Vintergeist. Mis à part que c’est un one band de Clermont-Ferrand formé par Simon The Arvernian, ex bassiste de Rein, en 2013, difficile d’en savoir plus sur le groupe en question.
Il faudra donc se contenter de ce que Nemossos, première démo autoproduite, a à nous offrir en guise de présentation, à savoir un black racé et mélancolique qui recèle d’indéniables qualités.

Dés Vestiges, bref titre de 2,28 minutes qui fait office d’intro, on comprend que l’accent sera mis sur les guitares : mélancoliques, oniriques, distillant des riffs limpides malgré la saturation indispensable au style, rehaussées par une basse langoureuse et parfaitement audible, elles nous ballottent agréablement dans un univers black mélodique aux doux relents post rock. Le début de Nemossos nous le confirme, avec ce riff roulant et mélancolique, mais le titre, plus long, est aussi plus diversifié, se chargeant bientôt d’arpèges dépressifs avant d’exploser sur une partie post rock d’abord, puis des grattes plus typiquement black et nordiques par la suite, avec une batterie (probablement une boîte à rythmes !) plus véloce, ne nuisant nullement au sens mélodique, mais lui conférant une agressivité bienvenue. Les riffs sont nombreux, toujours racés et relativement prenants, les tempi alternent, avec cette basse toujours bien présente qui ne se contente pas d’épouser les lignes de la six cordes, et ce titre éponyme est plus que correct, transpirant un certain feeling guitaristique très agréable à l’écoute même s’il souffre encore de quelques approximations, notamment dans les enchaînements et les transitions entre différents riffs.

Les morceaux s'enchaînent et forment un tout homogène, un black épique et mélodique, axé sur les guitares, jamais vraiment violent, malgré quelques moments de bravoure (la fin de SPQR, le début de Dévotion). Même s’il est moins atmosphérique, ce Nemossos plaira sans doute aux amateurs de Svarti Loghin, voire de Woods of Desolation (en moins saturé et planant quand même), avec qui il partage cette volonté de transporter l’auditeur dans des contrées lointaines et immaculées.
Le Barde Solitaire, plus rythmé et païen dans l’âme, avec ces riffs guerriers et majestueux sur lesquels la voix d’Arvernian s’incarne mieux, fait place à SPQR, s’ouvrant sur un riff hypnotique et sombre que ne renierait pas Nyktalgia. Les titres ne sont pas inoubliables, mais se succèdent parfaitement, se ressemblant parfois un peu, et, chose appréciable, augmentent en qualité, chacun possédant ses moments forts, pleins de noblesse et de grandeur où l’on est vraiment pris par la musique et où la magie opère parfaitement: ici un riff particulièrement entêtant et habité, là un lead lumineux surmonté d’un blast pour accentuer le contraste agressivité/mélodie (Dévotion), ensuite une partie lente et majestueuse enchaînant sur un passage plus rapide... Vintergeist parvient à nous transporter le long de ces 9 pistes, et les images qui défilent devant nos yeux sont variées, entre champs de bataille jonchés de cadavres, fjords neigeux et désertiques et forêts désertes où s’engouffrent les plaintes lugubres du vent…

Bien sûr, il y a quelques maladresses dans ce Nemossos, à commencer par ces vocaux grognés et rauques peu en adéquation avec la musique : là où une voix black très écorchée aurait était parfaite, agissant plus comme un instrument à part entière, on a ici une sorte de grognement death sans variation et qui manque cruellement d’émotion. Ceci dit, si la voix irrite sur les premiers titres, on finit par s’y faire à la longue. Autre point noir, le son : s’il permet bien de distinguer tous les instruments, il sonne trop amateur, trop lisse, pas assez compact, et fatalement, le tout manque de liant et perd en cohérence.
Musicalement, l’ensemble est bon, même si la galette présente quelques riffs encore un peu naïfs, des enchaînements pas toujours parfaitement maîtrisés, et quelques voix claires un peu fausses et malhabiles (Un Signe de Mission, Il Sombra Dans L’Oubli).

Ceci dit, force est de constater que pour un premier jet, cet EP, du haut de ses 54 minutes (quand même, on a connu bon nombre de full length moins longs, d’ailleurs, Nemossos aurait gagné à être un peu amputé La Fin d’Un règne, avec son long silence et sa piste cachée, étant plus anecdotique), constitue une bonne surprise et révèle une formation au feeling mélodique et à la sensibilité musicale plus qu’intéressants. Vintergeist est un groupe à découvrir et à suivre de près, et nul doute que si le musicien parvient à améliorer la qualité de son prochain enregistrement et à laisser son art mûrir un peu, on obtiendra un excellent premier album qui comblera à coup sûr tous les amateurs de black mélodique, épique et mélancolique . En attendant, rien n’empêche de s’enfiler ce Nemossos entre les esgourdes pour se mettre en condition!

2014-03-24 19:16:52