DRENAï
A RISING THUNDER (Demo)
2013, Auto-Production


1. Intro / When Legends Walked Amongst Men
2. Rebellion
3. Nadir's March
4. Drenaï
5. Eldibar
6. Keepers of the Pride


AlonewithL : 14/20
On regrette parfois que la Normandie, territoire durablement marqué par son passé, n’ait pas fait germer moult formations populaires œuvrant dans la musique folklorique. En folk metal, certains connaissent déjà « Hopes Of Freedom », ayant fait dans le heavy épique bancal, avant de convenir pour un power folk beaucoup plus entreprenant. Un petit nouveau originaire de Rouen viendra s’associer pour défendre les couleurs du drapeau aux deux léopards. Le projet « Drenaï », initié en 2011, ne conte pas les exploits de leurs ancêtres normands, mais plutôt ceux des romans de l’auteur britannique David Gemmel, décédé en 2006, créateur de romans de Heroic-fantasy, et plus particulièrement du cycle dit « de Drenaï ». Il sera donc question de magnifiques héros et de grandes batailles à l’épée. C’est par un éclair, que « Drenaï » se lance dans l’aventure, sous la protection donc du dieu Taranis.

« A Rising Thunder » est en fait une démo composée de six morceaux. Son introduction « When Legends Walked Amongst Men » nous donne un aperçu magistral. Dès lors, nous sommes enclins à spéculer sur la suite de l’album et l’avenir du groupe. Cette intro est en fait une superbe orchestration épique menée brillamment, ayant un air de ressemblance avec « The Return » d’« Ancient Rites », en grande partie pour sa solennité et sa forte dimension épique. Puis, cela va être la coupure, le divorce. Nous ferons la moue à l’écoute des premières notes des premiers riffs bruts et tranchants de « Rebellion », qui vient relayer l’extase introductive. Ce serait un heavy un peu trop sec, qui n’aurait pas mérité de figurer juste après une composition symphonique aussi ambitieuse. Néanmoins, « Rebellion » va vite révéler ses atouts. Une flûte très déterminée et une bonne couverture épique vont soutenir avec succès l’effort. Nous avons là une rencontre efficace entre la musique de « Cruachan » et celle d’un « Thrudvangar ». Au final, le morceau gagnera notre estime, au point de le repasser avec plaisir des fois et des fois.

Cette attraction tient aussi du fait de l’originalité des chœurs, qui ne font pas dans le registre contemplatif, comme on voit trop souvent dans de nombreuses formations folk et pagan. Nous les retiendrons encore, pour le titre « Drenaï », peut-être moins attachants que sur « Rebellion ». Celui-là mise sur l’énergie, le dynamisme. Nous sommes au comble de l’esprit guerrier. Cet élan est stoppé peu avant le milieu de piste pour une courte pause, pour une courte ballade acoustique emmenée par deux chants clairs ; un masculin et l’autre féminin, ceux d’un couple. Cette phase terminée, l’équipe relance la bataille. On regrettera par contre l’aspect répétitif de sa fin, comme on regrettera également la tournure trop bourrue que prend le très pagan « Nadir’s March ». On aurait beau ici reprendre un aspect plus tribal, la rythmique est poussive, la guitare trop maladroite. Ses sonorités grésillées ne posent pas de problème sur les autres morceaux, ici c’est un handicap. Heureusement, les claviers et la flûte viennent renforcer la structure, la complétant avec de douces mélodies.

La flûte disposera d’un moment privilégié sur l’entame de « Keepers of the Pride ». La sobriété et lla tournure traditionnelle de cette entame rappellera aux intéressés l’œuvre de « Cruachan ». Ce constat passera à trépas au bout de 50 secondes d’écoulement. « Drenaï » semble se révolter, renverser la table en proposant un jeu pleinement viril. En revanche, ce bouleversement dans les remous, dans la force, ne jouera pas en milieu de piste. C’est au tour de la flûte de prendre sa revanche, et d’inviter à ses côtés ce qui semble être un accordéon diatonique. Le répit est de courte durée et cédera aux assauts du trio guitare/batterie/growl. Ils avanceront ensuite de concert, redonnant cette musique finntrollienne que l’on avait entraperçu avant le break. Cette prise en subtilité n’équivaut toutefois pas celle d’« Eldibar », surprenant pour ces accents groove. Ce sont les claviers qui redonneront une assise folk au morceau, en produisant des airs celtiques et dansants. Nous avons en seconde partie de piste un superbe solo, qui fera taire toute médisance à propos de la prestation réalisée par les guitaristes du combo tout le long de cette sympathique démo.

Pour une première réalisation, une démo qui plus est, ça a de la gueule. Si on compare à d’autres pays plus en pointe dans le mouvement folk metal (je songe au voisin allemand par exemple), la France offre peu de formations et peu de réalisations. Néanmoins, gardez à l’esprit que quelques soient ses provinces, en Normandie, dans le bassin parisien ou dans le Poitou, notre pays cultive l’espoir de jours meilleurs, de talents promus à un grand avenir. « A Rising Thunder » laisse l’espérance que « Drenaï » affrontera un jour peuplades mythiques, dragons et êtres maléfiques à travers de nombreuses et lointaines contrées. En travaillant d’arrache-pied ils gagneront ensemble l’expérience et les armes, qui leur permettront un jour prochain d’accomplir de fabuleux exploits. Ils sont encore petits, jeunes, mais déjà forts. « Les gens ont besoin de héros, et s'ils n'en ont pas, ils s'en inventent. » (David Gemmel – Druss la Légende).

14/20

2013-11-19 02:28:08