GUT-SCRAPERS
GIMME YOUR SOUL (Album)
2012, Auto-Production


1. Cheers Motherfuckers 04:12
2. Take Them Off 04:50
3. Got No Life 04:07
4. Gimme Your Soul 03:49
5. Be on the Ball 04:38
6. Take Me Away 03:33
7. Angry 04:51
8. Burden 04:43
9. Thumbs Up 04:56
10. You Suck 04:00

Total playing time 43:39



AlonewithL : 13/20
La région garoise, c’est une belle destination, mais ce n’est pas non plus le Texas. Des natifs de ce petit coin du sud de la France ne sont apparemment pas de cet avis. Originaire de Nîmes, la formation hard rock « Gut-Scrapers » se décrit comme un groupe « tout-terrain », aussi à son aise dans nos contrées verdoyantes que dans le désert texan, voire australien. Sa musique a pourtant quelque chose en rapport avec ces espaces désertiques. Un peu d’ « AC/DC », un peu de « ZZ Top » et le tour est joué. La troupe a eu le temps de se forger une petite réputation entre temps, figurant ainsi en première partie de « Crucified Barbara », de « Sinsemilia » ou des « Fatals Picards ». C’est tout naturellement qu’ils s’accorderont les services du dessinateur de Bandes Dessinées Claude Pelet (natif de leur région), à l’illustration de ce premier opus au titre capricieux de « Gimme Your Soul ». Effectivement, on finit par comprendre une telle exigence, car il manquerait encore une âme pour rendre « Gut-Scrapers » imparable.

On prend pleinement dimension du produit à l’écoute de « Cheers Motherfuckers ». Comme nous le verrons également bien plus tard avec « You Suck », « Gut-Scrapers » ne fait pas dans la dentelle niveau paroles. Ils tendent à nous montrer que c’est du viril, de la musique pour hommes. C’est aussi vrai musicalement parlant. D’ailleurs « Cheers Motherfuckers » se base sur un hard rock aux accents groovy sud-étasunien et sur le chant grave et testostéroné de Thierry Pitarch. Cependant, il ne se fait pas entièrement bien à la langue anglaise, accrochant parfois ses mots. Ce qui est moins appréciable ce serait le manque d’électricité et d’énergie de la part des guitares. Ce n’est donc pas du « American Dog », vertueux dans ses mélodies et son entrain. Le jeu des nîmois est beaucoup moins excentrique, ampoulé même, si on en croit le brûlant éponyme « Gimme Your Soul », mais aussi chez le déliquescent « You Suck », remarquable par ses airs massifs et patauds.

« Gut-Scrapers » va se fonder sur une musique simple et directe, adoptant parfois même un ton nerveux, comme on pourra le rencontrer avec un « Take Me Away » sexy et palpitant. Le vieux Sud des Etats-Unis est souvent présent dans les mélodies et dans le ressenti offert par cet album. Le groupe aime momentanément prendre son temps, il se montre d’ailleurs efficace sur des compositions souples et posées à l’instar de « Got No Life ». Le titre en question fera toutefois entrer en son sein et en plein milieu de piste des riffs hachés et tranchants, s’astreignant de la souplesse du début. Cela n’en est pas moins autant réussi, comme les riffs bruts de « Thumps Up », qui feront légèrement penser à « Anvil », quand ce dernier se cantonne à un rythme alourdi. Il n’y aurait que cette redondance latente un peu gênante qui viendrait obscurcir le tableau. C’est un point faible que l’on décèle de plus sur pas mal de titres du volume. C’est ce que l’on croit chez « Be on the Ball », qui dans ses premiers instants nous fait songer à une ballade, avant de prendre rapidement du poil de la bête et nous produire un hard rock bien typé années 80.

Ça semble mieux s’articuler avec « Angry ». Voilà un morceau sympathique et chatoyant dans l’esprit des « Gun n’ Roses ». « Gut-Scrapers » déchaîne sa passion et un superbe solo jazzy du meilleur effet pour couronner le tout. Le lourd et tempétueux « Take them Off » ne fait pas non plus dans la figuration, c’est du solide et du blindé comme on les aime. Parmi ces perles se distinguera aisément « Burden » avec ses accents de rock sudiste. Ce n’était pourtant pas pleinement gagné, un peu de patience est nécessaire pour que le groupe y déploie toute sa virtuosité. La suite du morceau comblera néanmoins les attentes.

Nous ne sommes pas encore prêts à donner notre âme à « Gut-Scrapers ». Le groupe manquerait encore de conviction et de maturité avant de s’affronter aux poids lourds dans le domaine, et ceux-là sont encore bien nombreux dans le circuit. Dur de se faire un nom devant une telle concurrence, qui est parfois loin de démériter. Cependant, aillez confiance, nos sudistes languedociens n’en sont qu’à leurs débuts et se sont déjà fait une place au soleil chez les représentants du hard rock français. Il ne serait pas surprenant que l’on les revoit de nouveau, pour retenter leur chance et demander notre âme.

13/20

2013-04-01 11:28:47