KREATOR
PLEASURE TO KILL (Album)
1986, Noise International




Paganthrasher : 18/20
Il était une fois, le jour des 18 ans d’un jeune metalhead en herbe, une galette du nom de Pleasure to Kill et sa pochette rougeoyante de douleur. Les portes jusque là non franchies du Thrash et de l’Extrême se sont ouvertes en ce jour précis du 14 mai 2005

Après pas mal de réticence, je me lance enfin dans la chronique d'un album qui fut, qui est encore et sera toujours avec son prédécesseur pour moi le début d'une histoire d'amour…
Réticence due au fait de ne pas vouloir encombrer la chronique d'un si bon disque de superlatifs exaltés s'éloignant de toute objectivité... Cela à part, j'aime tellement cet album que je ne pourrais m'empêcher d'avoir mon mot à dire dessus, toute objectivité risque d’être occultée par cet amour, l’amour du Thrash…

Le degré de "cultitude" de cette galette n'est plus à prouver, sortie en 1986 sous Noise Records, aux côtés des non moins connus "Reign in Blood", "Darkness Descends" et "Master of Puppets", c’est l’une des grandes pièces maîtresses qui ont marqué l’histoire du Thrash. Il n’a franchement rien à envier à la brutalité des deux premiers cités, et n’a pas à être comparé avec le dernier, radicalement différent.
Et ce n’est qu’à seulement pas plus de 20 printemps et moins d’un an après un premier effort plus que marquant, que Mille et ses deux potes remettent le couvert pour confirmer l’effort précédent…

Aux premiers arpèges de la superbe et sépulcrale intro Choir of the Damned, on se dit que vu la tronche du titre suivant « Ripping Corpse » on va s’en prendre plein la face, ce ne sera que le début d’un carnage riche en effusions d’hémoglobine (niark niark).
Dès le début du titre on mord dans le bifteck, ça martèle, batterie puissante et hyper bourrine, basse lourde et grasse (et audible !!!), la guitare de Mille est sanguinolente et putride. Ce titre ne fait pas de concession, ça blast et ça break dans tous les sens, le premier break s’assimile d’ailleurs à s’y méprendre à du Death période old school, avec cet enchaînement de notes en tremolo plus malsaines les unes que les autres. A l’écoute ce cette première tuerie, on peu se faire une idée de comment va être le reste du disque, sans finesse et sans concession aucune…
En ce qui est des vocaux, Mille a toujours ce timbre très raclé typé Black, les musiciens sont plus en place que sur le précédent effort, surtout Ventor avec ses fûts, et, je le répète, on entend pas mal la basse de Rob. Les paroles par contre ça ne vole toujours pas haut, encore du même acabit : sang, cadavres etc., on est loin des discours écolos de Terrible Certainty, mais bon c’est du Thrash, et on aime ça ! Pour les soli pas de surprise, c’est une fois de plus du solo anarchique à la Slayer et donc absence de mélodies totale, bourrin jusqu’au bout quoi.

Le titre suivant « Death Is Your Savior » (ce titre est très annonciateur du destin funeste du pauvre auditeur après l’écoute de tout l’album…), est selon moi, le titre le moins intéressant du disque, les lignes vocales de Ventor sont plutôt brouillonnes (qui partage encore les vocaux avec Petrozza sur cet album), le titre c’est du blast sans arrêt, il s’intègre bien à l’ensemble du disque, mais bon, coincé entre deux brûlots, il en devient faible, surtout par rapport aux quatre monstres qui suivent…

… Parce que là, c’est le quatuor gagnant ! Le morceau titre qui démarre sur les chapeaux de roue, son refrain réussi qu’on ne peut s’empêcher de hurler avec Mille, son mid-tempo au milieu à se briser les cervicales tellement c’est bon ! Un classique qui n’a jamais bougé de la set-list !
Avec « Riot of Violence », on fait une pause au milieu du disque, quasiment tout en mid-tempo ce morceau constitue l’œil du cyclone qu’est Pleasure to Kill, dès le premier riff on a envie de secouer la tête, mais après le couplet, sur le pont menant au refrain, on n'en croirait pas nos oreilles, mais c’est mélodique, bandant, jouissif ! Après ça rentre plus dedans.
La fin du morceau est purement apocalyptique, en mid-tempo avec ses guitares dissonantes et cette basse pesante, un pur aller vers une fin proche et… POWAAAAA !!! Ca repart de plus belle ! Ventor se déchire pas mal sur les vocaux, il est encore une fois purement haineux et vide de tout sentiment ! Le pauvre gars qui se fait tabasser dans le refrain pourrait être l’un d’entre nous…
C’est « Pestilence » et ses presque 7 minutes de bombardement de blast qui vient nous percuter les tympans ! Non Kreator ne se lance pas dans le Prog’, ici c’est du titre bourrin sur toute la longueur, à la manière d’un « Black Prophecies » ou d’un « Cauterization » par l’Ange des Tenèbres. Ici, on a du bon break qui vient aérer le titre, celui après les 2 premières minutes est une pure réussite ! Sur ce titre on se croirait dans du Death tellement le côté malsain et à la fois bourrin est présent… C’est le cas pour pas mal de titres présents sur ce disque.
Le dernier du quatuor répond au doux nom de « Carrion » (« Charogne » en français), après quelques explosions, on rentre dans le vif du sujet, la guitare de Mille se fait très agressive, le refrain est bien en place, très bon. Le break survenant après le premier solo est ce qu’il s’est fait de meilleur tout au long de l’écoute de cette galette, après le tabassage des 6 premières pistes, on se demande si nos cervicales vont encore résister sur la dernière longueur, parce que là ça commence sévèrement à faire mal ! On se demande si on va finir vivant après ce carnage…
On vient d’avoir à faire avec 4 grands titres de Thrash, 4 perles, toutes plus sanguinolentes les unes que les autres, mais pourtant, les plus équilibrées, les mieux composées et exécutées par le groupe Allemand.
Les 2 dernières pistes ne sont pas en reste « Command of the Blade » avec son offensive ultra efficace après l’intro, les vocaux de Ventor n’ont jamais été aussi bien en place, aux côtés de « Riot of Violence », le refrain en est le meilleur exemple. S’en suit du classique encore joué en Live « Under the Guillotine », le riff principal est d’excellente facture, c’est encore une fois sans concession aucune, le break surgit de nulle part faisant la part belle à la guitare de Petrozza, le solo qui déboule ensuite ne prévient pas lui non plus, et là, merde (!), encore un break, lourd et pesant cette fois, encore un solo, avant que le titre ne reparte, ça saigne jusqu’à la fin. Le titre parle de lui-même, l’échafaud a eu raison de nous, sans même que l’on voit la lame acérée s’abattre sur notre nuque déjà marquée par les durs évènements qui ont précédé.

Autant le dire, on est en face d’une masterpiece de Thrash, cette porte ouverte dans ce monde de Metal violent et haineux, fut pour moi la confirmation d’une expérience déjà marquante par une « Souffrance Sans Fin » ayant montré le droit chemin de la quintessence « métallique » par vents et tempêtes de riffs tout droit sortis des limbes des Enfers… Ce disque m’a marqué à vie, m’a fait découvrir et aduler cette musique pour encore longtemps. Ces 9 titres sont une pure orgie de breaks briseurs d’os, de riffs tueurs, de soli harasseurs, la faiblesse de certains font la force des autres et réciproquement.
C’est là que le titre du disque prend toute son ampleur, un malin Plaisir est exprimé à nous exploser les cervicales à coup de caisse claire, on finit écartelé, Tué puis décapité par cette débauche de violence brute, le trépas est sanglant et notre cadavre fumant et rougeoyant est sujet aux acharnements les plus atroces et cruels pour ensuite être balancé sans remords aux oubliettes… Dans ces moments là, on espère que l’âme ne soit pas prisonnière de la chair et des os…

Notre corps n’est plus que le foyer d’un geyser d’hémoglobine purulente et visqueuse, la mort n’en devient que plus belle et libératrice…

Voilà ce qu’est Pleasure to Kill, tout comme sa pochette, une réussite, une influence majeure pour les styles Death et Black Metal, et pour moi plus qu’un simple disque de Thrash parmi tant d’autre, mais celui qui a fait de cette musique une passion insatiable…


NB : Sur la version remasterisée de 2001, sont disponibles les 3 titres constituant l’EP « Flag of Hate » sorti en 1986, le très bon remaniement de la chanson titre, ainsi que les superbes « Awakening of the Gods » et « «Take Their Lives ».

2008-03-24 00:00:00


Arawn : 15/20

Pour ce deuxième album, on peut dire que Kreator n'y va pas vraiment avec le dos de la cuillère. Passé l'agréable introduction mélodique et atmosphérique de "Choir of the Damned", c'est un thrash violent et sans concession que l'on se prend en pleine face.

Dès "Ripping Corpse" on est saisi par l'intensité et la vitesse du débit de paroles de Mille qui n'a rien a envié à Dark Angel. Côté voix, Mille se situe entre à la limite entre voix claire et voix style black année 80, comme de nombreux groupe de thrash de l'époque. Allié à la vitesse, on obtient pour résultat un chant particulièrement agressif et tranchant, surtout lorsqu'il est saccadé, qui ne daigne ralentir que pour les refrains comme dans "Pleasure to Kill" et "Under the Guillotine" et les quelques passages mi tempo de l'album.

Et autant le dire, dans Pleasure to Kill, les mi tempos ne sont pas légions et plutôt court comme dans "Pleasure to Kill" justement ou dans "the pestilence". Guitares et batterie s'accordent parfaitement sur la vitesse d'exécution du chant et restent donc à fond tout le temps. On ne compte évidemment plus les multiples soli de malades que l'on trouve dans tout l'album, notamment sur "Pleasure to Kill" et "Carrion" et qui renforcent encore l'agressivité de l'album. Evidemment, il y a l'exception qui confirme la règle avec "Riot of Violence" qui nous permet de reprendre un peu notre souffle en milieu d'album tout en restant franchement entrainant.

Vous l'aurez compris, "Pleasure to Kill" ne fait pas dans la finesse et le raffinement, c'est du 100 % direct qui peut paraître un peu linéaire à la première écoute même si l'album comporte quelques cassures de rythme, mais pour les bons fans de thrash, l'efficacité des riffs de Mille palie sans problème à ce petit inconvénient.

2005-04-07 00:00:00