NEUROTECH
DECIPHER VOL.1 (EP)
2012, Auto-Production




Matai : 13/20
S'il y a bien un homme très actif dans le domaine du cyber metal, à part Alex de Tyrant Of Death, c'est bien Wulf de Neurotech, qui après une année bien chargée avec les sorties du très bon «  Antagonist » et de l'EP « Blue Screen Planet », se décide à offrir à ses auditeurs une série d'EPs avant l'enregistrement d'un prochain opus courant 2013. Afin de limiter cette attente, le sieur reprend des morceaux qui avaient été rejetés pour « Antagonist ». Il les remixe et les réadapte pour mieux coller au son de Neurotech période 2012, à savoir un son plus moderne et plus compacte. C'est ce qui nous vaut ce « Decipher Vol.1 », présageant bien évidemment d'autres volumes.

Si vous aviez aimé l'évolution de Neurotech vers un cyber quasi symphonique, vous ne serez pas dépaysés avec ces quatre nouveaux morceaux. On retrouve l'ambiance propre à « Antagonist » mais avec cette force en moins. N'oublions pas qu'il s'agit de titres mis de côté, mais agencés de cette manière, c'est à dire de « The Cyber Waltz » à « Below These Scars », il n'empêche que l'enchaînement est cohérent, même si on remarquera une première moitié dynamique et une seconde moitié plus atmosphérique.

On était en droit d'en attendre beaucoup, surtout après le phénoménal « Blue Screen Planet » mais il faut bien avouer que cette collection de chansons mises de côté peut, à la fois, servir et desservir Wulf. D'un côté, on peut se rendre compte de l'étendue de sa créativité et de son activité, mais d'un autre, on peut voir que son imagination a des limites et que, comme tout le monde, toutes les pistes ne peuvent pas forcément être bonnes. C'est le cas de ce « Decipher Vol. 1 » à demi teinte où se côtoient des titres faibles et des titres plus prenants.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Wulf a su garder son identité et on reconnaît immédiatement sa patte, entre les envolées au piano, les riffs simples mais efficaces, le chant déshumanisé et synthétique et les effets cybernétiques de haute volée. On reste toujours dans un ensemble bien futuriste, bercé entre les parties symphoniques et les parties bien électroniques. C'est le cas des deux premières pistes qui carburent et mettent le paquet. Bien que « The Cyber Waltz » reste dans l'ensemble faible, peinant à embarquer définitivement l'auditeur, « Damage Is Done » rattrape le coup avec son dynamisme implacable et son ambiance enveloppante. Guitares écrasantes, voix très agressive et claviers très dominants, le monde du futur vous ouvre ses portes.

Wulf reste fidèle à lui-même, misant tout sur la mélodie et les ambiances et non sur l'omniprésence de blast ou de riffs destructeurs. Sa musique a beau être simple, c'est la magnificence des atmosphères et de cet aspect mélancolique et pessimiste qui font la force de Neurotech. « Home » par exemple, et son ensemble très black symphonique tant dans l'utilisation du piano, assez Dimmu Borgirien, que dans l'ambiance froide et sombre. Dommage toutefois que cette enveloppe nous laisse sur notre faim, avant une fin (« Below These Scars ») encore plus lente et lancinante, plutôt décevante, même si c'est ici que la prise de risque est la plus grande. La tonalité des guitares s'assimilent à celle de « Awaiting Deception » ou « The Sky Is Always Open », le chant se veut encore plus varié : très robotique d'abord, plutôt black ensuite, et semi clair lors de la montée en puissance des claviers.

Moins bon, certes, mais pas dispensable pour autant, ce « Decipher Vol. 1 » entame une série de morceaux délaissés et remis au goût du jour, en nous laissant juger de leur pertinence. Il n'empêche que malgré le remixage, ils n'atteignent pas le niveau d'un « Blue Screen Planet », pour faire court, seul « Damage Is Done » et peut-être « Home » ont le mérite de se détacher du carcan dont se sont enfermés « The Cyber Waltz » et « Below These Scars ». Par ailleurs, la pochette d'Artur du groupe Dekadent (black metal – Slovénie) représente bien le style général de cet EP avec cette Terre asséchée, dans la continuité des thématiques sombres de Neurotech. A écouter, donc, si vous suivez le bonhomme et sa carrière pour le moins plutôt marquante.

2012-04-23 21:47:13