NIGHTCREEPERS
ALPHA (Album)
2012, Auto-Production


1. Stronghold 01:31
2. A Guild Is Formed 04:21
3. Tale of Haste 04:32
4. Alpha 04:52
5. Enter the Lair 01:46
6. Of Swords & Axes 04:12
7. Elmore Tempest 02:52
8. Stormbringers 05:25
9. The Nexus 01:02
10. Beloved Dryad (from the Hollow Woods) 05:23
11. Frozen Outland 07:01
12. Path of Glory 02:08

Bonustrack
13. Les Plaines de Hel 03:49

Total playing time 49:14


AlonewithL : 15/20
Après avoir parcouru les côtes du Svingeheim pour y débarquer, il est temps désormais pour la meute de loups « NightCreepers » de s’enfoncer en profondeur dans les terres. Une exploration qui s’annonce aussi périlleuse que pour la première phase de leur conquête des lieux. L‘album de 2009, « Svingeheim », plaçait déjà la formation, emmenée par Haarath, dans la cour des grands français, avec bon nombre de titres épiques et accrocheurs. Mais modérons l’exploit, la France ne compte pas beaucoup de formations prestigieuses dans le genre folk/pagan, en comparaison à son géant voisin, l’Allemagne. C’est pourquoi « NightCreepers » arrive à point nommé avec son second album, pour prouver qu’en France aussi on sait faire du très bon folk extrême, et qu’il est tout à fait capable de se hisser à l’équivalent de n’importe quel « Equilibium ». Trop peut-être…. Avec « Alpha », « NightCreepers » passe à la vitesse supérieure avec des titres chaleureux, entraînants, sans pour autant parvenir à contourner certaines grosses et tenaces influences du moment. Leur souhait de devenir des loups Alpha ne sera pas réalisé pour cette fois. Mais patience, on ne sait jamais.

La première influence retenue, dès le commencement de ces nouvelles aventures, n’est pas anodine. L’ambiance cuivrée, épique et couvert par les percutions de l’introduction « Stronghold », nous mène dans les paysages rocailleux de « Summoning », adepte de cette musique imposante teintée de petits éclats de lyre joués par les claviers. On aurait une situation quasi-similaire sur l’entame du titre bonus « Les Plaines de Hel ». Une entame qui cèdera la place à une guitare acoustique des plus aguichantes, nous emmenant balader dans de plus vertes contrées. Passé la plaine, nous pénétrons dans une profonde et sombre forêt. Le rythme prend de la vigueur, enjolivé par les riffs de guitare. On croiserait en route le férocité animal d’un chant rageur. C’est tout l’art de « NightCreepers » de représenter la nature dans ce qu’elle a de plus merveilleux et de plus impitoyable.

Cette nature que l’on devine luxuriante, sauvage, sera traversée par des hordes de cavaliers, des régiments de fantassins en quête de pillages et de champs de bataille. Cette présence humaine se voit représenter par une musique épique, glorieuse: celle d’« A Guild Is Formed » et de « Stormbringers », donnant cette fois dans le battle metal proche des deux premiers albums de « Turisas ». Pour la dernière des deux citées, nous avons droit à de formidables secousses, à des chœurs galvanisant, à un titre ayant beaucoup de répondant, dont la faiblesse de la production ne vient pas altérer, à priori. La musique d’« A Guild Is Formed » comble parfaitement le tableau qui nous est dressé. Dynamique, vibrant. Privilégiant du soutien d’un double chant (black et growlé) et de la gaieté d’un accordéon plaçant« NightCreepers » dans une dimension Finntrollienne. On ajoute une autre influence prestigieuse dans la mise en trombe dès les 3:20 minutes du déroulement de la piste. C’est « Alestorm » qui s’y invite brièvement. Nos franciliens puisent abondamment dans les grandes formations, on dirait bien. Et ce sera le cas de plusieurs autres titres.

Ainsi le prenant et enthousiaste « Tale of Haste » tire son épingle du jeu grâce à un rythme soutenu et des riffs tendus, mitraillés. Une manière de faire qui s’apparenterait à du « Equilibrium ». Véritable encouragement au headbang. Cette dynamique tonitruante se reverra sur « Elmore Tempest ». On y comptera quelques passages entrecoupés et chaotiques sur le milieu de piste. Il semblerait cependant que les grésillements perçus à cause de la moyenne qualité de production ne permettent pas de rendre le morceau aussi convenable que l’on aurait souhaité. Dans cette course à « Equilibrium » on retiendra plus certainement le vénérable « Beloved Dryad (From the Hollow Woods) », nous reproduisant une véritable tornade après une entame médiévale acoustique. Chaque instrument, à commencer par l’accordéon, transmet une énergie positive. Ce titre est indéniablement bâti pour le live, tellement il s’illustre par son côté entreprenant et festif. Ces airs guillerets, cette jovialité, viendraient se mêler aux rythmiques guerrières sur « Of Swords and Axes ». Nous avons à la fois une musique maintenant la pression et une approche conviviale. Le chant black se montre ici particulièrement incisif. Il n’y aurait malgré tout qu’une certaine redondance à déplorer. Cette double apparence se dégagerait également de l’instrumental et acoustique « The Nexus ». Ses mélodies de guitare, puis de harpe, nous emmèneront au fin fond du Moyen-âge.

En parlant d’instrumental, le groupe a fait le choix d’en incorporer quatre au sein de l‘album, correctement espacés dans le disque. En plus de l’introduction et de « The Nexus », on aurait « Enter the Lair », palpitant dans ses rythmes tribaux, ses percutions sous un ciel que l’on devine nocturne et étoilé; « Path of Glory », posé en conclusion, et reprenant dans la plénitude l’atmosphère ambient et épique de l’introduction. Nous nous retrouverons pour le compte loin de la situation d’un caractériel comme « Alpha » en tout état de cause. L’éponyme s’illustrerait en effet beaucoup plus par son agitation, pour son apparente lourdeur. Viken le batteur est un maître quand il s’agit d’embraser la piste. Une grande partie de la puissance relevée provient de son instrument. Cela frappe d’autant plus pour ce morceau, où le martellement de batterie se décompose en vastes offensives dévastatrices. « Frozen Outland » vous dévastera tout autrement; dans la joie et la bonne humeur. Une merveille, tirant dans les airs à la « Finntroll ». Le riff et les superbes airs chaloupés seront les éléments primordiaux qui rendront ce titre absolument captivant. Riche en mélodies, il maintient en haleine tout le long de ses sept minutes dans un folk de haute précision.

Meilleur que « Svingeheim »: à coup sûr. Meilleur que « Finntroll » et qu’« Equilibrium »: on ira pas jusque là. Ce que l’on pourra certifier, c’est que « NightCreepers » est actuellement un grand groupe du folk/pagan français, qu’il a parfaitement sa place aux côtés de « Bran Barr » ou « Heol Telwen », pour ne citer que ceux là. Nous avons encore affaire ici à de jeunes loups, juste imprégnés du savoir des dominants de la meute. Nulle doute que leur force et leur appétit iront en grandissant. On frémirait en songeant qu’« Alpha » n’est apparemment qu’une étape de leur évolution. Trop emprunt à leurs idoles, mais d’une efficacité redoutable. Ces prédateurs de la scène folk/pagan ne demandent qu’à gravir le sommet de la chaîne alimentaire. Chose tout à fait envisageable.

15/20

2012-03-30 22:40:48