HUATA
ATAVIST OF MANN (Album)
2011, Zugzwang Productions


1. Lords of the Flame
2. Operation Mistletoe
3. Thee Imperial Wizard
4. Testi Sum Capri
5. Templars of the Black Sun
6. Fall of the 4th


Trndblck
Malgré une sortie sans cesse retardée pour différentes raisons, notamment des problèmes de pressing, le premier album d’Huata a enfin vu le jour en ce début d’année. Avec leur premier ep « Open the Gates of Shambhala », les rennais avaient réussis à éveiller notre curiosité en proposant un stoner/sludge des familles fort appréciable. Qu’allait-il bien pouvoir nous servir par la suite, avec leur premier opus, et après nous avoir appâté avec un trailer qui en disait long sur leur orientation ?

La réponse ne tarde pas à se faire, une fois le vinyle calée sur la platine, car on a sans nul doute une des toutes meilleures sorties de 2012, tant l’album tape fort. D’emblée, on est emporté par un riff ultime, celui de Lord of the Flame, qui annonce de suite la couleur : non seulement ça riff dans la plus pure tradition du riff doom qui te fait headbanguer à t’en détacher le crâne, mais en plus le son t’écrase comme c’est pas permis, digne des Ufomammut ou d’Electric Wizard période Come my fanatics et Dopethrone. Et rien que pour ces deux éléments, cet album est monstrueux. C’est celui qu’on attendait depuis un petit moment, peut-être l’album qu’aurait du sortir Electric Wizard s’il n’avait pas changé de direction artistique entre temps.

Pourtant au fond, il n’y a rien de très nouveau là-dedans. Du son qui nous écrase comme si nous étions enterrés vivants, du riff qui te tabassent la cervelle, des ambiances impies et hérétiques dignes de Crowley et autres sorciers fou. Tout ça, on connaît. Et pourtant, Huata parvient à surprendre, à se rendre novateur et créatif, en réécrivant ce qui était déjà écrit et, surtout, en apportant un peu de sang neuf pour cette nouvelle orgie. Car oui, si Electric Wizard vient rapidement en tête, les bretons se détachent aisément de l’influence des anglais.

Avec Huata, on ne joue plus, le propos est plus profond, on sort des références aux délires Laveyen, aux films de série B et aux drogues rigolotes. Leurs propos évoquent plutôt le rapport de l’Homme avec le pouvoir et la religion, les connaissances occultes comme outils de maîtrise sur l’être humain. La ligne directrice de l’album porte donc à la fois sur l’influence de croyances délirantes et hallucinées sur l’histoire, ainsi que sur la recherche éperdue par l’Homme d’une force, en l’occurrence « satanico-extra-terrestro-occulte », qui puisse le guider parmi les ténèbres de son présent et de son avenir.
Tout cela se fait néanmoins sans volonté de tenir un discours, quel qu’il soit. Pour tout dire, le propos n’est pas spécialement ce que l’on retient de la musique d’Huata, on reste plutôt scotché à l’ambiance de l’album. De leur propre aveu, le groupe n’oublie pas d’où il vient, c'est-à-dire autant le rock n’roll pour le second degré de la mise en scène (cf. les tenues de scène et l’artwork de l’album) que le doom et le metal en général pour l’imaginaire particulier et la primauté absolu de la musique.

A ce titre, Huata nous délivre une musique mélangeant habillement le stoner doom, le sludge (jetez une oreille sur Operation Milstletoe et vous comprendrez de quoi je veux parler), voire même le drone dans les passages plus lents. L’orgue, récupéré dans une église bretonne, rajoute énormément à l’ambiance et vient renforcer l’aspect ésotérique des morceaux. LA voix, enfin, a été particulièrement travaillée sur l’album pour être moins « râpeuse » que sur le premier album et sied d’avantage à une certaine diversité des compos, notamment en fait sur les passages plus ambient où la voix déclament quelques incantations du meilleur effet. Seul bémol au final, l’album manque sans doute d’un léger calibrage, les morceaux sont parfois un peu long et l’intensité s’égrène un brin. Ça reste minime, puisqu’il y a de toute façon toujours un riff pour nous faire repartir de plus belle.

Je vais sans aucun doute me répéter, mais Huata a signé là une perle du genre, dont l’intensité et la profondeur fera taire les mauvaises langues qui penseront avoir affaire à une enième version d’un satanisme mal réchauffé. Un bond monstrueux pour le groupe, à qui l’on souhaite la reconnaissance qu’il mérite.
Burn, baby, burn.

2012-02-24 19:46:49