ZARDENS
BREEDING THE DARK (Album)
2011, Ultimhate Records


1. The Coming Doom
2. The Last Curse
3. The Undead
4. The Crown of Darkness
5. The Howling Shadows
6. The Nightspirit
7. The Dissenter
8. Where Eagles Fly


Icare : 13/20
Initialement projet solo de Warnacht, vieux briscard de la scène locale belge ayant entre autres officié dans le groupe de heavy Ex Delirium, Zardens endosse le statut de groupe à part entière avec l’arrivée de Pascal Moraux (du groupe de thrash From Beyond) en 2008, qui vient prêter main forte à son ancien collègue de Moribund. Arrivent ensuite Fred Kienen et Oliwar respectivement à la basse et à la batterie pour compléter le line-up. Warnacht et Pascal, têtes pensantes du groupe, prennent le temps de peaufiner leurs compos pour nous offrir fin 2011 leur premier album auto-produit, Breeding the Dark. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces années de maturation n’auront pas été vaines, car pour une première réalisation, le résultat est très professionnel et travaillé (il n‘y a qu'à jeter un coup d‘œil à l‘artwork, très réussi à défaut d‘être original, pour s‘en convaincre), et la musique impressionne par sa maturité.

Ici, les zicos nous offrent une musique complexe sur une base heavy/black/death solide et variée qui rappelle parfois Dissection, s’appuyant largement sur des contrastes: tantôt agressive et emballée tantôt plus mélancolique et contemplative, tantôt sombre et evil tantôt plus épique.

Après la petite intro au synthé de rigueur pour bien plonger l‘auditeur dans l’univers de Zardens , les choses sérieuses commencent: The Last Curse déboule sur un riff tonitruant, et on se délecte de cette batterie impérieuse et de ces cavalcades de guitares , qui, dans les parties les plus rapides, et dans ce feeling heavy/black bien sombre et agressif, font beaucoup penser aux Français de Garwall. Ce premier véritable titre est varié et progressif, et d‘emblée, Zardens montre l’étendue de son savoir-faire et de sa technique instrumentale, avec des riffs excellents et inspirés, une batterie intelligente et variée assez typée death metal et une voix bien en place quoiqu’un peu monocorde, dont le point fort est l’excellente articulation (on décèle facilement les paroles, ce qui n’est pas toujours évident dans ce style musical).

Malheureusement, même si ce n’est pas sur ce titre que c’est le plus flagrant, The Last Curse fait d’emblée ressortir le plus gros point noir de l’album: le son. Non pas qu’il soit mauvais en soi, mais il est bien trop clair, aéré et synthétique (argh, cette batterie!) pour ce style musical qui exige un mur de guitares opaque et étouffant pour asphyxier l’auditeur et l’entraîner définitivement dans l’univers sombre inhérent au genre. La production laisse trop d’espace sonore vacant, (mais où est donc passée la basse? Elle aurait pu apporter tellement de lourdeur, de profondeur et d’atmosphère dans les parties les plus lentes!), ce qui n’est pas rédhibitoire pour les titres rapides (l’excellent The Undead passe comme une lettre à la poste) mais qui est plus gênant pour les titres plus lents et ambiants, tels The Howling Shadows: ici, malgré des bons riffs et une composition correcte, la magie n’opère pas complètement, la faute à ce son qui manque de puissance et de compacité.

L’impression est donc parfois mitigée, et si Zardens excelle sur les titres les plus agressifs, n’oubliant pas d’agrémenter ces parties véloces de chorus de gratte mélodiques bien chiadés, la pilule passe plus difficilement quand le rythme ralentit. De même, à trop vouloir varier les plaisirs (on sent que le groupe a un background musical riche et varié qu’il exploite à fond sur les 46 minutes de cette galette), on a parfois l’impression que le groupe a le cul entre deux chaises, cherchant encore sa voie entre metal plus insidieux et introspectif (The Nightspirit, très bon titre par ailleurs) ou compositions plus directes et jouissives (The Undead que n'aurait aps renié un groupe comme Naglfar). Effectivement, les pistes sont évolutives et vivantes et comportent plusieurs ambiances, un peu à la manière d’un Artefact, mais, contrairement aux Français qui excellent dans l‘art de cette musique complexe et évolutive, les musiciens de Zardens nous perdent parfois au détour d’un riff moins inspiré ou d’une partie acoustique un peu fade (les transitions entre les différentes parties ne sont pas toujours très bien amenées, encore principalement la faute à ce son trop clean et dispersé qui manque de liant).

Quoiqu’il en soit, même si le tout manque parfois un peu d’accroche, faute notamment à un manque de puissance dans la production et de cohérence entre certaines parties, force est de reconnaître que les Belges maîtrisent bien leur sujet et utilisent leurs nombreuses influences (ouverture très darkthronienne sur The Undead, riffs dissonants à la Deathspell Omega sur The Howling Shadows, riffing black/thrash que n’aurait pas renié Destroyer 666 dès 0:46 de The Dissenter , ces cœurs sauvages à 3:48 venant renforcer cette impression… Chacun y trouvera des références selon son expérience musicale!) à bon escient pour nous livrer une musique assez personnelle et finalement assez difficilement classable (heavy black prog et mélodique?). Le tout est encore loin d’être parfait, mais on a avec Breeding the Dark une musique riche et travaillée au bon niveau technique qui regorge de bonnes idées.
Du bon travail donc, qui demande une confirmation sur un prochain album et qui fait de Zardens un groupe prometteur à surveiller de près!


2012-01-05 19:39:04