SPAWN OF POSSESSION
INCURSO (Album)
2012, Relapse Records


1. Abodement 01:38
2. Where Angels Go Demons Follow 05:38
3. Bodiless Sleeper 05:47
4. The Evangelist 09:45
5. Servitude of Souls 04:31
6. Deus Avertat 05:38
7. Spiritual Deception 06:34
8. No Light Spared 04:37
9. Apparition 08:24

Total playing time 52:32


TheGuitarRipper
6 ans ! Oui, cela fait bien 6 ans que nombre d'entre nous attendent avec impatience la sortie de ce nouvel opus de Spawn Of Possession après leur redoutable "Noctambulant" en 2006, et ce jour est enfin arrivé ! Je n'avais alors aucun doute sur la qualité de l'album avant même sa lecture étant donné que les morceaux proposés par le groupe avant sa sortie m'avaient à la fois littéralement mis sur le carreau et en même temps en confiance. Cependant une crainte persistait tout de même: les suédois de Spawn Of Possession allaient ils tomber dans la routine en proposant un "Noctambulant II" ou allaient ils au contraire creuser un peu plus les prémices d'expérimentations que l'on pouvait apercevoir sur "Scorched" par exemple ?

Autant vous dire que mes craintes n'étaient pas fondées ! On retrouve ces touches expérimentales dès la piste instrumentale d'introduction, "Abodement", amorçant à merveille le premier vrai morceau de "Incurso": "Where Angels Go Demons Follow". Ce dernier ne nous dépaysera d'ailleurs pas, bien au contraire nous sommes même en terrain connu, à savoir du Spawn of Possession pur jus, comme on l'aime : assez brutal, ultra technique et en même temps mélodique. Le groupe nous ressert à peu près la même recette en plus sombre et en peut être un peu plus directe sur le morceau suivant, le redoutable "Bodiless Sleeper", ainsi que sur "Servitude Of Souls" et son chorus jouissif au possible, ou encore "Deus Avertat" avec sa fin de solo rappelant étrangement un passage de celui de "Cast Down The Heretic" des égyptologues de Nile, tout comme la fin du solo de "Bodiless Sleeper" qui nous laisse elle aussi en bouche ce même arrière goût de pyramide. Ces quatre titres de par leur efficacité auraient d'ailleurs à la limite put figurer sans faire tâche sur "Noctambulant", c'est pourquoi il serait inutile de s'attarder plus longtemps sur ces derniers, bien qu'ils restent excellents.

Les riffs des guitaristes sont toujours aussi techniques, incompréhensibles, et fouillés, à l'image des (nombreux) soli que l'on pourra rencontrer en chemin, sans non plus tomber dans de la pure et ennuyeuse démonstration technique stérile comme sait si bien le faire une bonne partie de leurs camarades. La basse est d'ailleurs elle aussi mise à l'honneur dans cet opus puisque qu'elle ressort cette fois clairement dans le mixage et nous délivre des plans affolants par leur technicité et leur vitesse d'exécution ("Servitude Of Souls"). Le style du groupe reste lui à peu près le même, cependant les influences de Necrophagist et surtout d'Obscura se font ici encore plus importantes qu'auparavant, si bien que l'on retrouve par exemple sur "Spiritual Deception", "The Evangelist" ou encore "No Light Spared" des passages de basse fretless typiquement "Obscuresque" pas encore vraiment vus chez nos suédois jusque là. Surprenant ? Non, loin de là, en tout cas lorsque l'on sait qu'un certain dénommé Christian Münzner (ex Necrophagist et guitariste actuel d'Obscura), dont la patte est décidément toujours aussi reconnaissable, a rejoint les rangs de Spawn Of Possession en 2009 et a donc lui aussi participé à la composition de l'album.

Cependant, le côté Death Metal plus direct à la Suffocation par exemple, qui était alors bien affirmé sur "Cabinet" mais un peu moins sur "Noctambulant", se fait cette fois encore un petit peu plus timide sur "Incurso", bien que toujours présent la plupart du temps, notamment pendant les breaks. Mais attention, le peu que perd Spawn Of Possession en brutalité et en efficacité, il le gagne en mélodie ("Spiritual Deception") et en plus profonde recherche musicale ("Apparition"), participant indéniablement à la plus grande diversité de ce nouvel opus. Le meilleur exemple en est sûrement "No Light Spared", démarrant en effet sur les chapeaux de roues en dévastant tout sur son passage, puis se calmant ensuite au fur et à mesure pour enfin s'achever sur un magnifique final extrêmement mélodique, voir presque émouvant, et ce en moins de 5 minutes ! De plus, si une partie des nouvelles compositions est un peu moins directe qu'auparavant, c'est aussi parce que le groupe a renforcé son côté progressif sur certains morceaux, notamment sur le magistral "The Evangelist", le plus long morceau de toute leur discographie avec tout de même presque 10 minutes au compteur, divisé entre furie Death Metal et courtes accalmies dévoilant des influences jazz, ou encore l'ultime "Apparition" dont nous reparlerons plus tard.

Spawn Of Possession a de surcroît encore agrandi sa déjà très grande palette de notes et de sonorités en disséminant un peu partout sur l'album, en dehors du petit côté "jazzy" de certaines compositions, des touches venant cette fois directement de la musique Classique. On pourra d'ailleurs les retrouver principalement sur "Abodement" et "Apparition" avec leurs orchestrations symphoniques, ou alors plus discrètement sur des parties de Lead comme celle de "Spiritual Deception" un peu avant 3 minutes par exemple. Pour finir, parlons à présent du sommet de ce "Incurso", son final presque magique, j'ai nommé "Apparition". Ce titre ammène en effet un véritable vent de fraîcheur sur le style de Spawn Of Possession grâce à des orchestrations prédominantes qui avaient jusque là seulement fait leur apparition sur "Inception", morceau instrumental de moins de 2 minutes dont le seul but était d'ouvrir "Noctambulant". Dire que "Apparition" est le morceau le plus étonnant que le groupe ait jamais composé est juste un euphémisme ! C'est un monument de créativité de plus de 8 minutes arrivant de nulle part où musique classique et Death Technique coexistent afin de donner un rendu incroyable, s'achevant d'ailleurs en apothéose pour finalement clôturer ce formidable album sur une note presque théâtrale assez surprenante. Une éventuelle voie de reconversion pour nos suédois ? L'avenir nous le dira ...

En tout cas restons pour l'instant dans le présent et justement le Spawn Of Possession cuvée 2012 envoie du très lourd ! Suffisamment différent de "Noctambulant" pour ne pas tomber dans la redite, "Incurso" est peut être encore meilleur que ce dernier, l'effet de surprise en moins ! Plus varié mais un peu moins brutal et immédiat, il faudra donc encore plus d'écoutes attentives pour bien comprendre et assimiler cet opus dans son intégralité, ce qui pourrait éventuellement rebuter les moins patients d'entre nous. Mais comme le dit si bien le dicton, la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?

2012-03-16 11:13:17