ATTACK ATTACK (USA)
THIS MEANS WAR (Album)
2012, Rise Records / Twilight Records (USA)




Arachnid : 15/20
On les a insultés, on les a bafoués, on leur a attribué le terme ‘crabcore’ et on leur crache agréablement dessus. Le groupe américain Attack Attack a fait indéniablement parler de lui, en bien ou en mal (au choix). Après un EP, deux albums changeant plus ou moins de style, une récente édition deluxe du deuxième et quelques clips bien fendards, revoici les mécheux les plus critiqués de ces dernières années ! Après avoir viré leur chanteur Austin Carlile en 2010, c’était le claviériste originel Caleb Shomo qui avait pris la relève au micro, rebalançant des screams/growls bourrins sur des moshparts dévastatrices accompagné du chant clair bien (trop) retravaillé du guitariste Johnny Franck lors des refrains mélodiques. Pour ce troisième album intitulé This Means War, on prend les mêmes et on recommence… ou presque !

Ce troisième effort se fera sans Johnny Franck, le groupe devenant dès lors un quatuor solide tandis que les parties chant seront entièrement proposées par Shomo – y compris le chant clair. Alors que nous réserve ce nouveau disque tant attendu autant par les fans que par les détracteurs ? Et bien une petite tuerie aussi efficace qu’opportuniste, Attack Attack ayant bien compris ses erreurs pour ne plus les reproduire. Vous ne vous y attendiez pas mais le groupe a supprimé définitivement (?) le chant clair excessivement autotuné, les parties claviers electro et le délire crunk déjà assez évaporé dans le précédent album. Désormais bien influencée par The Devil Wears Prada, Asking Alexandria et Elitist, la formation propose un metalcore old school et violent tout en n’oubliant pas les refrains catchy en chant clair.

Alors est-ce qu’Attack Attack a mûri ? Oui. Est-ce qu’Attack Attack innove ? Non, bien au contraire. Le groupe ne propose en soi rien de neuf et emprunte même ses nouvelles sonorités aux récents groupes de djent (comme j’ai horreur de ce terme) du style Elitist donc, Structures, Periphery ou encore Animals As Leaders pour ne citer que eux. Rassurez-vous, les Américains ne font pas ledit « style » mais règlent leur accordage en drop G histoire d’accentuer les bends pendant des saccades diablement lourdes et rentre-dedans. C’est grandement opportuniste et, tout comme leurs comparses de Bring Me The Horizon, les jeunes gaillards surfent plus ou moins sur la mode actuelle. Mais c’est pourtant avec réussite qu’ils parviennent à nous titiller l’oreille interne à grands coups de refrains entêtants, de breakdowns bourrins et de structures formatées.

Le chant de Caleb Shomo est par ailleurs désormais plus travaillé, le jeune homme possédant ici un scream plus personnel, plus criard et torturé, dans une veine limite screamo. Ses growls caverneux sont également plus violents pendant que son chant clair (retouché, comme tout le monde) sonne plus naturel. Les guitares nouvellement droppées nous servent quant à elles un son plus moderne avec des saccades et des parties bien inspirées par The Devil Wears Prada, ajoutant par ailleurs quelques nappes de claviers identiques ici et là. On ressent beaucoup cette influence sur les excellents titres que sont "The Confrontation", "The Hopeless" ou encore "The Reality", Singles fracassants qui en étonneront plus d’un.

Les « Haters Gonna Hate » ne se priveront pas de critiquer à nouveau sans y jeter même une oreille mais This Means War possède quoi qu’on en dise de très bons morceaux, certains étant plus hardcore ("The Abduction" et "The Betrayal") tandis que quasiment tous restent dans ces sonorités « djent » (je serre des dents). De breakdowns en bends variés en refrains mélos excitants ("The Confrontation", "The Eradication"), l’album se déguste sans rechigner et devient très rapidement agréable. N’excédant qu’à peine la demi-heure sonore, ce troisième opus nous fait clairement oublier que l’on affaire aux « responsables » du tant blâmé "Stick Stickly" quatre ans plus tôt.

Au final, This Means War est un excellent album de metalcore qui n’a rien à envier aux récentes productions du genre si ce n’est un manque certain de personnalité. Passé ce détail, son côté purement opportuniste et son aspect tout simplement anecdotique, ce troisième album demeure pourtant une agréable surprise et le meilleur de ce groupe atypique qui tente tant bien que mal de se débarrasser de leur étiquette (en en prenant une autre, certes). Je qualifierai même cet album d’alter-ego du Dead Throne de TDWP (à l’efficacité équivalente). Bref, pas de préjugés, pas de lance-pierres gratos : This Means War nécessite de ne pas se prendre la tête et de profiter pleinement de ce très bon album du genre formaté comme il se doit par Rise Records mais définitivement accrocheur. On n’en demandait pas tant messieurs !

2012-01-17 05:54:55