BAK
SCULPTURE (Album)
2011, Auto-Production


1. The Search
2. Why
3. Can't Understand
4. Not Just Your World
5. Kali
6. Pay
7. Our Time
8. Garuda
9. Sands of Time
10. The Lament of Curtain Von Schnauzer


Matai : 16/20
Si vous deviez entreprendre des recherches afin de vous procurez du metal oriental, vers quels pays vous tourneriez vous ? L'Egypte, l'Israel, l'Arabie Saoudite, la Turquie...cela se comprend. Mais penseriez vous à chercher du côté de l'Australie ? Bien que ce soit le pays d'AC/DC, c'est aussi le pays de quelques formations marginales influencées par la mythologie égyptienne, à l'instar de Nile et de Karl Sanders aux USA. Si The Horn, par exemple, a déjà fait ses preuves en matière d'oriental black metal, Bak, lui, a encore beaucoup de temps d'années devant lui. Formé en 2010 à Sydney par trois mordus de mythologies orientales, le groupe met tout en œuvre pour s'octroyer un visuel tout ce qu'il y a plus arabisant, loin de la culture aborigène de leur contrée. Preuve en est, « Bak » était le nom d'un chef sculpteur d'Heliopolis, pendant le règne du pharaon Akhenaton, ce qui justifie le nom de leur premier album, « Sculpture ».

Ici, pas de didgeridoo ou autres instruments australiens, nous nous retrouvons avec un ensemble 100% oriental. Rien n'est feint, tout est naturel et bien fait, de quoi donner des boutons aux grosses pointures du genre ! En effet, Bak n'a rien à envier à ses aînés, sa musique est forte, sensuelle et archi chaleureuse, mélangeant metal, rock, prog, symphonique et folk. Les premières notes de « The Search » dépaysent déjà, avec son violon arabisant et sa mandoline, avant de nous embarquer dans un rythme exotique, où se côtoient aussi bien les riffs ravageurs que les chants clair et growlés. Les saccades et ce mélange rappelleront Orphaned Land, la lourdeur en moins.

Tout est vrai et authentique sur ce « Sculpture », que ce soit la variété des instruments traditionnels et des vocaux sur les longs « Can't Understand » et « Not Just Your World ». Bak a invité des musiciens aguerris pour sa musique, que ce soit des membres de l'orchestre symphonique de Sydney, des chanteurs ou des musiciens ethniques, du Moyen Orient ou de l'Inde. Ce sont donc des personnes qui s'y connaissent et qui offrent à Bak leur savoir faire afin de rendre au mieux l'aspect folk et oriental des compositions. Les guitares metal renforcent la lourdeur, même si elles ne sont pas souvent présentes, car ce sont les ambiances et les chants qui priment, et non les éléments purement metal, bien que « Pay » apporte plus d'agressivité et une touche neo metal à ces claviers très oniriques.

Bak adore rendre ses compositions complexes dans certains morceaux, même si certaines parties peuvent être très simplistes et ne laisser apparaître que un ou deux instruments avec une voix. Ce n'est pas le cas sur « Our Time » qui nous en fait voir de toutes les couleurs avec son mélange d'opera, de mythologies, d'orient, de thrash et d'éléments oniriques. On retrouve même du neo-classique avec cette guitare archi mélodique à la Skyfire.

Je vous aurais bien parlé de Prince Of Persia, bien que la position géographique ne corresponde pas. Cependant, « Sands of Time » correspond bien à l'idéal musical de ce jeu vidéo avec ce groove imparable à la guitare et sa mélodie arabisante. Ajoutez les percussions, les instruments traditionnels, et tout y est.

Bak nous offre une épopée orientale hors du commun, riche et très dépaysante, destinée à tous les amateurs du genre et à ceux qui désirent découvrir de nouveaux horizons. Même si Bak, en soit, n'apporte rien en matière d'oriental, il faut dire que l'impression d'être en compagnie de pharaons ou de scribes existe bel et bien à l'écoute de ce « Sculpture » bien ficelé, quoique parfois un peu trop mou et trop gentillet. Une belle réussite en tout cas.

PS: et si jamais vous désirez vous procurer le CD, attendez vous à une surprise de taille dans le package...

2012-04-19 18:34:29


momit : 19/20
Cet album est en effet tout d'abord – puisqu’il faut bien commencer à dérouler la pelote en tirant sur un premier fil – un festival vocal merveilleux où brillent un chanteur sensible et racé capable des élans les plus poignants comme des éructations les plus growlées, une chanteuse plus rare mais précieuse, des chœurs Therionnesques, de douces litanies orientales… Et des instrumentaux (ou quasi) qui ne sont clairement pas là pour la déco' ni pour cacher les défauts de l’édifice! C’est ensuite le théâtre privilégié où s’exprime un guitariste (un seul??) intelligemment virtuose, qui ne place jamais son ego devant ses compositions. Et c’est encore un captivant voyage de par le vaste monde, qui s'attarde plus particulièrement dans des contrées où le soleil tape fort, où les femmes vont d'un pas chaloupé et enivrant, où des mystères aussi excitants que dangereux vous guettent à chaque détour, bref: où l’aventure ne s'arrête jamais. Pas de faiblesse à l’horizon, le voyageur se voyant proposer en alternance de longues épopées haletantes et des morceaux plus immédiats, la variété du propos n’affectant jamais l’inébranlable cohérence de l'œuvre. Et malgré la haute tenue générale, il ressort par endroits de ces moments particulièrement addictifs qui vous font revenir sans relâche vers l’album. Ceux-ci ont pour nom « Why » (le morceau du charmeur de serpents où une apparente indolence ne cache nullement une puissance impressionnante et des mélodies captivantes), « Our Time » (longue pièce mettant en scène un couple de chanteurs époustouflant, ainsi qu’une basse sombrement funky et une salve de riffing thrash saccadé qui s’intègre parfaitement dans un décorum pourtant très typé world music - paf à 5:15!) ou encore « Sands of Time » (mariage ultime de la force du rock et des arabesques langoureuses de mélopées arabisantes). A écouter à genoux, sur le moelleux d'un tapis volant.

2011-11-26 12:02:57