UNEVEN STRUCTURE
FEBRUUS (Album)
2011, Basick Records


DISC 1

1. Awaken
2. Frost
3. Hail
4. Exmersion
5. Buds
6. Awe
7. Quittance
8. Limbo
9. Plenitude
10. Finale

DISC 2

11. Dew Upon Shapeless Bounds
12. Winds from Untold Memories
13. Promises of Our Early Days


psyk


Chronique sous le signe de l'émotion et du coup de cœur car cela fait un petit moment que je suis le groupe Uneven Structure dont les musiciens sont aussi des amis. Un petit historique avant de vous présenter le premier album des français «Februus». Le groupe a fait son apparition vers 2008 à une époque ou le terme Djent apparaissait pour définir ce style qui reprend les fondamentaux posés par désormais un des groupe le plus novateur de son époque, le bien nommé Meshuggah. Des riffs mathématiques et déstructurés donc.


Les groupes de cette vague dite djent y ajoute des parties atmosphériques mélodiques et planantes avec l'utilisation de parties clean au son particulier, on qualifiera cela d'ambiant. Ce mot «Djent» qui désormais fera partie du patrimoine Metal, a été utilisé pour qualifier des groupes piochant dans le petit Meshuggah illustré en y apportant une touche progressive. Cette vague y est pour beaucoup dans la seconde génération de Deathcore ou ce style de riffing est exploité permettant au genre de ne pas mourir, ainsi des groupes comme Catalepsy ou The Plot in You et autre The Acacia Strain en font leur nouveau fond de commerce.

Le groupe se fit connaître avant tout par l'outil web, incontournable pour créer le buzz et se faire repérer sur la toile, le groupe officiant beaucoup derrière un ordinateur à ses débuts, et cela par le compositeur principal Igor Omodei publiant sur youtube et autres sites comme Soundcloud des morceaux instrumentaux. Dans cette même période une communauté s'est en quelque sorte articulée autour de ce genre de «geek metal» comme certain le qualifie. Cela est dû au faite que beaucoup s'enregistraient sur leur PC via des logiciels d'enregistrement et une bonne carte son en mode "do it your self". Et par conséquent on imagine que ce sont des programmateurs mathématiciens boutonneux étant donné que ce genre se veut assez complexe et technique au premier abord. Un cliché pour sûr. A ce moment donné les initiateurs de ce style étaient Tesseract, Periphery, Fellsilent, Vildjharta et bien sur Uneven Structure
Durant cette première période le groupe utilisa des chutes de morceaux non utilisées pour sortir en téléchargement gratuit le premier EP «8» qui les a fait découvrir et remarquer par le Label Basick. Par la suite le groupe a attendu une bonne année voir plus pour voir son lign up se stabiliser avec l'arrivée de Matthieu Romarin au chant et de Christian Schreil à la batterie.
Avec cette signature toute fraîche et l'annonce de «Februus» avec plusieurs teasers, le groupe se constitua une bonne Fan base et l'album fut très attendu. Il s'en ai suivi une tournée anglaise avec Tesseract et Chimp Spanner et quelques belles dates comme Euroblast. En février aura lieu leur première grande tournée avec les décalés Protest The Hero.Une belle histoire peut commencer.

Ainsi je vous ai planté le décors et le contexte dans lequel le groupe a vu le jour et ses influences évidentes mais bien digérées et utilisées comme base pour aboutir à ce résultat. Place au concret maintenant.


Februus est le fruit de presque 2 ans de travail, il a été refait, façonné, modifié sans cesse pour aboutir à ce résultat qui est formidable en cohérence. L'album concept se veut être une seul pièce découpée en plusieurs titres. "Awaken" introduit parfaitement l'album avec cette ambiance envoutante avant de démarrer de façon brutal et magistral avec le riff acéré et hypnotique ou se pose la voix de Mathieu, un des hommes forts de l'album. En effet outre le fait qu'il apporte un registre Hardcore puissant et commun, il a cette capacité de chanter de façon juste et transcendante sans être pompeux, car il a ce coté tantôt suave et puissant, tantôt très émotionnel. Good job dude!

Tout au long de l'album le groupe nous fait voyager et le décors se fabrique seul dans notre esprit : un monde de formes et de matières dans un univers qui dépasse notre imaginaire. Ce sont les ambiances et atmosphères posées et composées par Auré alias WorC qui permettent ce voyage.
Ces notes étant subtiles et aérées, elles apportent réellement de l'épaisseur aux compositions. Son travail est à saluer car il ne fait pas que simplement soutenir l'ensemble, il apporte une plus-value importante en construisant des ambiances, planantes, envoutantes, mélancoliques ou tout simplement belles. Les deux sortes d'interludes bien placées sont étranges, nous donnant l'impression de flotter dans l'espace. Un léger défaut qui n'en est pas vraiment en un, est le fait que le son choisit pour les parties cleans se rapproche de celui utilisé par les autres initiateurs du mouvement comme Tesseract, mais qu'importe, le résultat est très satisfaisant!


Un bel exemple pour illustrer la teneur de cette longue pièce avec le titre "Frost**" qui démarre avec rage et puissance pour enchainer avec subtilité et légèreté avec les montées de notes ambiantes qui apparaissent comme une lumière pour contraster avec le tout. Le chant s'imbrique parfaitement dans cet ensemble, d'ailleurs il faut aimer ces lignes vocales émotionnelles parfois un peu «à fleur de peau». Dans cette masse arrivent comme un messie les rythmes hachées de 7 cordes Ibanez afin qu'ont oublient pas qu'elle est là et qu'elle sait faire parler la poudre. Car oui, parfois on l'oubli durant l'écoute, les parties atmosphériques prenant parfois le dessus. C'est pour cela que le groupe à apporter deux parties agressives "Hails et surtout "Awe" le titre le plus direct est abrasif de l'ensemble. Si on tend l'oreille derrière ces rythmiques syncopées, il y fourmillent pleins de petits détails en retrait mais qui permettent de rendre vivant l'ensemble comme sur une bande original d'un film. Quant au Jeu de batterie programmé, il est de grande qualité, le son est toujours juste et celle ci sait apporter des rythmes intéressants, comme des percussions un peu exotiques sur "Plenitude", beaucoup de nuances et de variété tout au long de l'écoute, un gros travail de ce coté la.

Au niveau de la production faite maison, elle est remarquable car propre et très bien dosée. Le défi était de bien régler cet ensemble riche entre ambiances, basse/batterie, guitares/lignes vocales, le pari est réussi. Pour faire un peu le rabat-joie on peut reprocher à ce son de guitare utilisé qu'il reste un peu froid et mécanique mais c'est le style qui veut ça.

L'album est clairement Metal progressif de par la longueur et l'évolution des structures qui ne sont pas dans le format couplet/refrain, ce qui est très logique puisse que l'album est en réalité un seul morceau. Le tout est simple et compliqué à la fois tant tout s'enchaine parfaitement et avec conviction. Le dosage est juste, en alternant les longues plages instrumentales, les folies passagères des riffs «meshuggesques» qui arrivent à des endroits où on ne les attend pas. «Finale» qui porte ce nom puisque c'est le dernier titre de l'album, est d'une beauté incroyable, on touche à l'extase à son écoute, comme transportés par ces notes. Je recommande l'écoute d'une seul traite de «Februus» car il est facile de rester envouté et happé par l'univers tissé par cette œuvre.

Peut être que certain auditeurs seront insensibles à cette œuvre, mais force est de constater que ça transpire le travail et l'inspiration musical. Au travers de cette chronique on pourrait croire que l'attachement à ce groupe et à ses musiciens a pris le pas sur mon objectivité mais il en est rien. Il suffira d'ailleurs de lire les autres éloges à cet album dans le monde de la chronique musicale.

Februus est une des références de l'année 2011 car cet album prend aux tripes de par la variété des ambiances maitrisées et la technique de jeu qui demande rigueur, précision et endurance. En résumé, un vrai voyage musical qui ne laisse pas insensible et dont on tombe facilement sous le charme.
Le groupe a mis la barre très haut pour ce premier effort, il sera difficile de faire mieux, mais qui sait ?
Un des album 2011 positionne Uneven Structure comme une révélation et une surprise de l'année.


2011-12-28 14:07:50