PAIN OF SALVATION
ROAD SALT TWO (Album)
2011, InsideOut Music


1. Road Salt Theme 00:44
2. Softly She Cries 04:15
3. Conditioned 04:15
4. Healing Now 04:29
5. To the Shoreline 03:03
6. Eleven 06:55
7. 1979 02:52
8. The Deeper Cut 06:10
9. Mortar Grind 05:46
10. Through the Distance 02:56
11. The Physics of Gridlock 08:43
12. End Credits 03:25

Total playing time 53:41


Northernshadow
Après avoir chroniqué la première partie du duo « Road Salt », il était évident que j'allais m'occuper de la suite d'Ivory, j'ai nommé, Ebony (nom complet: Road Salt II: Ebony). Comme il s'agit ici d'un double album, le concept, reste donc le même, je ne vais donc pas répéter ce que j'ai écrit pour la première partie. Si le concept vous intéresse, vous savez donc quoi faire.

La première constatation (qui est d'ailleurs la première qu'il nous est possible de faire) concerne la pochette. Elle est à l'opposé de la première partie. Ivory, comme l'ivoire, était blanche, Ebony, comme l'ébène, est jaune fluo...mais non, elle est noire, évidemment. Les têtes qui étaient présentes sur l'artwork de la partie une se trouvent elles aussi à la place opposée. On pourrait dès lors se demander si la musique ne suit pas aussi cette opposition. Eh bien non (et tant mieux ai-je envie de dire après tout, ce n'est pas un concept basé sur l'opposition.)

Alors qu'en est-il de cette musique? Et bien à vrai dire, elle ne diffère pas vraiment de sa grande soeur. On se retrouve donc avec un blues-rock très 70', à nouveau de nombreuses harmonies vocales ainsi que la performance exceptionnelle de chaque musicien.

A nouveau, Daniel chante avec ses tripes, les back vocals apportent une grande richesse, le jeu de batterie (principalement joué par Léo avec néanmoins une série de titres interprétés par l'homme à tout faire du groupe...oui oui, il s'agit bien de maître Gildenlöw) est à nouveau très complexe, proche du jazz avec de nombreux contretemps.

Alors finalement, cet album est une copie de Road Salt One? Pas vraiment non plus. Bien que les structures, à nouveau, restent plus simplistes que sur les premières oeuvres du groupe, que le son des guitares est le même et que le concept est le même (vous l'aurez compris...), il faut avouer qu'Ebony, sans être plus sombre, possède peut-être une dimension plus solennelle qu'Ivory. Autant dans les textes que dans la musique. En effet, on ne pourra associer dans ce second opus aucun titre ayant une atmosphère et une approche de la problématique soulevée comparable à « Tell me you don't know », « Sleeping under the stars » ou « Curiosity ». En revanche, on trouvera ici la douceur mélancolique de « 1979 », l'originalité d'un morceau très rock malgré l'absence totale de guitare (Healing Now qui est interprétée à l'aide de deux mandolines et d'un luth en plus des traditionnelles batterie, basse etc.) ou encore les mélodies folk de « To the shoreline ».

Concernant les textes clefs de l'album, le plus important est sans nul doute celui qui clôt l'album (outro non comprise) « The Physics of Gridlock », puisqu'au travers d'un nouveau personnage (à nouveau, en cas de besoin, référez-vous à la chronique de Road Salt I qui explique le concept) on nous décrit un sentiment de toute puissance. Quand on se sent unique qu'on a l'impression d'être supérieur et d'avoir tout compris à la vie et qu'on souhaite lui donner un sens extraordinaire et, en fin de compte, nous finissons tous de la même manière ("We're but mortal kings of passing things"). Il décrit ici les gens qui se perdent en courant après un but (« But we lost it all [...] All who lost themselves ») en comparaison de ce qu'il considère comme un « homme meilleur » qui ne cherche pas à donner un sens à sa vie mais qui suit le sens que sa vie lui a tracé.

Concernant cette chanson, on pourra noter la fin assez surprenante et amusante à la fois puisque Daniel (dans un moment de dysfonctionnement cérébral comme il est expliqué dans le booklet) a décidé d'écrire et de chanter en français! Ils pensent même à préciser dans le livret pour les non-francophone que Daniel s'est trompé quant à la prononciation du mot « donné » qu'il prononce « don-é » et, évidemment dans la même veine, « Je vous don la vie » plutôt que « je vous donne la vie ». Ce détail faisant, pour les francophones, le plus gros point humoristique de cet album.

Un dernier mot sur l'édition limitée. Si vous le pouvez, achetez-la. On y retrouve deux titres bonus que sont « Break Darling Break » et « Of Salt ». La première reprenant le thème du couplet de « Sleeping under the Stars » de manière plus...barrée et le second étant une reprise de « Of Dust » mais dont les voix ont été remplacées par des instruments (il y a quand même une voix principale) et qui, comme Road Salt II par rapport à Road Salt I, est plus solennel. Quant à choisir des bonus, ils ont bien fait de choisir ceux-là puisqu'ils sont des versions revisitées (suffisamment revisitées pour qu'on n'ait pas l'impression d'écouter concrètement la même chanson) mais le point positif de ces morceaux est qu'ils renforcent le concept d'un point de vue musical.

Je pense avoir tout dit. C'est un nouveau chef-d'oeuvre du groupe (comme ils en font si souvent) rempli d'âme et d'honnêteté sous un niveau technique irréprochable. Si vous ne l'achetez pas eh bien...d'abord honte à vous mais il est certain que cette oeuvre mérite au moins une écoute attentive.
Voilà.

2012-11-14 14:44:25