BRUTAL TRUTH
END TIME (Album)
2011, Relapse Records


1. Malice 03:27
2. Simple Math 01:26
3. End Time 01:58
4. Fuck Cancer 00:59
5. Celebratory Gunfire 01:28
6. Small Talk 01:41
7. .58 Caliber 00:54
8. Swift and Violent (Swift Version) 00:47
9. Crawling Man Blues 01:41
10. Lottery 01:11
11. Warm Embrace of Poverty 03:47
12. Old World Order 01:25
13. Butcher 02:55
14. Killing Planet Earth 01:28
15. Gut-Check 02:36
16. All Work and No Play 01:35
17. Addicted 02:04
18. Sweet Dreams 01:31
19. Echo Friendly Discharge 01:49
20. Twenty Bag 00:45
21. Trash 00:05
22. Drink Up 03:43
23. Control Room 15:21

Bonustracks (Deluxe Edition)
24. Dead 00:04
25. Money Stinks 00:45
26. White Clam Sauce 00:08
27. Swift and Violent (Violent Version) 00:50
28. S.O.B. 00:08
29. The Nightmare Continues 01:18

Total playing time 54:36


FBD5367 : 17/20
Vu et entendu que, malgré la bonne volonté de quelques poignées de citoyens du monde, l’humanité ne fait pas l’effort de progresser, qu’elle s’enlise dans les mentalités égocentriques et matérialistes, se complaît dans le confort par le profit, la médiocrité intellectuelle et l’aliénation des valeurs altruistes, elle se condamne elle-même à une misérable extinction. À l’image des grands empires et civilisations suffisants et décadents.
La stase est la mort… Les beaux discours n’ont aucun effet…
Peut-être qu’un ultime avertissement braillé dans une explosion de décibels secouera un peu les fesses molles des consciences assoupies ?
Il y a des coups de pieds au cul de l’intelligence qui se perdent…

Brutal Truth constate, s’indigne, accuse, invective. Toujours contestataire. Mais fi des longs discours ; les textes sont courts et simples, voire simplistes, car ce sont des évidences, des observations, des interrogations. Toujours les mêmes, oui, parce que rien n’a changé. L’avenir est toujours sombre et misérable.
Ainsi “Malice” ouvre-t-il l’album de façon inquiétante, avec une lourdeur désabusée qui laisse entrevoir les ruines des sociétés dites civilisées ; puis monte progressivement en puissance avant de retomber dans une pesanteur boueuse, déjà accompagnée d’une guitare distordue. C’est un des morceaux les plus longs (il dépasse les 3 minutes), si l’on excepte le tout dernier qui dure un quart d’heure, “Control Room”, qui fait office d’outro, une instrumentale antimusicale expérimentale qui donne la part belle aux solos de batterie.
“Simple Math” enchaîne brutalement ! C’est parti pour tancer le système !
Les titres se suivent sans se ressembler, ils sont exécutés entre 40 secondes et 1 minute 40, ce qui leur permet d’avoir chacun une identité, avec leurs propres riffs et variations alambiquées (“Crawling Man Blues”), leur propre lot d’inserts grinçants, qu’il s’agisse de solos ou de mélodies dissonantes. “End Time” a son joli petit final, limite mélancolique. “Celebratory Gunfire” reprend le riff très entraînant de “Global Good Guy”, titre présent sur Evolution Through Revolution. “Old World Order” possède des caractéristiques Punk et Thrash relevées par le jeu de basse.
Après de bonnes rasades de brutalité brute, on a le droit à des morceaux plus… calmes (si on peut dire !), comme “Butcher”, qui, du coup, avoisine les 3 minutes ; et qui précède l’excellent “Killing Planet Earth”, puissant, fouillé, riche, avec son riff avant le final qui fait headbanger automatiquement. Mais surtout, on a le droit à ces fameuses interludes barrées et pesantes, chères à Brutal Truth, histoire de bien faire comprendre que tout est foutu ; cependant, mis à part “58 Caliber”, elles ne sont pas des pistes à part mais insérées dans certains titres, comme le final de “Gut-Check” avec Winters In Osaka pour les parties électroniques, ou “Warm Embrace of Poverty” où l’on croit entendre une flûte (?!) ; il peut s’agir de larsens, comme dans “Control Room”, mais notons la participation d’un certain Robert Piotrovicz (artiste polonais prolifique, compositeur électro-accoustique et adepte des improvisations noise) au synthétiseur analogique modulaire.

Par la variété de ses compositions et la juste disposition des morceaux qui donnent une bonne dynamique à l’album, on a parfois l’impression d’entendre la suite directe et logique de Evolution Through Revolution mêlée à la folie et l’inventivité de Sounds of the Animal Kingdom.
En fait, End Time pourrait être un mix du meilleur des deux, tant il en reprend les bons ingrédients ; saupoudré, qui plus est, d’essence de Need to Control.
La production est soignée, l’ensemble est un poil moins noisy que l’album précédent, il n’y a plus cette impression de grésillements d’ampli sur la fin, et la voix de Kevin Sharp sonne légèrement moins criarde. Certains le regretteront peut-être.

Cependant, si End Time comporte des compos travaillées, point de surenchère, elles restent directes, efficaces, explicites !

En tout cas, le dégoût de l’ultra libéralisme, du consumérisme, de la manipulation politique et médiatique, et des phénomènes de masse, avec les comportements absurdes qui en découlent, est toujours le thème principal de Brutal Truth.
L’artwork, réalisé par Orion Landau (artiste chez Relapse depuis les 90’s, auteur des couvertures de Cephalic Carnage, Dying Fetus, Misery Index, Mumakil, Origin… entre autres, et Total Fucking Destruction en collaboration avec Rich Hoak), illustre cette idée de contre-culture américaine contestataire : tout en contraste de noirs et blancs, avec effets de salissures et d’usure adéquats. Détournement des affiches de propagande consumériste avec un humour noir et sale. Facile ? Simpliste ? Classique ? Déjà-vu ? Certainement, mais c’est le propos.
C’est la fin des temps, bordel ! On ne va pas enjoliver un tel sujet ! D’autant plus que la masse adepte du moindre effort de l’humanité en déliquescence ne lèvera peut-être même pas un œil endormi sur le visuel…

End Time… avec des albums comme celui-ci, on n’est vraiment pas pressé qu’elle arrive, la fin des temps !

2011-11-02 17:11:46