PAVILLON ROUGE
SOLMETH PERVITINE (Album)
2011, Post Apocalyptic Music


1. Solmeth Ascension 04:47
2. Sept Siècles et le Feu 05:05
3. Exubérance/Exaltation 04:34
4. Évangile du Serpent 03:43
5. Le Cercle du Silence 01:40
6. Les Membranes Vertes de l'Espace 05:16
7. Sadist Sagitarius (Cinema Strange Cover) 05:24
8. Des Cimes, des Abîmes 02:17
9. Le Grand Tout S'Effondre 04:08
10. Avesta, le Vent Effacera Tout 03:17
11. Jad XTC 04:43

Total playing time 44:54


Matai : 13/20
Il faut croire que 2011 aura été l'année des expérimentations en tout genre, et cela se sera d'autant plus vu dans le domaine du metal. Entre l'accroissement des formations death/symphonique ainsi que celles de cyber/death, la fusion de l'indus et du black aura aussi fait des siennes. Et pas n'importe où. En France, rares sont les groupes officiant dans le genre, si ce n'est Ad Hominem ou CNK. Mais fort est de constater que ces derniers ont du succès et pour cause. Le rendu dépasse plutôt les espérances des uns et des autres.

Mais n'oublions pas Pavillon Rouge, fondé en 2007 aux alentours de Grenoble. Les membres composant ce groupe faisaient partie d'Osirion (YVH) mais aussi de Sybreed (Ben) et 2008 fut l'année de la découverte avec un premier MCD déjà prometteur, « Mizuage ». Fort d'un visuel asiatique et d'une fusion de black, d'indus et d'éléments cold wave, Pavillon Rouge ne faisait pas abstraction de ses influences diverses pour nous offrir une musique originale et particulière, profitant des expériences musicales de chacun pour concocter un ensemble atypique.

Et ils reviennent à la charge ! « Solmeth Pervitine » sort courant juin sur le label néerlandais Post Apocalyptic Music. Le nom étrange de leur album reste à l'image de leur musique, mais un changement est de taille. Le line up se bouscule, Ben quitte la formation et est remplacé par Kra Cillag, chanteur de feu Crystalium. Pour de bon, le pavillon rouge est dressé : pas de quartier, pas de merci ! Le combo propose onze morceaux tous très énergiques mais tous reliés entre eux par une atmosphère malsaine et un mixage très inhabituel. Le Black se retrouve dans les vocaux hargneux, torturés et criés, ainsi que dans une parte des riffs. L'électro se retrouve lui dans le reste de l'instrumentation et des arrangements, ce qui se rapproche beaucoup plus de la techno par moments. Comprenez que pour l'électro, il s'agit de beaucoup de samples, d'effets et de boites à rythme. Pas de batterie mais que de la programmation, tout reste donc ultra synthétique et déshumanisé dans son ensemble, même si les uniques traces d'humanité restent bel et bien présentes dans les vocaux de Kra Cillag et les riffs véhiculant tout un tas d'émotions tout en étant vecteurs de cette ambiance néfaste. Ils sont tranchants, d'un certains point de vue, mais pas si agressifs que ça, car ce qui reste rapide, ce sont les rythmes, mais pas les guitares en elles-mêmes, restant au second plan, peut-être trop passives, et victimes d'innombrable ajout d'éléments électroniques (« Solmeth Ascension », « Les Membranes Vertes de l'Espace »).

Comme vous l'aurez remarqué, tout est chanté en français (sauf « Sadist Sagitarius ») de la voix puissante de Kra Cillag, ce qui apporte plus de profondeur et de compréhension à l'ensemble des morceaux. Ce qu'on retient le plus, c'est cette espèce d'osmose entre les paroles et la musique. Mais le plus étrange, c'est le contraste se dégageant de cet ensemble, ces paroles étant poétiques (« Des Cîmes, des Abîmes » et ces citations de Du Bellay) et sombres à la fois, alors que l'instrumentation en elle-même ne possède pas vraiment d'éléments ténébreux. Seule la voix apporte vraiment un côté obscur et décadent, ainsi que une bonne partie de l'atmosphère, mais ceci s'arrête là (« Sept Siècles et le Feu »). Le reste se situe plutôt dans un registre electro/trance.

Si les titres sont très rythmés et rapides, « Sadist Sagitarius », la reprise de Cinema Etrange, reste beaucoup plus posé, bien qu'avec son rythme et une dynamique qui lui est propre. Cependant, les guitares ont une conduite très aérienne, loin du black agressif d'Osirion ou de Crystalium. L'univers ici proposé est tout autre, plus personnel, plus charnel, oui, mais peut-être trop noyé par cet amas de sonorités synthétiques. Ces dernières se concrétisent sur l'interlude « le Cercle du Silence », bercé par ses cris de jouissance.

La plus grosse déception réside sur « Le Grand Tout s'Effondre », que l'on retrouvait aussi sur le MCD précédent sous le titre de « Cauchemar Kashmir ». En effet, tout s'effondre dans la mesure où l'originale se voulait très brute et agressive avec une atmosphère vraiment glauque et adaptée au monde de Pavillon Rouge. Ici, l'électronique prend le pas et le côté rude de la voix disparaît. A croire que le chant criard et strident de Ben seyait mieux à l'essence même de ce morceau.

Dans son ensemble, « Solmeth Pervitine » est en deçà de « Mizuage » mais n'est pas mauvais pour autant, seulement le métissage est tel qu'il peut être très difficile à appréhender, la puissance étant reléguée au profit l'électronique, qui se taille la part du lion. Il faudra être très ouvert d'esprit et ne pas être allergique aux relents techno pour apprécier cette œuvre qui certes, ne marquera pas son temps, mais se veut être un ovni.

2012-01-19 20:15:48