LENTO
ICON (Album)
2011, Denovali Records


1. Then
2. Hymn
3. Limb
4. Hymen
5. Still
6. Throne
7. Least
8. Dyad
9. Icon
10. Admission


Trndblck
Après un premier album et une collaboration avec rien de moins que les Italiens d’Ufomammut, Lento a quitté le label Supernaturalcat (celui des Ufo’s, justement), pour signer avec les Allemands de Denovali. Dans sa besace, un nouvel album, Icon, devant succéder au génialissime Earthen. Autant dire que la tâche était lourde.

C’est donc avec une certaine appréhension qu’on appréhende la pochette de l’album, dans les tons gris-noirs, très métallisée, très abstraite. Celle-ci nous introduit pourtant fort bien à la musique de ce nouvel opus qui, pour le coup, a su prendre un tournant tout en conservant sa marque de fabrique et son originalité.

A peine 38 minutes, ça paraît court pour le style pratiqué, c'est-à-dire un excellent mélange entre postcore et doom. On a donc le droit à des compos plutôt courtes, qui paradoxalement ne semblent pas se démarquer les unes des autres. Loin d’être péjoratif, cela amène plutôt l’idée d’un album très homogène, à tel point qu’on s’approche presque d’un album concept, où chaque morceau prend son sens au regard du tout : on se rapproche ainsi davantage de ce qui se pratique dans les styles cités à l’instant.

Ce qui marque à l’écoute de ce Icon, c’est l’écart conséquent avec le précédent opus. Si l’on reconnait le style de riffs et le son imposant, l’ambiance a radicalement changé, passant de quelque chose de plutôt aérien à une noirceur largement plus palpable, où l’aérien semble se cantonner au plafond d’une usine désaffectée ou d’un réseau souterrain profondément enfoui sous terre. Les seules accalmies sont plombées et plombantes, dans un registre ambiant s’approchant pour certaines d’un aspect religieux dans son aspect fataliste (non sans lien avec le doom, d’ailleurs).

Tout le reste n’est qu’un maelstrom de riffs massifs, qui sentent le souffre, abrasifs qu’ils sont, oscillant entre riffs lents et lourds suivis d’accélérations puissantes comme le groupe nous en avait assénées sur Earthen, quasi épiques parfois. On dirait une sorte d’avalanche d’enclumes qui viendrait écraser toute subtilité et toute once d’espoir. En même temps, la musique reste très abstraite, notamment du fait de l’absence de vocaux, mais aussi par la froideur des riffs, parfois quasi bruitistes, mais surtout très déstructurés, comme s’ils avaient été hachés cliniquement et avec précision.

Lento, vous l’aurez compris, va bien au-delà des références postcore/doom (doomcore ?) pour aller jusqu’à s’approcher des eaux troubles de l’industriel. Intense, voire même paroxystique par endroit, Icon est un album exemplaire, parfaitement exécuté, subtil dans sa brutalité et riche d’une aura très noire présente du début à la fin et qui semble ne jamais pouvoir faiblir.

2012-06-08 21:05:37