Naiwan : 13/20 | Il existe dans la carrière de certains groupes, une volonté de différenciation, un changement, voire parfois même une prise de risque avec une nouvelle direction artistique. A l'instar de nombreux d'entre eux, Arch Enemy pilier fondamental de la scène Death Mélodique suédoise entre In Flames, Opeth, et d'autres encore a sauté le pas à plusieurs reprises dans sa discographie, mais néanmoins restait dans un genre proche de ses racines.
Sur Khaos Legions, nouvel et huitième véritable album studio du combo suédois qui profère sa violence mélodique depuis 1996 à coup de solis dantesques et de double grosses caisses martelées, apparaît comme un tournant dans le parcours de l'ennemi juré. Souvenez vous: quelques années auparavant, Rise of the Tyrant annonçait la suite de Doomsday Machine en promettant des titres plus violents et plus travaillés et après des chansons comme « In This Shallow Grave » qui ont marqué mon esprit de par leur efficacité et leur brutalité, et des hymnes comme « Blood on your hands » ou « Rise of the Tyrant », je m'attendais à quelque chose d'encore plus poussé, quelque chose de plus marquant dans la veine destructrice de la machine qu'est Arch Enemy.
Et bien sur après avoir écouté « Yesterday Is Dead and Gone » et vu son clip que les amateurs de mèche devant les yeux fans de bob l'éponge auraient pu prendre comme un véritable hommage à leur « mouvement », je sentais que c'était mal parti pour ce groupe qui m'a émerveillé avec des albums aussi épiques que Burning Bridges et transcendé par la voix d'Angela sur Wages of Sin ou Anthems of Rebellion.
Là où je pensais noir, il s'est révélé qu'en réalité je n'avais pas bien compris la véritable visée du groupe cette fois-ci. Après m'être procuré la superbe édition deluxe avec le cd de reprises et avoir juste bavé sur l'objet, je me suis mis à écouter ce Khaos Legions avec plus d'attention.
Mes premières écoutes passées et les premiers à priori moins présents, je découvrais ce que je n'avais pas aperçu dès le départ: Arch Enemy a évolué vers quelque chose de différent par rapport à leur style que je jugeais actuel, à savoir le Death bien bourrin et ses nombreuses envolées guitaristiques.
L'album peut aisément se séparer en deux parties. Sur les six premiers titres de la galette, il est évident que les influences heavy ont pris le dessus. Le climax de ce tournant s'entend sur un « No Gods, No Masters » qui, sans la voix d'Angela aurait très bien pu me faire penser à un groupe de la triade allemande du Heavy. Les riffs sont lourds, mais très mélodiques, la batterie peut être considérée comme simpliste au vu de ce que Daniel Erlandsson pourrait proposer, mais tout cela n'enlève rien à la cohésion des morceaux. Bien que tout au long de l'album ce genre Heavy Death reste assez présent (les voix suraiguës typées qu'on entend sur « Through The Eyes of The Raven », de nombreux riffs par-ci par-là...), on entend un changement net à partir de la sixième piste.
La violence refait surface, les riffs efficaces et la double font leur rentrée des classes et proposent des titres vraiment plus poussés et destructeurs. En écoutant « Cruelty Without Beauty », j'ai ressenti un choc sans nom du fait de la violence, de l'intensité du morceau et qu'il est apparu à mes oreilles après la première écoute comme la meilleure chanson qu'ils aient composé depuis l'énormissime « Ravenous ». Violence, blast beats, guitares extraordinairement présentes et efficaces, c'est LE titre de l'album à mes yeux. L'interlude instrumental « We Are a Godless Entity » précède un « Cult of Chaos » dont l'intro à la « Nemesis » et le rythme soutenu incite au mouvement, en somme un titre entièrement construit et composé pour le live, sans concession dans la puissance, avec un de ces refrains dont les paroles seraient scandées par la foule qui viendrait les voir. Sur cette seconde partie de l'album, je récupère au double mes espérances et ravale mes déceptions tant elle paraissent inutiles. Le son que dégagent les musiciens me ramène huit ans en arrière, et me font juste littéralement mourir et revivre. Le second instrumental « Turn to Dust » introduit un autre morceau taillé pour la scène. « Vengeance is Mine » est un condensé entre la terre et le ciel: je vous laisse vous imaginer comme Mad Max au volant de son Interceptor faisant la course avec des flibustiers sur les couplets, et les refrains représentant des parties épiques où le ralentis au tapping permet d'imaginer un planage dans les règles. Vous saisissez l'image?
« Secrets » commence à la manière de « Anthem » sur Anthems of Rebellion, et contient quelques passages intéressant, mais malheureusement la dernière piste de cet album reste très dispensable à mon sens.
Globalement le CD de reprises est une manière « Death Metal » de voir les morceaux (ce qui est et peut sembler tout à fait logique à dire vrai...), et sert vraiment plus d'hommage aux groupes repris qu'une volonté de modifier les chansons pour se les approprier d'une manière plus personnelle. Néanmoins les versions d'Arch Enemy ont le mérite d'avoir un son très propre et très actuel. La quatrième des quatre Reprises « The Book of Heavy Metal » a cependant et manifestement vraiment une tournure beaucoup plus imposante que la version de Dream Evil déjà très puissante de base, ce qui laisse donc vraiment apparaître un brin d'appropriation.
Pour conclure cette chronique de ce qui était et reste toujours mon groupe culte, il faut retenir que l'album est composé de deux parties: la première plus Heavy Death, et la seconde vraiment plus puissante à la manière de leurs précédents méfaits artistiques. Alors certes il faudrait être idiot pour dire qu'Arch Enemy choisit le meilleur chemin pour évoluer, il y aura toujours des auditeurs déçus, mais ça reste très très bon, et ce même si les fans de la première peuvent perdre de leur envie. Arch Enemy change avec le temps et ce de manière progressive, mais propose toujours des albums de qualité grâce à ce son qu'il leur est désormais propre, et me rappelle toujours que ce que je préfère dans les groupes de Death Mélodique, c'est la violence!
Je vous conseille aussi d'acheter l'édition deluxe double CD, elle ne coûte qu'une vingtaine d'euros et est vraiment belle par rapport à un bête boitier cristal, un bel objet de collection en somme. 2011-07-13 23:17:45
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