ARCH ENEMY
KHAOS LEGIONS (Album)
2011, Century Media




MetalAngel : 15/20
Les suédois d'Arch Enemy ne font décidément pas les choses à moitié. A peine deux ans après un très bon 'The Root of All Evil' (avec entre-temps la sortie d’un best-of – ‘Manifesto of Arch Enemy’ – et une compilation des trois premiers albums réenregistrés avec Angela – ‘The Root of All Evil’), le groupe nous revient avec une véritable bombe de heavy death mélodique intitulée 'Khaos Legions', bien plus directe et puissante que ses illustres prédécesseurs. En effet, ce nouvel opus est un poil plus sombre et mélancolique, bien qu'une certaine luminosité en ressort ponctuellement et illumine l'ensemble avec une touche d'espoir. Cela allège judicieusement l'atmosphère pesante qui aurait pu se dégager d'un album enregistré dans ce style de métal, parfois trop dans la surenchère.

L'album s'ouvre sur une introduction à la fois mélodique et oppressante ("Khaos Ouverture"), annonçant d'emblée la couleur. Arch Enemy n'est pas là pour nous endormir avec des contines, du genre de celles que l'on peut entendre dans une série anesthésiante telle que La Petite Maison Dans La Prairie, mais bien pour nous mettre des claques à l'aide de compositions acérées et efficaces, quoiqu'un petit peu dénuées d'originalité. Malgré l'impression de déjà entendu (c’est le tout petit défaut de cette rondelle), les titres qui suivent sont des brûlots ("Yesterday Is Dead And Gone", "Bloodstained Cross") qui passeront sans mal l'épreuve de la scène, vu leur très grande qualité. On peut, sans crainte de représailles, dire qu'il s'agit d'une véritable déclaration de guerre. Le groupe souhaite peut-être enrôler son public dans un combat pour notre musique préférée, afin de démontrer au monde sa très grande richesse et soulever les masses pour les inciter à ouvrir les yeux sur la situation actuelle qui règne sur la planète...Qui sait ? Les autres titres, principalement "City Of The Dead", "Cruelty Without Beauty", "Cult Of Chaos" ou "The Zoo", sont dans la droite lignée des "We Will Rise", "Nemesis" ou "The Last Enemy", agressifs et mélodiques en diable, portés par la voix ténébreuse de la belle Angela Gossow. Toujours aussi "couillue", la vocaliste n'hésite pas à nous asséner des coups de massue à travers son organe vocal extraordinairement puissant, qui ferait presque passer ses homologues masculins, qui évoluent également dans un registre guttural, pour des eunuques, c’est dire...

L'album suit son cours sans encombre avec hargne et colère pour se terminer par une chanson acoustique et instrumentale (la troisième, après "We Are A Godless Entity" et "Turn To Dust" !) qui, dans une farandole de notes apaisantes, nous permet de souffler enfin, après le déluge électrique que le quintet nous a concocté. Un bien beau final qui nous donne déjà envie d'écouter le prochain opus des frères Amott et cie. 2011 est décidément l'année du métal et ce ‘Khaos Legions’ vaut vraiment la dépense. N’hésitez pas à faire un petit détour chez le disquaire après le bureau. Votre banquier vous en voudra, mais vous, vous en ressortirez ravis. Et c’est ce qui compte ! ;)


2011-06-10 18:10:50


Naiwan : 13/20
Il existe dans la carrière de certains groupes, une volonté de différenciation, un changement, voire parfois même une prise de risque avec une nouvelle direction artistique. A l'instar de nombreux d'entre eux, Arch Enemy pilier fondamental de la scène Death Mélodique suédoise entre In Flames, Opeth, et d'autres encore a sauté le pas à plusieurs reprises dans sa discographie, mais néanmoins restait dans un genre proche de ses racines.

Sur Khaos Legions, nouvel et huitième véritable album studio du combo suédois qui profère sa violence mélodique depuis 1996 à coup de solis dantesques et de double grosses caisses martelées, apparaît comme un tournant dans le parcours de l'ennemi juré. Souvenez vous: quelques années auparavant, Rise of the Tyrant annonçait la suite de Doomsday Machine en promettant des titres plus violents et plus travaillés et après des chansons comme « In This Shallow Grave » qui ont marqué mon esprit de par leur efficacité et leur brutalité, et des hymnes comme « Blood on your hands » ou « Rise of the Tyrant », je m'attendais à quelque chose d'encore plus poussé, quelque chose de plus marquant dans la veine destructrice de la machine qu'est Arch Enemy.
Et bien sur après avoir écouté « Yesterday Is Dead and Gone » et vu son clip que les amateurs de mèche devant les yeux fans de bob l'éponge auraient pu prendre comme un véritable hommage à leur « mouvement », je sentais que c'était mal parti pour ce groupe qui m'a émerveillé avec des albums aussi épiques que Burning Bridges et transcendé par la voix d'Angela sur Wages of Sin ou Anthems of Rebellion.

Là où je pensais noir, il s'est révélé qu'en réalité je n'avais pas bien compris la véritable visée du groupe cette fois-ci. Après m'être procuré la superbe édition deluxe avec le cd de reprises et avoir juste bavé sur l'objet, je me suis mis à écouter ce Khaos Legions avec plus d'attention.
Mes premières écoutes passées et les premiers à priori moins présents, je découvrais ce que je n'avais pas aperçu dès le départ: Arch Enemy a évolué vers quelque chose de différent par rapport à leur style que je jugeais actuel, à savoir le Death bien bourrin et ses nombreuses envolées guitaristiques.
L'album peut aisément se séparer en deux parties. Sur les six premiers titres de la galette, il est évident que les influences heavy ont pris le dessus. Le climax de ce tournant s'entend sur un « No Gods, No Masters » qui, sans la voix d'Angela aurait très bien pu me faire penser à un groupe de la triade allemande du Heavy. Les riffs sont lourds, mais très mélodiques, la batterie peut être considérée comme simpliste au vu de ce que Daniel Erlandsson pourrait proposer, mais tout cela n'enlève rien à la cohésion des morceaux. Bien que tout au long de l'album ce genre Heavy Death reste assez présent (les voix suraiguës typées qu'on entend sur « Through The Eyes of The Raven », de nombreux riffs par-ci par-là...), on entend un changement net à partir de la sixième piste.

La violence refait surface, les riffs efficaces et la double font leur rentrée des classes et proposent des titres vraiment plus poussés et destructeurs. En écoutant « Cruelty Without Beauty », j'ai ressenti un choc sans nom du fait de la violence, de l'intensité du morceau et qu'il est apparu à mes oreilles après la première écoute comme la meilleure chanson qu'ils aient composé depuis l'énormissime « Ravenous ». Violence, blast beats, guitares extraordinairement présentes et efficaces, c'est LE titre de l'album à mes yeux. L'interlude instrumental « We Are a Godless Entity » précède un « Cult of Chaos » dont l'intro à la « Nemesis » et le rythme soutenu incite au mouvement, en somme un titre entièrement construit et composé pour le live, sans concession dans la puissance, avec un de ces refrains dont les paroles seraient scandées par la foule qui viendrait les voir. Sur cette seconde partie de l'album, je récupère au double mes espérances et ravale mes déceptions tant elle paraissent inutiles. Le son que dégagent les musiciens me ramène huit ans en arrière, et me font juste littéralement mourir et revivre. Le second instrumental « Turn to Dust » introduit un autre morceau taillé pour la scène. « Vengeance is Mine » est un condensé entre la terre et le ciel: je vous laisse vous imaginer comme Mad Max au volant de son Interceptor faisant la course avec des flibustiers sur les couplets, et les refrains représentant des parties épiques où le ralentis au tapping permet d'imaginer un planage dans les règles. Vous saisissez l'image?
« Secrets » commence à la manière de « Anthem » sur Anthems of Rebellion, et contient quelques passages intéressant, mais malheureusement la dernière piste de cet album reste très dispensable à mon sens.

Globalement le CD de reprises est une manière « Death Metal » de voir les morceaux (ce qui est et peut sembler tout à fait logique à dire vrai...), et sert vraiment plus d'hommage aux groupes repris qu'une volonté de modifier les chansons pour se les approprier d'une manière plus personnelle. Néanmoins les versions d'Arch Enemy ont le mérite d'avoir un son très propre et très actuel. La quatrième des quatre Reprises « The Book of Heavy Metal » a cependant et manifestement vraiment une tournure beaucoup plus imposante que la version de Dream Evil déjà très puissante de base, ce qui laisse donc vraiment apparaître un brin d'appropriation.

Pour conclure cette chronique de ce qui était et reste toujours mon groupe culte, il faut retenir que l'album est composé de deux parties: la première plus Heavy Death, et la seconde vraiment plus puissante à la manière de leurs précédents méfaits artistiques. Alors certes il faudrait être idiot pour dire qu'Arch Enemy choisit le meilleur chemin pour évoluer, il y aura toujours des auditeurs déçus, mais ça reste très très bon, et ce même si les fans de la première peuvent perdre de leur envie. Arch Enemy change avec le temps et ce de manière progressive, mais propose toujours des albums de qualité grâce à ce son qu'il leur est désormais propre, et me rappelle toujours que ce que je préfère dans les groupes de Death Mélodique, c'est la violence!
Je vous conseille aussi d'acheter l'édition deluxe double CD, elle ne coûte qu'une vingtaine d'euros et est vraiment belle par rapport à un bête boitier cristal, un bel objet de collection en somme.

2011-07-13 23:17:45


DirtInfestedMind : 12/20
L'attente aura été longue pour les fans d'Arch Enemy : après un magistral Doomsday Machine en 2005, puis un fade Rise of the Tyrants en 2007, lui même bien rattrapé par un DVD Live sorti un an plus tard, Tyrants of the Rising Sun, le groupe avait à peine réussi à contenter ses aficionados en livrant en 2009 The Root of All Evil, un album ne contenant que des chansons rééditées des 3 premiers albums. Si l'idée pouvait paraître originale pour ceux qui pensent qu'AE a gagné au change en remplaçant Johan Liiva par Angela Gossow au chant, le son beaucoup trop épuré en avait désarçonné plus d'un. Mes trépignements d'impatience avaient donc commencé après l'annonce de leur entrée en studio, puis avaient redoublé après la pré-diffusion de 2 morceaux, Yesterday is Dead and Gone et Bloodstained Cross, et l'annonce de la production par Rickard Bengtsson qui s'était occupé de Doomsday Machine; c'est donc avec une joie digne d'un enfant à noël que, le 30 mai, j'entamais une une longue série d'écoutes de ce nouvel opus : Khaos Legion.

On débute avec une intro mélodique comme les frère Amott savent si bien les pondre. Mais celle ci s'étale en longueur; serait-ce l'intro d'une chanson entière, façon Enemy Within?. On commence à y penser, quand soudain, tout s'arrête, (trop) brusquement. Une voix (quasi-inaudible) clôture cette piste, puis commencent vraiment les hostilités avec un des 2 morceaux qui avaient été diffusés à l'avance : Yesterday is dead and gone.
Mid tempo, son mixé comme il faut (on reconnait la patte d'Andy Sneap, qui réalise ici un travail bien plus digeste que sur The Root of All Evil) hormis un son de basse légèrement absent par moments, des soli mélodiques efficaces qui ne passent pas pour de la branlette de manche, : pas du surprise, c'est du AE comme on l'aime, dans la lignée d'un Anthems of Rebellion, qui parvient (presque) à nous faire oublier le WTF !!! qu'on a poussé sur l'intro. Un bémol cependant : la voix d'Angela qui est surchargée par moments.
On enchaine sur la deuxième chanson pré-diffusée : Bloodstained Cross. Et là, on commence à se poser des questions : qu'est-ce que cette impression de déjà entendu? D'où leur vient cette manie qui les pousse, depuis Rise of the Tyrants à caler en 3ème position d'album une chanson dont la structure est parfaitement identique à celle de Nemesis? Un bon point cependant, Bloodstained Cross parvient à ne pas être écœurante comme l'était In this Shalow Grave, sur RotT, et après plusieurs écoutes, on arrive à lui discerner une identité propre.

Et après...c'est tout. On retiendra le morceau suivant, Under Black Flags we March qui tient la route, avec un début basse/batterie intéressant, un tempo relativement lent qui ne casse pas le rythme de l'album et un solo qui, bien que prévisible, n'en reste pas moins énorme; ou encore Thorns in my Flesh, dont l'intro death-trash précède toute une partie mélodique envoutante.
On retiendra aussi des bonnes idées pas assez exploitées, comme We are a Godless Entity, qui aurait pu constituer un morceau magnifique, mais qui se retrouve reléguée au rang d'instrumentale de mid-album.
On retiendra également le travail basse/batterie qui permet à Cruelty without Beauty et Cult of Chaos de sortir du lot, mais qui ne sauvera pas de l'inutilité des morceaux tels que No Gods, No Masters.

Pour le reste, la voix d'Angela est toujours très bien intégrée au reste, le jeu de basse de Sharlee D'Angelo complète bien les compositions pour peu que l'on y prête une oreille attentive et Daniel Erlandsson est toujours impressionnant derrière les futs (chose nouvelle dans AE : il blast !).

Deux mentions spéciales sont à décerner :
- à l'outro acoustique de Through the Eyes of a Raven, aussi à sa place sur cet album qu'un compteur Geiger dans les pattes d'un ragondin;
- à Vengeance is Mine. "Hey, mais il est vachement bien ce morceau". Ba oui, la moitié des plans, c'est pompé sur d'anciens morceaux (si si, réécoutez bien le solo en taping de Dead bury their Dead).

Depuis 3 albums, on tourne en rond. Khaos Legions souffre énormément de la comparaison avec les précédents albums et, bien qu'étant un bon album de Death mélodique, est décevant pour du Arch Enemy. Le génie des frères Amott aurait atteint sa limite? J'ai personnellement du mal à y croire, tant mon adoration pour ce groupe n'a pas perdu de sa verve. Mais force m'est d'avouer que sur tout ce que je peux ressentir, c'est la déception qui prime, et qu'une ou 2 années d'attente supplémentaire auraient été préférables à la livraison de galette bi-annuelle qui caractérise le groupe depuis 1999.

2011-06-22 19:46:24


DeathScorpius
Arch Enemy nous revient en force 4 ans après la sortie de Rise of the Tyrant, avec ce fabuleux Khaos Legions. On quitte ces sonorités expérimentales et électroniques présentes sur Anthems et Doomsday pour se rapprocher des sources, c’est à dire des riffs efficaces mêlés aux mélodies envoûtantes et inoubliables de Michael, avec un soupçon d’innovation. Un nouvel opus ingénieusement structuré, car les morceaux s’encastrent parfaitement, altérant les morceaux plus mélodiques avec des compositions plus rapides et plus violentes. On remarque que le groupe ne se défait pas de ses morceaux instrumentaux avec Turn to Dust, ainsi qu’une version acoustique de Snow Bound, pour les nostalgiques. L’album commence avec une intro sympa (une première pour le groupe), puis s’ouvre sur le déjà connu Yesterday Is Dead and Gone, un morceau digne des premiers albums, à l’image de Sinister Mephisto. Des riffs tant à couper des carotides qu’à transporter dans les espaces intersidéraux, avec un refrain digne d’un hymne au soulèvement. On retiendra aussi No Gods, No Masters, une pièce digne des grands classiques du groupe, plutôt lent et très mélodique, mais qui a tout son charme. Parmi les chefs d’œuvre de violence, on nous propose Bloodstained Cross, quoi qu’avec un refrain plus lent et mélodique, et manquant un peut de puissance, puisqu’uniquement joué sur les toms. Nous découvrons avec plaisir le retour de blast beats avec des morceaux comme Cruelty Without Beauty et Cult of Chaos, qui apportent une touche de brutalité à l’album.

Puis encore un excellent Vengeance Is Mine, avec des riffs hargneux dignes de Slayer. Dans les titres "polyvalents", nous avons aussi Under Black Flags We March, Thorns in My Flesh et Secrets, qui exploitent les diverses qualités musicales du groupe, tant sur l’aspect technique, mélodique et de riffs tranchants. Au niveau des instruments, aucun n’est mangé par les autres, la basse est bel et bien présente, la batterie ne mange pas de basses fréquences, et l’on notera aussi la diminution non négligeable d’effets sur la voix d’Angela. Un mixage parfait, selon moi. Personnellement, je ne vois aucun titre qui n’est pas à la hauteur de cet album. Les frères Amott nous prouvent ainsi avec cet album – qui, en passant, n’a absolument rien à envier aux précédents – qu’ils ont encore des riffs à revendre.

2011-06-17 01:51:05