HELL (UK)
HUMAN REMAINS (Album)
2011, Nuclear Blast




=XGV= : 17/20
Bon sang, la NWOBHM, ça remonte à loin, n’est-ce pas ? Mais qu’est-ce que c’était bon ! Les Iron Maiden, les Saxon, les Angel Witch sont autant de groupes incontournables et très influents. Mais évidemment, en cette période d’effervescence métallique, il était bien dur de percer et beaucoup de groupes n’ont jamais dépassé le stade du premier album, voir même de la démo. Hell est l’un de ces groupes. Formé au tout début des années 80, le groupe n’eut pas la chance de réussir à se faire entendre et ses membres durent se résigner, en 1987, après plusieurs années d’échec, à renoncer. Quelques mois plus tard, le suicide du chanteur-guitariste David G. Halliday sembla mettre fin à tout leurs espoirs de réussir une grande carrière. Mais le destin allait pour une fois être clément. Quand Hell jouait ses concerts, ils avaient remarqué un jeune garçon qui était toujours là, au premier rang. Le fait est que celui-ci, depuis lors était devenu producteur. Par un concours de circonstances digne des Feux de l’Amour, Kev Bower, second guitariste du groupe reprit contact avec ce personnage il y a quelques années. Et ainsi, des dizaines d’années après sa séparation, le groupe allait se reformer et enfin sortir son premier album !
Voilà pour la petite histoire. Ainsi donc, le groupe a pu réenregistrer des chansons qu’il avait composé il y a bien longtemps… Et franchement, ça valait la peine !

C’est simple, avec Human Remains, Hell nous a sorti un album d’enfer ! Une tuerie Heavy, traditionnelle à mort, mais qui n’a pas pris une ride, notamment grâce au travail à la production, qui est moderne, propre, mais pas synthétique pour un sous. Musicalement, ça ressemble à quoi ? Face à l’imagerie et l’ambiance satanique, on ne peut s’empêcher de penser à Mercyful Fate, bien entendu, mais il serait mensonger de cantonner Hell à cette simple définition car le groupe a vraiment son son, son atmosphère et ça, c’est important de le noter.

On passera donc par bien des types de chansons, tous mieux maîtrisés les uns que les autres. Après une intro qui pourrait faire croire à un album symphonique, le riff d’ouverture de On Earth as it is in Hell, rapide, extrêmement entraînant nous détrompe et nous envoi en pleine gueule un morceau qui aurait pu devenir un classique intemporel s’il était sorti à l’époque. Tout y est : les riffs, les solos qui déboîtent, un refrain inoubliable, mais pas simpliste… Mais le groupe sait aussi prendre son temps et composer des titres plus développés, comme en témoigne par exemple le terrible The Devil’s Deadly Weapon, plus construit, épique et franchement excellent aussi. Mention spéciale aux claviers sur cette chanson, dont les sonorités nous ramènent 30 ans en arrière et le tout sans faire tâche ! C’est ça, le boulot d’un bon producteur et d’un bon groupe. En résumé, la monotonie n’a pas sa place ici et chaque chanson est une petite perle de tradition.
Quant au chant, il est parfait sur toute la ligne. Le remplaçant de David G. Halliday, David Bower a une voix belle et/ou puissante quand il le faut. Une voix typique du Heavy traditionnel, qui fait toujours plaisir à entendre et qui donne encore plus de saveur aux compositions.

J’en vois déjà râler et dire que ça n’a plus le charme que les démos avaient, la prod est trop synthétique, on veut du cru, on veut du cradingue ! Héhé, bien essayé, mais il faudra trouver mieux pour tacler cet album. Si vous préférez un son de moindre qualité, si les sonorités modernes vous donnent des boutons, vous n’avez qu’à vous prendre la version deux CD (la seule à ma connaissance). Car Nuclear Blast et le groupe ne se sont pas foutus de nous au niveau du packaging. On passera rapidement sur la pochette, certes cliché, mais tellement belle et on parlera du contenu. En plus du disque enregistré récemment, si vous avez l'édition deux CD guère plus chère que la version un disque, il y en a un deuxième, en noir, sur lequel vous pourrez retrouver les versions démo des titres de Human Remains, dans le même ordre que sur l’album normal. Et ici, le son est bien différent ! Le groupe avait peu de moyens et ça s’entend ! Mais beaucoup prendront beaucoup de plaisir à étudier les différences entre les deux versions. Qui plus est, vous aurez du coup droit au chant de David G. Halliday (et pas David Hallyday, haha), moins travaillé, mais plus spontané que celui de David Bower.
Deux styles, deux disques, tout le monde est content !

Résultat des courses : Hell frappe très fort en cette année 2011, avec un Human Remains qui aurait dû sortir dans les années 80 car il y a fort à parier que le groupe aurait marqué son époque, par son talent véritable, injustement passé sous silence. Combien d’autres groupes talentueux nous sont passés comme ça sous le nez ? Je n’ose même pas y penser. En tout cas, le cap du premier album franchi, Hell devra cette fois faire face à un autre défi : David G. Halliday était un des principaux compositeurs de la formation, comment vont-ils réussir sans lui et des années après à nous sortir une deuxième tuerie ? Seul le temps nous le dira.

2011-06-04 10:38:56


MetalAngel : 17/20
La NWOBHM ou New Wave Of British Heavy Metal est un style qui a eu un impact important sur toutes les formations actuelles, tous styles confondus. Il n’y a pas un seul musicien qui ne cite dans ses influences des monuments vivants tels que Iron Maiden, Saxon ou Girlschool, pour ne parler que des principaux. D’autres combos, plus ou moins obscurs, sont nés à peu près à la même période que les groupes ci-dessus. La différence avec les premiers, c’est que ces derniers sont restés dans l’anonymat jusqu’à aujourd’hui, ne sortant entre-temps que des démos ou des bootlegs, avant d’enregistrer un véritable album.

Les britanniques de Hell, combo formé des cendres de Rage Against Time et Paralex, sortent cette année leur premier enregistrement studio depuis des lustres. Leur démo la plus récente date, en effet, de 1986 ! 25 ans sont passés et de nombreux événements ont émaillé la vie de la formation : le suicide du chanteur Dave G. Halliday en 1987, tout d’abord, un changement de line-up (le départ du guitariste Sean Kelly) et les side-projects des autres membres. Autant dire que l’existence du groupe anglais n’a pas été de tout repos et que l’écoulement de l’eau sous les ponts lui a été réellement bénéfique, puisque ‘Human Remains’ est une véritable décharge électrique, une énorme claque ! Certes, la plupart des morceaux présents sur cet opus d’enfer (c’est le cas de le dire !) sont issus pêle-mêle des quatre démos, mais remis au goût du jour avec une production digne de ce nom, ils prennent une nouvelle dimension et gagnent littéralement en puissance.

Chaque composition est dotée d’une atmosphère propre et représente l’essence même du heavy métal à la sauce britannique. Aucun titre n’est à jeter, il n’y a aucun remplissage. Débutant de manière pompeuse par une introduction symphonique chantée, ‘Human Remains’ est un concentré de rage et d’énergie. Il n’y a qu’à jeter une oreille attentive sur des hits comme « On Earth As It Is In Hell », « The Oppressors » ou « Let Battle Commence » pour se rendre compte du génie du regretté David G. Halliday, alors principal auteur/compositeur. L’élément le plus intéressant qui se dégage de l’ensemble des morceaux est sans aucun doute une touche de folie bienvenue, parfaitement en accord avec le sujet traité ici : la lutte entre le Bien et le Mal, la domination de l’esprit de l’Homme par le Malin et sa ruine…tel est en tous cas la signification simultanée du titre et de l’artwork de l’album : ‘Human Remains’ ou « débris d’humain ».

La version limitée du disque est constitué des 11 titres de la version remasterisée des titres avec la voix de Martin Walkyier qui, soit-dit en passant est un excellentissime chanteur, capable de naviguer avec une extraordinaire aisance entre notes graves et aigües, et des mêmes chansons sur un second disque, cette fois en version démo, ce qui permet d’apprécier la différence notable entre les aptitudes vocales des deux frontmen. La technique de Martin est irréprochable, tandis que la voix de David est emplie d’une plus grande chaleur. Par ailleurs, cette double-offrande nous permet également d’observer l’évolution entre le son faiblard et crade des débuts et l’actuel, plus clair et plus dynamique. Le fait qu’Andy Sneap soit membre permanent de la formation (en remplacement de Halliday à la gratte) y est pour beaucoup, car il est aussi producteur de cet album.

Musicalement, on peut oser la comparaison avec Mercyful Fate, Judas Priest, Iron Maiden et, plus bizarre, Dream Theater pour le côté barré et progressif, comme sur ‘Train Of Thoughts’. La durée moyenne des compos est de 5 minutes, mais la présence de quatre titres épiques (« Blasphemy And The Master », « The Devil’s Deadly Weapon », « MacBeth », « No Martyr’s Cage ») démontre tout le talent des musiciens, peut-être plus que les autres morceaux. La versatilité dont font preuve les zicos au sein même de chaque chanson est la preuve de la touche de folie dont je parlais précédemment. L’alternance de parties lourdes ou plus légères permet d’apercevoir clairement le haut niveau d’interprétation. Le jeu est aussi précis qu’une montre suisse. Il n’est, par conséquent, pas étonnant que la question qui tue s’impose, alors, dans notre esprit : quelle aurait été la carrière du groupe si celui-ci avait sorti ce chef d’œuvre quelques décennies auparavant ? La réponse est sans équivoque : ce ‘Human Remains’ aurait carrément été classé parmi les albums fondateurs de la scène metal européenne et aurait eu sa place aux côtés des ‘The Number Of The Beast’, ‘British Steel’ et ‘Heaven And Hell’. Autant dire que Hell aurait pu aisément acquérir une place dans le peloton de tête des formations les plus importantes de la NWOBHM, en particulier, et du métal, en général. D’ailleurs, l’entrée directe de ce disque dans le Top 50 allemand à la 46ème place prouve mes dires.

Vu le peu de moyens financiers du groupe à l’époque et les problèmes qui ont stoppé son évolution, il apparaît normal que la sortie de ce premier véritable album ait été repoussé à aujourd’hui. Et ce n’est pas un mal, bien au contraire car avec ce ‘Humain Remains’, Hell a réussi un vrai tour de force : donner une énorme dose de frissons et de bonheur à l’auditeur en ressuscitant un métal old-school teinté de modernité. Ce n’est pas donné à tout le monde. Hell est l’un des meilleurs groupes ayant jamais vu le jour et son début-album n’aurait pu être ni plus ni moins qu’une des pierres angulaires de la NWOBHM s'il était sorti à l'époque, à découvrir, si vous ne l’avez déjà pas fait, et à posséder absolument dans sa discothèque si vous ne voulez pas finir au Purgatoire pour blasphème !! A noter dans vos agendas, le quintet sera en tournée sur les terres d’Albion en ce mois de septembre, puis, en décembre, fera un tour du côté de la Germanie. En fin de compte, Hell ain’t a bad place, Hell is from here to Eternity, isn’t it?

2011-09-09 21:21:36


dark_omens : 15/20
Hell est une formation anglaise, née en 1982. Fondé sur les ruines de Race Against The Time et de Paralex, dont la musique, dit-on, aurait indirectement influencé nombres de groupes extrêmes et, ou, occultes (notamment Metallica), ces Britanniques pratiquent alors une musique qui d'emblée s'inscrira dans la mouvance New Wave Of British Heavy Metal. Après plusieurs productions diversement accueillies et faisant fi de l'odieuse indifférence dont la presse fit preuve à son égard, c'est finalement en 1986 que le groupe finira tout de même par signer un contrat important sur le label Mausoleum. Malheureusement ce dernier fait rapidement faillite et l'opus qui devait voir le jour sera alors enterré. L'année 1987 sera la plus terrible pour le groupe puisqu'elle scellera irréparablement son devenir en anéantissant toutes les certitudes de ses membres après le drame affreux qu'ils vécurent ensemble. David Halliday préférera, en effet, quitter ce monde sans se retourner. L'artiste, en mettant fin à ses jours, mettra aussi un terme à Hell.

Plus de 20 longues années après, les derniers musiciens originels du groupe, Kev Bower à la guitare, Tony Speakman à la basse et Tim Bowler à la batterie, décident qu'il est temps de briser cet interminable silence. Ils prennent donc contact le producteur et guitariste Andy Sneap (Sabbat, Godsend) dont on sait qu'adolescent il fut un adepte fanatique de Hell et dont on sait également qu'il prit des cours avec le défunt David Halliday. Ils contactent également Martin Walkyier (Ex-Skyclad, Sabbat) qui finalement sera remplacé par l'acteur et chanteur David Bower (plus connus sous le nom de David Beckford) pour être la voix de ce nouvel épisode. Ensemble ils ont dans l'idée de réenregistrer quelques-uns de leurs anciens morceaux ainsi que quelques vieilles démos.

En procédant de la sorte, et aussi surprenante que la démarche puisse paraître, Hell reprend donc musicalement les rennes de cette aventure, tragiquement interrompu en 1987, presque exactement où ils les avaient abandonnés alors. Bien évidemment, le temps aura passé, et de nombreux groupes auront suffisamment révolutionné cette musique pour que ce genre de procédé ne puisse pas être totalement aboutis sans la prise en compte de ces divers bouleversements profonds. Sortir un album de Heavy Metal fait de chansons composées plusieurs décennies auparavant sans intégrer les nouveaux paramètres enfantés par ces décades révolues, serait effectivement très périlleux. Il va sans dire que si quiconque voudra prêter, éventuellement, à ces musiciens une volonté aussi étourdie, personne ne le pourra à l'égard d'un producteur tels que Andy Sneap. Car lui sait assurément ce qu'il ne faut pas faire.


En digne héritier de cette vison passéiste estampillé NWOBHM, Hell pratique donc un Heavy Metal ambitieux dans lequel il ne sera pas aisé de s'immerger sans un effort consenti. Toutefois le plaisir éprouvé après cet apprivoisement n'en sera que plus intense. Car au cœur noir de cette œuvre ténébreuse, en ces titres revisités par Hell, se retrouvent toutes les délicieuses caractéristiques de ce Heavy d'autrefois orné d'éléments propres à la mouvance contemporaine. Occulte et tragique, puissant et éloquent, ainsi cette musique nous entraîne en des dédales sombres, à la lisibilité parfois complexe (On Earth as it Is in Hell, Plague and Fire, The Oppressors, ou encore, par exemple, Macbeth), jamais ennuyeux. Si ces morceaux pourtant séduisants peuvent parfois égarer l'auditeur, de par leur complexité toute relative et leurs longueurs, d'autres apparaîtront comme nettement plus immédiatement accessible (Blasphemy and the Master, Let Battle Commence, The Devils Deadly Weapon mais aussi, par exemple, The Quest).

Fort des talents de musiciens aguerris, Hell nous propose donc de faire le lien entre un passé révolu et un présent très actuel, et ce dans l'expression d'une musique à la fois théâtral, à la fois énergique, à la fois inspiré et à la fois séduisante. Un parfait mélange entre une musique passéiste et une autre aux aspirations plus contemporaines, à l'écoute de laquelle des noms aussi variés que ceux de King Diamond, Judas Priest et bien évidemment Mercyful Fate viennent subrepticement se rappeler à nos bons souvenirs.

2014-09-26 11:31:21