AS BLOOD RUNS BLACK
INSTINCT (Album)
2011, Mediaskare


1. Triumph 00:40
2. Legacy 03:34
3. Resist 03:00
4. Angel City Gamble 03:36
5. Reborn 03:11
6. Tribulations 01:47
7. Divided 03:02
8. King of Thieves 03:34
9. In Honor 03:05
10. Echos of an Era 04:02
11. Instinct 03:48

Total playing time 33:19


Arachnid : 15/20
On les croyait morts et enterrés, déchus. Mais personne n’a oublié les As Blood Runs Black, référence du deathcore ricain à l’âge d’or du genre qui, avec leur premier et alors unique album sorti il y a déjà cinq ans, avait bouleversé le monde du metal grâce à leur son détonant. Mélange de death mélo et de metalcore virulent aux breakdowns fracassants et aux riffs mélodiques entêtants, les Amerloques n’ont épargné personne. Les revoici donc cinq ans plus tard pour un second opus attendu au tournant par un nombre incalculable de fans.

Pourquoi tant d’attente au fait ? Parce que pour la petite histoire, le groupe a subi des déboires dignes d’un film de Terry Gilliam : changement de line-up incessant, problèmes intérieurs constants, tournées chaotiques et j’en passe… Bref, personne ne donnait cher d’As Blood Runs Black, la formation continuant pourtant de balancer des news et des sons sur leurs pages internet officielles… jusqu’en 2010 où la sortie de leur prochain album est annoncée pour l’année en cours. Intitulée City, la galette a un retard monstrueux et ne sort finalement qu’aujourd’hui avec presque un an de retard et un nouveau titre. L’attente valait-elle le coup ? OUI !

Les gaillards n’ont en effet rien perdu de leur riffing et de leur puissance sonore. Ils nous assènent donc d’un album à nouveau bourrin, mélodique et effréné, les chansons sonnant tout simplement comme du As Blood. On pourrait certes regretter ce manque évident d’audace pour ne pas dire d’originalité, le groupe ressortant le même type de riffs qu’à leurs débuts, faisant ce qu’ils savent faire de mieux et le faisant proprement, sans faux pli autour d’une production exemplaire. Enregistré on ne sait où (quand et quelle version de l’album ? Cela reste un mystère), Instinct a peut-être moins d’impact qu’Allegiance mais reste néanmoins tout aussi excellent. Même type de son, même type de riffs entrainants, même type de solos, même batterie au blast et à la double ravageurs, même structure avec intro mélodique, chansons courtes mais rentre-dedans et interlude musicale en plein milieu (ici la magnifique "Tribulations" composée au piano, à faire chialer un croque-mort).

La quasi-intégralité du line-up ayant été modifié, nous nous retrouvons donc avec comme membres d’origine le bassiste Nick Stewart et le batteur (qui-s’est-fait-viré-mais-qui-est-revenu) Leche De Santiago. Je vous épargnerai les autres membres qui n’ont fait qu’un petit aller-retour au sein du groupe et m’attarderai surtout sur le nouveau vocaliste Sonik Garcia (Fallen Figure), remplaçant haut la main ses prédécesseurs. Aussi puissant que Chris Blair, au timbre presque similaire, l’Américain envoie suffisamment de growls et de screams puissants pour dynamiser une musique au préalable enivrante, les saccades lourdissimes et autres riffs mélo à la The Black Dahlia Murder se mélangeant comme d’habitude à la perfection, en témoignent leur intro "Triumph", les fracassants "Echoes of an Era", "In Honor" (anciennement connue sur le net sous le titre "Air Force One") ou encore le single "Resist".

Au final, malgré une bonne répétition dans les chansons, une pochette que je trouve personnellement hideuse (rappelant encore une fois The Black Dahlia Murder avec leur fameuse pochette de Miasma) et un certain manque d’originalité, As Blood Runs Black balance toujours aussi bien la donne et nous offre d’excellentes chansons aux allers-retours mémorables (le refrain de "Divided" pour ne citer que lui), continuant sur sa lancée comme si rien ne s’était passé durant ces quelques quatre ans d’intervalle. Sans prendre un seul risque, As Blood Runs Black reviennent donc en force et livrent un opus certes classique mais rentre-dedans. Les fans du combo se régaleront de retrouver ce son typiquement ABRB qui leur avait manqué tandis que les « ex-deathcoreux » s’en iront écouter autre chose de moins surfait, de moins classique et de plus original. Dans tous les cas, Instinct fait valdinguer les têtes avec efficacité et c’est sûrement le plus important.

2011-04-15 02:41:58


The_Black_Doll
5 ans, il nous a fallu attendre 5 longues années pour revoir As Blood Runs Black, ce groupe qui nous avait offert en 2006 un «Alliegance» d’une splendeur incomparable. Avec autant de changements de line-up et surtout le départ de Ernie et de Sal, guitaristes talentueux, on aurait pu considérer le groupe comme d'ors et déjà mort, un nouvel album qui se fait attendre sans cesse repoussé et les deux seuls membres d’origine encore restant voyant un véritable défilé de nouvelles têtes, on avait de quoi être particulièrement sceptique quant à l’avenir du groupe.

Mais l’année 2010 dévoile un miracle, le groupe a (enfin!) réussi à trouver des membres permanents, Sonik Garcia (non non je ne rigole pas, c’est son vrai prénom) en tant que vocaliste, Dan Sugarman en tant que guitariste soliste, tout deux membres du groupe Fallen Figure, et Greg Kirkpatrick en tant que second guitariste.
Le changement a fait grand bruit au sein de la communauté de fans, beaucoup y voyaient comme la mort d’un ABRB au passé glorieux forgé par un combo puissant, d’autres y voyaient une nouvelle ère...
Que nous réserve donc «Instinct»? Au bout de 5 ans, les attentes se font très grandes alors c’est le moment de se lancer sans plus attendre.

Second grand choc (si on compte d’abord le premier provoqué par la nouvelle trogne du combo), la jaquette contraste violemment avec «Alliegance», qui était sombre et plutôt épurée, là ce sont des couleurs bien flashy oscillant entre le fluo et le super criard, la couleur dominante étant un bleu néon qui pique un peu aux yeux. C’est à se demander si on ne s’est pas plutôt trompé dans nos achats et qu’on a dégotté un album d’electro ou je ne sais quoi...
Bref, on ne va pas s’arrêter à ça pour autant...

«Triumph» ouvre le bal, ça sonne toujours autant mélodique, ce morceau d’intro très court (47 secondes) permet de partir du bon pied, on regrettera par contre un petit air de déjà vu...
Mais c’est lorsque «Legacy» entre en jeu qu'on commence à prendre une douche froide, entre les riffs de guitare qui fleurent fortement le réchauffé et des vocaux qui n’arrivent pas vraiment à convaincre, difficile de ne pas garder un goût amer, et ce dès le début et c’est pas ce qu'il y a de plus agréable... Seule la batterie toujours aussi virevoltante offre quand même un peu de plaisir, avec un Leche toujours aussi cinglé, cognant violemment derrière ses fûts.

Maintenant on va se concentrer sur un autre morceau qui retient l’attention. «Resist», qui était déjà écoutable en partie par le biais des enregistrements basse et batterie, est probablement la piste qui joue le plus dans le sentiment de recyclé, la structure est trop commune et le riffing sonne encore et toujours dans le déjà vu... Mais ce sont les paroles qui peuvent vraiment faire mal... Adieu les textes engagés et profonds du premier album et bonjour les paroles simplistes et utilisées tellement de fois que ça en devient sévèrement lassant, scandées par un Sonik Garcia qui peine à scotcher son auditeur, non pas que la puissance n’y est pas, au contraire il faut reconnaître qu’il y a du coffre, mais l’efficacité et la forme elle même des paroles ravagent violemment une musique qui pouvait tenir le coup.

Si la suite n’élève décidément pas le niveau, l’arrivée de «Tribulations» permet d’oublier pendant une minute l’amère déception après une attende incroyablement longue. Ce morceau s’installe comme «Pouring Reign», sauf que cette fois-ci c’est carrément du piano accompagné d’un lot de cordes, constituant une mélodique mélancolique et loin d’être déplaisante.

Mais bon, il faut quand même reprendre conscience que c’est le seul moment de répit au milieu de tout cet amas de déception, blindé de pré-mâché et de remâché, et «In Honor» (plus connu sous le nom de «Air Force One» lors du concours pour la recherche d’un nouveau vocaliste) confirme la règle. Encore une fois, on est littéralement sidéré par les paroles, aussi épais qu’un timbre poste et aussi solides que du bois rongé par les termites depuis des années.
Non sérieusement, il faudrait vraiment m’expliquer comment ressentir une rage qui se dégage de ces textes, «Alliegance» pouvait se targuer de bénéficier de textes réellement engagés et recherchés, mais «In Honor» représente à lui seul à quel point les textes ont virés au banal, même, à un assemblage de mots qui ne percutent absolument plus, affichant l’image d’un vocaliste qui essaie de forcer un coffre avec sa caboche en espérant que ça va marcher.
Et l’instru n’arrive toujours pas à décoller ce sentiment de réchauffé, s’appuyant sur une structure calquée à l’album précédent.

Se concluant par une dernière tentative de faire dans le nouveau, on n’est toujours pas pris au jeu tellement on en a assez de tourner en rond, d’avoir l’impression d’entendre et de ré-entendre les mêmes morceaux.
Si «Alliegance» impressionnait par sa fraîcheur,sa technicité et son efficacité, «Instinct» rate complètement la donne, servant à nouveau une recette qui ne fait plus son effet tellement la repompe est poussée. La frustration est intense, 5 longues années pour une galette qui ne fait absolument rien avancer... Et encore une fois, bordé de textes ridiculement simplistes qui ne peuvent pas convaincre, avec la prestation de Sonik Garcia aussi banale qu’énervante, des guitares certes toujours aussi mélodiques, mais qui n’apportent pas la moindre fraîcheur à un combo qui s’essouffle et qui a pris un très sévère coup dans l’aile, perdant de sa superbe et nous servant une musique qui a fait son temps depuis longtemps. Seul le batteur arrive à capter l’attention par une prestation efficace mais qui finit lui aussi par retomber comme un soufflé.

En somme, ABRB joue du ABRB tout en ayant du plomb dans les ailes. Académique au possible (et encore...), ce n’est pas avec cet album que le groupe va se renouveler et servir une musique détonante.
Douche froide, voire même glaciale donc pour ceux qui en attendaient énormément.

2011-04-20 16:17:20